{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Création de symboles et friture d'influenceurs

Les symboles naissent en mijotant sur un feu doux et magique de l'Histoire.
Notre imaginaire est traversé par des symboles, ceux de la politique, de la guerre, de la paix, de la littérature, de la philosophie, de la musique... Ces symboles qui nous habitent appartiennent à des époques éloignées, à des cultures et des langues différentes, à des religions opposées, à des civilisations conflictuelles.
Mais comment ces symboles ont-ils été fondés? Et pourquoi, vivent-ils perpétuellement dans notre mémoire individuelle et collective?
Les symboles sont les piliers de la nation, quelle que soit cette nation, développée ou en voie de développement. Les nations qui n'ont pas de symboles ressemblent à un navire ivre et sans boussole en pleine mer agitée. Les nations actives, dynamiques et renouvelables sont les plus riches en capital des symboles.
Certes, le symbole est confronté à des mutations sociopolitiques, à des interprétations tantôt similaires, tantôt opposées. Un symbole peut changer son âme selon la lecture qu'on lui réserve, et selon le besoin que nous lui demandons. Dès qu'une nation est confrontée à une épreuve, instinctivement elle fait appel à un de ses symboles afin de créer un front pour contrer l'adversaire.
Les symboles sont la création d'un ensemble de facteurs majeurs. Ils naissent en guise d'une réponse à la crise identitaire, sociale, politique ou religieuse. Les symboles sont garants de l'équilibre et de la stabilité d'une société confrontée aux menaces étrangères; comme la guerre ou les catastrophes naturelles.
La culture de l'oralité est un passage historique pour toutes les nations ancestrales. Cette culture nous a livré beaucoup de symboles qui continuent de jouer un rôle capital dans l'existence de l'État moderne. La force de ses symboles résultant de l'oralité réside dans leur flexibilité et dans leur sacralité. Les symboles de l'oralité sont les fondements des nations. Nous sommes tous, en quelque sorte, les enfants de ces symboles de l'oralité à travers le patrimoine culturel immatériel; les contes, la poésie, les dictons, les proverbes, la sagesse, les fables. Les symboles de l'oralité sont le terreau de tous les symboles nés de la culture nationale moderne.
La culture de l'écrit, de la trace, a créé ses symboles avec d'autres caractères, sans nier ni effacer ceux de l'oralité. Au commencement, au moment de la sortie de l'ère de l'oralité, l'écrit lui-même appartenait aux symboles sacrés. On se souvient de nos grand-mères qui, dès qu'elles tombaient sur un bout de papier écrit en arabe, peu importe le contenu, elles le ramassaient, l'embrassaient pieusement et le glissaient dans la fente du mur afin que personne ne le piétine. L'écrit a renforcé les symboles de l'oralité par la création d'autres réels et historiques afin de cimenter, un peu plus, les nouvelles structures et institutions d'une société ou d'une nation ou même d'une religion.
Les symboles portés par l'écrit sont moins flexibles que ceux qui descendent du génie de l'oralité. Les symboles enfantés par l'écrit sont vérifiables et contrôlables. Des écrivains à l'image d'Apulée, saint Augustin, [RTF bookmark start: _GoBack][RTF bookmark end: _GoBack]Si Mohand Ou Mhand, Ibn Msayeb, L'Émir Abdelkader, Mouloud Mammeri, Mohammed Dib, Abdelhamid Ben Badis, Kateb Yacine, Moufdi Zakariya, Tahar Djaout... sont des symboles liés à des textes; poésie, romans ou réflexions.
La télévision et la radio, elles aussi, ont joué un rôle déterminant dans la fabrication des symboles littéraires artistiques et politiques. Ces médias ont connu des émissions phares, ont aiguillé le lecteur vers des livres, ainsi elles ont forgé des symboles et un lectorat. Le 06 mai courant, la scène médiatico-littéraire a perdu Bernard Pivot, un journaliste-institution, qui a joué un rôle décisif dans la fabrication de quelques symboles littéraires algériens, maghrébins et méditerranéens. Le passage de Kateb Yacine et de Mohamed Choukri, à titre d'exemple, dans son émission Apostrophes les a propulsés vers le devant de la scène littéraire.
Par les temps qui courent, les réseaux sociaux qui ont pris la place des médias classiques (télévision, radio et journal), sont devenus des couveuses électriques!À la place des symboles, elles enfantent des bulles chimériques médiatiques qui éclatent au bout de quelques jours ou de quelques mois!
Si les symboles créés par la culture de l'oralité, par l'écrit ou par les médias classiques (télévision, radio, journal) ont vécu et vivent encore dans l'imaginaire collectif, les bulles médiatiques (les blogueurs, les influenceurs, les créateurs de contenu, tiktokeurs) fritures des réseaux sociaux sont des créateurs de courte vie, de court souffle, des phénomènes jetables et recyclables.
Certes, nous ne pouvons pas fuir notre ère civilisationnelle numérique, ni négliger cette immense richesse technologique. Le livre numérique avance, l'intelligence artificielle s'installe dans notre quotidien scientifique et artistique. Et pour profiter des richesses de cette révolution numérique, nous devons faire en sorte qu'elle soit bercée dans une nouvelle vision éthique et philosophique.

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours