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Régis Debray et la théodémocratie israélienne (suite et fin)

«On voudrait dans la pratique demander à l'Autorité palestinienne de gérer l'occupation israélienne, en faisant financer cette occupation par la communauté internationale, c'est-à-dire en gros par l'Europe, et c'est à peu près ce qui se passe. Le faux-semblant convient à nombre d'intérêts.»

Pour Régis Debray, les religions sont exclusives l'une de l'autre. Ce qui rend tout dialogue interreligieux inutile, même s'il est nécessaire. Son livre intitulé Pour en finir avec les religions n'est pas pour autant un réquisitoire. Même s'il met en scène toute une théorie qui lui permet de développer un argumentaire quant à ses choix sémantiques liés aux raisons à l'origine de la récusation du mot religion. Ce qui ne l'empêche pas pour autant de faire un distinguo entre religion et spiritualité et de reconnaître cependant que la religion a une vertu, «c'est d'assurer la cohésion d'un groupe humain. Cette cohésion est impensable si elle n'implique pas une démarcation. Et poser les frontières, que ce soit géographique ou dogmatique, c'est inhérent à toute culture». Il est beaucoup question de frontières dans son nouvel ouvrage parce que la Terre sainte n'est pas, de son avis, la clé du paradis, mais le paradis de la clé. Le lieu des catastrophes, des discontinuités, des séparations: «C'est la coexistence de trois religions dont chacune se définit par opposition aux deux autres. Dans cet espace, vous avez à la fois le maximum de cohésion et le maximum d'aversion les uns pour les autres.» C'est sans doute une des raisons, souligne le philosophe français, pour lesquelles le «Aimez-vous les uns les autres» se traduit par «Méfiez-vous les uns des autres», et parfois implicitement, en cas de malheur, un «Tuez-vous les uns les autres». Avec Un Candide en Terre sainte, paru aux éditions Gallimard, Régis Debray donne libre cours à son indignation, à son ire avant de prendre position pour deux causes majeure, celles de Palestiniens et des chrétiens d'Orient. Sur ce plan, le livre est un véritable pamphlet contre l'injustice faite aux Palestiniens à Ghaza plus particulièrement où «la société se clochardise, pourrit sur pied, faute de travail, d'espérance et de ventilation». Dans une Palestine occupée où il révèle que pas moins de 40% des enfants de la Cisjordanie voudraient devenir des bombes humaines quand ils seront grands. Ce livre issu d'un rapport que l'auteur devait remettre à Jacques Chirac, alors président de la République française, dénonce «le grignotage des colonies israéliennes, la dilatation des frontières jamais clairement définies, le nettoyage ethnique à bas bruit en Judée-Samarie.» Le choix de l'écrivain est assumé bien que l'approche d'une telle problématique est loin d'être de tout repos: «Oui, le sujet est tellement sensible, compromettant et explosif qu'il ne donne lieu qu'à de la propagande de part et d'autre. Surtout que la presse française est généralement prosioniste à Paris, marginalement propalestinienne. J'ai essayé d'éviter la propagande au profit de la description et de la narration. Cela étant dit, dans ce livre, je montre du doigt les exercices d'illusionnisme collectif que constituent les conférences, déclarations et rencontres diplomatiques qui ne servent plus qu'à masquer la dure réalité, qui est que la Cisjordanie est en voie d'annexion.» Pour Regis Debray, parler d'un État palestinien sans accompagner ce wishful thinking par une carte des lieux peut être considéré comme une imposture. Et il le dit: «Les États vivent de faux-semblants. Celui-là devient de plus en plus intenable ou alors très intéressé puisqu'on voudrait dans la pratique demander à l'Autorité palestinienne de gérer l'occupation israélienne, en faisant financer cette occupation par la communauté internationale, c'est-à-dire en gros par l'Europe, et c'est à peu près ce qui se passe. Le faux-semblant convient à nombre d'intérêts.» Répondant à la question de savoir si le monde était en présence d'un point de non-retour, le philosophe français eut cette réponse à l'intention de notre consoeur Carole Dagher du quotidien libanais L'Orient-le-jour: «Ça peut être discuté. J'ai tendance à le penser, d'autres estiment qu'une très forte pression internationale pourrait contraindre Israël à décoloniser, c'est-à-dire à renoncer à un grand nombre d'implantations en Cisjordanie, ce qui me semble personnellement difficile.»

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