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Le Premier ministre marocain s’invite au G5 Sahel

Une présence suspecte

Le Maroc n’est ni membre du G5 Sahel ni concerné par les enjeux sécuritaires qui sous-tendent cette organisation.

Surprenante, la présence à la réunion du G5 Sahel, tenue hier et aujourd'hui, à N'Djamena (Tchad), avec la participation virtuelle du président français Emmanuel Macron, du Premier ministre marocain Saad Eddine El Othmani, délégué par Mohammed VI pour le représenter. Le Maroc n'est ni membre du G5 Sahel ni concerné par les enjeux sécuritaires qui sous-tendent cette organisation. La France engagée par François Hollande dans l'opération Barkhane pour lutter contre la montée du terrorisme au Mali et dans les pays voisins se découvre enlisée et prise au piège d'une aventure de plus en plus coûteuse. Des dizaines de soldats français ont payé le prix de cet engagement et rien ne permet de dire que la bataille sera remportée.
Après avoir mis ses partenaires face à leurs responsabilités (Tchad, Mauritanie, Niger, Mali, Burkina Faso), Paris cherche-t-il à jouer une nouvelle carte, faisant fi des équilibres existants et des risques d'une manoeuvre qui pourrait plus déstabiliser la région sahélo-maghrébine que contrecarrer la progression du terrorisme.
Mi-décembre, la Conférence Atlantic Dialogues a été organisée à Marrakech par le Policy Center for the new South qui a consacré l'essentiel de ses travaux à cet enjeu. Ce think tank marocain programme des «dialogues de haut niveau» entre l'Europe, les Etats-Unis et le «Global South», des pays qui partagent l'«espace atlantique», depuis l'Espagne et le Portugal jusqu'à l'Argentine, en passant par l'Afrique. On devine la finalité du discours et de la méthode. Profitant de la présence des invités occidentaux, le Maroc s'est dit fortement inquiet de cette progression du terrorisme dans les pays du Sahel. Elle représente, affirme Rabat, un sujet de préoccupation majeur, d'autant plus que, s'ils ciblent actuellement le nord- ouest du Burkina Faso, les groupes armés cherchent aussi à atteindre le Golfe de Guinée où ils voudraient établir la jonction avec les réseaux de trafiquants de cocaïne, venus d'Amérique centrale et visant le marché européen. On ne saurait mieux rouler son monde dans la farine, frelatée bien sûr. Car s'il y a bien un Etat qui est connu pour être le premier producteur mondial de cannabis, c'est précisément le Maroc et c'est lui qui cherche, y compris par les agressions armées, à s'ouvrir la voie vers l'Afrique de l'Ouest.
Pourquoi, dès lors, cette étonnante venue à N'Djamena et par qui a été lancée l'invitation? Nul besoin de chercher la réponse car la France pilote le G5 Sahel et c'est elle qui en détient toutes les clés. Auquel cas la présence du Maroc apparaît comme un choix et une position confirmée en faveur du royaume marocain et au détriment de l'Algérie qui mène, depuis de nombreuses années, un combat sans merci contre le terrorisme.
Acculé dans ses retranchements après l'agression de civils sahraouis à El Guerguerat, le royaume marocain tente, par tous les moyens, de faire valoir sa thèse d'une prétendue marocanité du Sahara occidental. Et l'occasion lui est offerte, avec une présence suspecte au G5 Sahel, pour dire sa «préoccupation» face à des groupes terroristes «qui ignorent les frontières et n'hésitent pas à déstabiliser toute la région, menaçant au Nord, la Mauritanie et le Maroc».
La démonstration est boiteuse et elle ne change rien à la réalité des droits du peuple sahraoui mais elle peut, si on n'y prend garde, affecter, réellement, la stabilité de toute la région et très au-delà...

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