Menaces sur la CAN
A la veille de chaque démarrage d´une phase finale de Coupe des nations de football, se réunissent les différentes structures de la CAF. Cela se passe ainsi également pour les autres disciplines. Apparemment, ces structures et notamment le comité exécutif ainsi que les présidents des fédérations des pays affiliés, dont la nôtre, ne se sont pas donnés la peine d´étudier les futures retombées d´une toute récente décision de l´Union européenne de football et de la FIFA. Ces instances tutélaires du football mondial sont parvenues à un accord avec le G14, groupe de pression regroupant, entre autres, les plus puissants clubs du Vieux Continent. Cette entente met fin à leur différend sur la mise à disposition de leurs joueurs auprès des sélections nationales. Les clubs acceptent de retirer leurs plaintes devant les tribunaux et de dissoudre leur groupement. En contrepartie, l´UEFA et la FIFA s´engagent sur divers plans, comme celui d´obtenir des compensations financières pour la participation de leurs joueurs aux Championnats d´Europe et Coupes du Monde. Lorsque l´on sait que les championnats locaux sont arrêtés à l´occasion du déroulement de ces compétitions, se profilent en filigrane les véritables compétitions visées: la Coupe d´Afrique des nations, et sa similaire d´Amérique du Sud. Mais en plus, la CAN, une manifestation qui se déroule durant près d´un mois à partir de la mi-janvier et qui voit la participation de plus en plus nombreuse de joueurs africains. Tous sous contrat avec leurs clubs employeurs étrangers. En clair, l´édition en cours de la Coupe d´Afrique des nations pourrait bien être la dernière à se dérouler à moindres frais, si l´on peut dire, pour les sélections du continent. Celles qualifiées à la phase finale et d´une manière plus générale, toutes celles qui participent à des éliminatoires. On ne voit pas comment nos sélections feraient exception à la règle, à l´esprit du nouvel accord. Ces sélections pourraient être obligées, à l´instar de leurs homologues du reste du monde, de verser des dédommagements aux clubs employeurs à chaque fois qu´elles utiliseraient leurs employés. Des joueurs, qui sont, selon la réglementation, des contractuels comme les autres mais bénéficiant d´avantages largement plus importants. La somme sera évidemment proportionnelle au nombre des sélectionnés et à la durée de leur absence. Les clubs européens, dont certains se disent handicapés par l´absence de leurs meilleurs éléments, ont donc trouvé là un moyen de rétorsion assez puissant pour défendre leurs intérêts. Mais la décision risque surtout d´avoir des conséquences assez fâcheuses pour les sélections africaines notamment. D´autant que la majorité d´entre elles ont opté pour une très large ossature de joueurs professionnels opérant à l´étranger, en Europe plus particulièrement. Les fédérations africaines, dont la majorité croulent sous les dettes, devraient donc s´attendre, sous peu, à devoir payer des dédommagements assez conséquents. Un vieux dicton, bien de chez nous, dit: «Celui qui aspire à la beauté doit en payer le prix.»