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Une vision stratégique face aux tensions en méditerranée

Une urgence absolue pour l’Algérie

Le monde s'oriente dans le futur, 2020-2030-2040, inéluctablement vers une nouvelle gouvernance mondiale, la transition numérique et énergétique avec un nouveau modèle de consommation et le primat du savoir, imposant à nos dirigeants une vision stratégique à moyen et long terme. Dans ce cadre, je me félicite de la nomination du général-major en retraite Abdelaziz Medjahed à l'Institut national de stratégie globale, que j'ai connu lors d'une conférence que j'ai donnée à l'Académie interarmes de Cherchell au moment où il dirigeait cette importante institution de l'ANP et à l'Ecole nationale d'administration, faisant suite à la parution de mes ouvrages à l'Office des publications universitaires (Alger - OPU 2 tomes 500 pages), «L'Algérie face aux nouvelles mutations mondiales, réformes et démocratie», en espérant que d'autres institutions en berne depuis des années comme le Conseil national de l'énergie, le Conseil économique et social, la Cour des comptes, le Conseil national de la concurrence soient également réactivées.
Intensification de la radicalisation
En Méditerranée orientale, des enjeux importants se déroulent concernant la reconfiguration géopolitique de la région et dont les gisements de gaz ne sont que l'apparence, notamment les tensions entre la Grèce et la Turquie et en Libye qui ne peut être isolée de ces enjeux. Le contrôle de ces importants gisements influe sur la filière énergétique au niveau de la région, mais ayant un impact indirectement sur le prix de l'énergie et des parts de marché de l'Algérie en direction de l'Europe son principal client. L'avant-dernière édition de la revue El Djeïch de l'ANP (août 2020), a mis en relief que «l'évolution de la situation en Libye peut être source de défis et de menaces sur notre Sécurité nationale et que la sécurité de la Libye participe de la sécurité de l'Algérie». C'est que la Libye, porte de l'Europe et de l'Afrique, situation géographique stratégique, avec 42 milliards de barils de pétrole et entre 1 500/2 000 milliards de mètres cubes gazeux et d'autres richesses colossales, pour une population ne dépassant pas 7 millions d'habitants, suscite des convoitises et explique les tensions où s'affrontent par groupes interposés, les grandes et moyennes puissances, favorisant l'insécurité, et le terrorisme via différents trafics.
Selon différents experts militaires, trois facteurs permettent de comprendre les liens entre trafic et terrorisme au niveau de la région: -premièrement, l'existence de mouvements communautaires, ethniques et religieux, qui permettent une collaboration entre terroristes et criminels, sur la base de valeurs partagées et de confiance mutuelle; -deuxièmement, la survenance d'un conflit armé; -troisièmement, les contraintes qui jouent lors d'échanges transnationaux complexes de marchandises illégales; des échanges qui impliquent souvent d'autres parties intermédiaires et de certains segments de l'administration corruptibles. Ce qui complique davantage la situation, c'est la non-reconnaissance par les tribus libyennes du gouvernement qui n'est pas en mesure d'assurer la protection des frontières, devant impliquer les tribus dans les négociations, d'autant plus que ces dernières détiennent un lot d'armement important puisé dans les casernes de la défunte armée libyenne.
Le Sahel est également une zone de transit pour les passeurs. 50 à 60% de ceux qui traversent la Libye vers l'Europe passent par la région. Les événements récents ont souligné que la traversée de la Méditerranée peut se transformer en drame et qu'il est urgent que tout le monde coopère pour arrêter les flux migratoires: créer des centres d'accueil, donner des moyens à la police pour contrôler ces flux migratoires et créer les conditions pour le retour. C'est pourquoi il y a lieu d'accorder une attention particulière aux tensions au niveau de la ceinture sahélienne qui recouvre, entièrement ou en partie, les pays suivants: l'Algérie (à l'extrême Sud); le Sénégal; la Mauritanie (au Sud); le Mali; le Burkina Faso (au Nord); le Niger; le Nigeria (à l'extrême Nord); le Tchad (au Centre). Le Sahel est un espace sous-administré et souffrant d'une mauvaise gouvernance chronique. La vulnérabilité du Sahel découle d'une profonde vulnérabilité des Etats, accentuée par la pression démographique. Caractérisé par une forte croissance démographique (environ 3,1%), le Sahel devrait doubler sa population d'ici 25 ans, et compte plus de 100 millions d'habitants en 2020. Cette croissance affecte la sécurité humaine et, notamment alimentaire de la région dans son ensemble. À cela se greffent d'importantes inégalités qui accentuent l'intensification de la radicalisation qui est le fruit d'une conjonction de facteurs liés à l'individu, ses relations, sa communauté et son rapport à la société, avec des ingérences étrangères manipulant différents acteurs afin de se positionner au sein de ce couloir stratégique et de prendre le contrôle des richesses qui sont nombreuses, l'arc sahélien étant riche en ressources: après le sel et l'or, pétrole et gaz, fer, phosphate, cuivre, étain et uranium qui nourrissent les convoitises de puissances désirant s'en assurer le contrôle. Pour l'Algérie, il y a l'urgence d'une coopération tant régionale que mondiale dans la lutte contre la criminalité transnationale nécessitant une coopération en réseaux passant par l'amélioration des bases de données afin de lutter efficacement contre le crime transfrontalier et le terrorisme (étude du professeur Abderrahmane Mebtoul parue à l'Institut français des relations internationales (Ifri Paris France) «La coopération Maghreb Europe face aux enjeux géostratégiques» (novembre 2011) - chapitre III - la stratégie de l'Otan et des «5+5» face aux enjeux géostratégiques en Méditerranée- Le Maghreb face aux enjeux géostratégiques, collectif pluridisciplinaire sous la direction du professeur A. Mebtoul et du docteur Camille Sari regroupant 36 experts internationaux.
