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Le Journaliste et écrivain, Jean Daniel nous quitte à 99 ans

Un grand témoin du siècle s’en va

Avec son franc-parler stylé, ses élans du cœur et son accent camusien soigneusement entretenu, Jean Daniel disposait d’un immense avantage : il respirait le pays, reflétait son âme, ses espérances et ses dérisions méditerranéennes.

Fondateur de l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur, devenu l’Obs, et grande figure médiatico-littéraire de la gauche française, Jean Daniel est mort à 99 ans, « après une longue vie de passion, d’engagement et de création », selon le magazine. « Dernière figure du journalisme inspiré », dixit l’historien Pierre Nora, il aura traversé son époque en portant les combats de la gauche et, plus largement, de l’anticolonialisme.
Né le 21 juillet 1920 à Blida, en Algérie, dans une famille juive, Jean Daniel Bensaïd, qui aura comme nom de plume Jean Daniel, avait participé aux combats de la 2e guerre mondiale, dans les rangs de la prestigieuse 2e division blindée du général Leclerc, de 1943 à 1945, au sein de laquelle il y avait un grand nombre d’appelés algériens. Après des études de philosophie, à la Sorbonne, et un passage dans un cabinet gouvernemental, il commence sa carrière journalistique en 1947, créant Caliban, une revue culturelle, puis il publie, en 1952, son premier roman, L’Erreur, salué par Albert Camus dont il était proche.
Entré à l’hebdomadaire L’Express, dans les années 50, il est blessé en 1961 par des tirs de l’armée française, lors des manifestations contre la base militaire de Bizerte, en Tunisie, pendant un reportage. Aux manettes du Nouvel Obs, il deviendra alors une figure tutélaire, un parangon de l’intellectuel de gauche. S’ensuivront des rencontres avec Fidel Castro et John F. Kennedy. Son magazine défend l’anticolonialisme, publie en Une le manifeste des «343 salopes» pour l’avortement, soutient Mendès-France, Michel Rocard, puis Mitterrand, au prix, bien souvent, de relations compliquées, comme ce fut le cas avec Albert Camus, avec lequel il eut un désaccord sur la question algérienne, convaincu du droit du peuple algérien à son indépendance et condamnant l’usage de la torture.
Jean Daniel a toujours eu au cœur la passion de l’Algérie, sa terre natale, et cet attachement l’a accompagné, partout à travers le monde, nourrissant son « sens de l’événement » et son intérêt majeur pour la « question sociale ». L’ancien grand reporter qui avait connu plusieurs guerres, de la Libération à celle d’Algérie, faisait preuve d’une humilité profonde que seule diluait sa ferveur pour la décolonisation qui le verra encourager le dialogue entre la France et le FLN. Avec son franc-parler stylé, ses élans du cœur et son accent camusien soigneusement entretenu, Jean Daniel disposait d’un immense avantage : il respirait le pays, reflétait son âme, ses espérances et ses dérisions méditerranéennes. Non pas parce qu’il en portait l’empreinte, si naturellement et si farouchement, mais, aussi, parce que tout, en lui, disait son ancrage indélébile dans la terre algérienne.
Du conflit israélo-palestinien qu’il vivra comme un déchirement, à l’instar de nombreux juifs pacifistes, il dira «L’idée que les juifs pourraient bien s’être imposé un destin carcéral et qu’ils en auraient proposé l’impossible grandeur à l’humanité m’est venue, un jour, à Jérusalem.» Ce sont les premières lignes de son livre La Prison juive (Odile Jacob, 2003), une réflexion personnelle qu’il résume dans ce cri : «Je veux que l’on me laisse vivre mon judaïsme comme je l’entends. Je suis d’abord méditerranéen, ensuite français, ensuite juif. Ma composante juive passe après mon désir d’universalité.» Agnostique sans être cynique, il constatera aussi « que le conflit israélo-palestinien, prolongé par l’antagonisme judéo-arabe, est en voie de théologisation négative», et, tout en défendant « le droit d’Israël à la paix, il se montra fort résolu dans la défense des droits des Palestiniens». Proche du travailliste Shimon Peres, Jean Daniel fréquentait aussi Leïla Chahid, qui fut déléguée de l’Autorité palestinienne en France, et il signa un éditorial vibrant pour appeler à la «formation de deux Etats, l’un palestinien, l’autre israélien, qui coexisteront d’abord, coopéreront ensuite, fusionneront enfin. Cela deviendra une nécessité évidente le jour où les peuples en auront assez du malheur et de la mort». La situation au Proche-Orient, durant les dernières années, aura beaucoup affecté son optimisme, à ce sujet. 

Le président Tebboune rend hommage à un «ami de la révolution algérienne»
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a présenté ses condoléances à la famille du journaliste français, fondateur et directeur du magazine Le Nouvel Observateur, Jean Daniel, décédé mercredi, le qualifiant d’ «ami de la révolution algérienne». «J’ai appris avec tristesse le décès de Jean Daniel, journaliste, écrivain et fondateur de l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur et aussi ami de la Révolution algérienne», a écrit le président Tebboune sur son compte tweeter. «Je présente mes condoléances à la famille du défunt et aux médias français», a encore écrit le chef de l’Etat. Né le 21 juillet 1920 à Blida (Algérie), Jean Daniel, décédé mercredi soir à l’âge de 99 ans, jouit d’une longue et riche carrière dans la presse.
Il est également l’auteur de nombreux essais comme «Avec Camus : Comment résister à l’air du temps» (2006), «Comment peut-on être Français?» (2008), «Mitterrand l’insaisissable» (2016) ainsi que des récits autobiographiques comme «la Blessure» (1992) et «les Miens» (2009).

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