Les libéraux ont disparu
Existe-t-il un courant libéral en Algérie? Nous ne parlons pas du courant qui a le vent en poupe, et qui est celui de la pomme de terre, de la spéculation sur les produits de large consommation, voire des détournements bancaires tous azimuts. Nous ne parlons non plus de ce capitalisme sauvage qui saigne l´économie du pays, de ce secteur informel qui fait dans le Taiwan et la contrefaçon, mettant en danger la vie et la santé des citoyens et vampirisant les produits des recettes des hydrocarbures. Nous ne parlons pas de toutes ces sphères interlopes qui se sont spécialisées dans l´évasion fiscale et l´import-import, faisant de l´Algérie un immense tube digestif et un déversoir pour les produits périmés quoique made in.
Nous ne voulons parler que du courant libéral qui met le travail au centre de sa stratégie. Un courant en mesure de mettre fin à la bureaucratie, de simplifier les règles de la commercialisation et de faciliter les procédures d´investissement, un courant qui met au-dessus de tout le développement durable, un courant qui soit capable de redynamiser l´investissement productif par la bourse et le marché de l´argent, de façon officielle et non plus au bord des trottoirs.
Un courant qui ait une vision claire de ce qu´il faut faire en Algérie, en éliminant les dysfonctionnements, la hogra, les injustices, en faisant en sorte qu´à compétence égale, deux Algériens aient la même chance de décoller dans la vie.
Un courant qui redonne vie au rêve algérien pour que l´Algérie devienne un rêve pour chacun de ses enfants.
Ce qui s´est passé au cours des six derniers mois est inconcevable: toute la stratégie qui avait été échafaudée pendant plusieurs mois, a été battue en brèche, obligeant l´Etat à mettre la main à la poche là où le système de la concession était attendu, voire à abandonner son rôle de régulateur pour retrouver celui honni d´épicier et de vendeur au détail.
La manière dont les partis politiques qui sont majoritaires, et qui sont représentés au Parlement se sont mis au garde-à-vous pour renoncer à des projets qu´ils avaient eux-mêmes portés, en dit long sur la capacité à la démission et à l´aplatventrisme. Le panurgisme est redevenu la règle qu´il a toujours été depuis 1962. Les quelques voix discordantes, qui ont osé exprimer une opinion contraire de bon sens, ont été laminées par l´esprit moutonnier ambiant. Ont-elles été victimes de la contagion?
Qu´est-ce que la politique si les partis politiques ne sont pas des laboratoires d´idées, si tout ce qui les intéresse ne concerne que les fauteuils et les postes à pouvoir, les lots de terrain, les enveloppes en devises?
Il n´y pas mille manières de faire de la politique et de l´économie. Les règles sont universelles. La rentabilité, l´ergonomie, les grands équilibres, l´élimination des parasites et des dysfonctionnement, en économie sont connues, tout comme le respect des libertés publiques, la promotion de la liberté d´expression sont la règle en politique. Car le libéralisme n´est pas seulement économique. Il existe également un libéralisme sociétal qui tend à favoriser l´épanouissement de l´individu dans une société ouverte et organisée, et où les règles et les lois sont limpides et les mêmes pour tous. Lorsque l´entreprise est au coeur de l´organisation sociale, lorsque les universités sont performantes, lorsque existent les conditions de la recherche, on peut alors mettre fin à la force d´inertie de tous ces partis qui freinent des quatre fers, pour sauver leurs petites casseroles et leur petite cuisine électorale, et voir émerger des synergies dont a besoin le pays pour devenir attractif et compétitif.