Des ressources en offshore
Il s'agit donc de lever les contraintes de la corruptibilité générale des institutions qui ont des difficultés à s'adapter aux nouveaux défis posés par la sophistication des réseaux du crime organisé, encore que la collaboration inter-juridictionnelle est ralentie par l'hétérogénéité des systèmes juridiques, notamment en Afrique du Nord et en Afrique noire.
Cela, explique entre autres, les tensions en Méditerranée orientale, les accords entre le gouvernent de Tripoli et la Turquie pour le contrôle d'une partie des gisements d'hydrocarbures, qui, d'ailleurs, entend se placer en Afrique à travers de nouvelles bases militaires. L'Afrique abritera un quart de la population mondiale entre 2035-2040, des richesses colossales, enjeux géostratégiques du XXIème siècle ou à l'horizon 2030, sous réserve d'une bonne gouvernance, l'axe de croissance de l'économie mondiale se déplacera de l'Asie vers l'Afrique. D'où les rivalités entre la Chine, les USA, l'Europe, certains pays émergents et avec une recomposition des forces, au niveau du Moyen-Orient. Sur le plan énergétique, mon ami, le polytechnicien Jean-Pierre Hauet de KP Intelligence (France) note avec justesse que, la scène énergétique s'anime en Méditerranée avec au moins deux grands champs de manoeuvre dont il est intéressant d'essayer de comprendre les tenants et d'anticiper les aboutissants.
Le premier théâtre d'opération est celui des énergies renouvelables (éolien, solaire à concentration, photovoltaïque) qui s'est caractérisé par le lancement de grandes initiatives fondées sur l'idée que le progrès technique dans les lignes de transport à courant continu permettrait de tirer parti de la complémentarité entre les besoins en électricité des pays du Nord et les disponibilités en espace et en soleil des pays du Sud. On parlait alors de 400 millions d'euros d'investissements et de la satisfaction de 15% des besoins européens en électricité. Aujourd'hui, le projet Desertec est plutôt en berne, du fait, notamment du retrait de grands acteurs industriels, Siemens et Bosch, et du désaccord consommé entre la Fondation Desertec et son bras armé industriel la Desertec Industrial Initiatitive (Dii).
La Dii poursuit ses ambitions d'intégration des réseaux européens, nord-africains et moyen-orientaux, cependant que la Fondation Desertec semble à présent privilégier les initiatives bilatérales au Cameroun, au Sénégal et en Arabie saoudite. Le second théâtre d'opérations est plus récent: il a trait à la découverte à partir de 2009, des ressources gazières en offshore profond, en Méditerranée orientale qui explique les tensions actuelles. Les grandes compagnies qui exploitaient jusqu'alors d'autres champs plus accessibles, plus rentables ou à proximité d'installations à proximité, sur terre, se tournent désormais vers la Méditerranée orientale, au large de l'Égypte, d'Israël, du Liban, de Chypre et de la Turquie, autant de pays qui n'entretiennent pas forcément de bonnes relations de voisinage. C'est que plusieurs gisements de gaz ont été découverts au large des côtes égyptiennes, israéliennes, libanaises ou chypriotes, au coeur de ce qu'on appelle le bassin levantin estimées par l'US Geological Survey - à 3 452 milliards de mètres cubes (m3) «Pour les Etats riverains producteurs ou futurs producteurs, cette ressource gazière offre l'opportunité d'accéder à l'indépendance énergétique et un moyen de renflouer leur économie par le biais d'exportations potentielles» selon la Fondation méditerranéenne d'études stratégiques dans un rapport très documenté...
Les frontières politiques
C'est pourquoi la Turquie mène des recherches. Même si la Grèce et une partie de la communauté internationale l'accusent d'avoir pénétré dans l'espace maritime grec, le droit international est flou dans cette situation qui ne délimite pas clairement les frontières et les limites géographiques, les ressources pouvant se trouver dans des réservoirs situés sous les pieds de différents pays et l'initiative turque pourrait n'être le début que d'une longue série de tensions qui pourraient transformer les équilibres régionaux. Car les formations géologiques ne connaissant pas les frontières politiques, les compagnies pétrolières et gazières ont exploré les sous-sols marins des pays voisins. Elle se sont ainsi succédé dans la mise au jour du champ Léviathan (2010) également au large d'Israël, Zohr (2015) dans les eaux égyptiennes puis Aphrodite (2012), Calypso (2018) et Glaucus (2019) autour de Chypre. L'exploration des eaux libanaises et grecques est moins avancée. Athènes ayant déjà attribué des parcelles à ExxonMobil, à l'espagnol Repsol ou à Total. Rappelons que le 19 février 2018 un contrat de 15 milliards de dollars, jugé historique, entre
l'Égypte et Israël prévoit la fourniture de gaz naturel des réservoirs offshore de Tamar et de Léviathan vers l'Égypte, selon le rapport de la Fondation méditerranéenne d'études stratégiques (Fmen).

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