Après France 24 et RFI, la BBC est indésirable au Sahel
Le paysage audiovisuel africain et surtout du Sahel ferme de plus en plus son espace aux médias occidentaux, notamment français et anglais. D'abord sur le plan politique, et militaire, ainsi les pays du Sahel Niger et ses deux voisins, le Burkina Faso et le Mali qui forment une confédération, l'Alliance des États du Sahel (AES) ont tourné le dos à Paris, en expulsant particulièrement tour à tour les militaires français engagés dans la lutte antidjihadiste et tiennent régulièrement des discours hostiles envers la politique de la France dans la région. Depuis hier, la radio britannique BBC, accusée d'avoir diffusé des «informations erronées tendant à déstabiliser la quiétude sociale et à saper le moral des troupes» est suspendue pour trois mois au Niger, a annoncé jeudi le ministre de la Communication, Sidi Mohamed Raliou. Après, Radio France Internationale (RFI) et France 24, c'est au tour de la très sérieuse BBC anglaise d'être suspendue. Au Niger, le pouvoir en place a indiqué jeudi la suspension pour trois mois de la radio britannique, une décision qui vient grossir la liste de médias occidentaux sanctionnés dans les pays sahéliens gouvernés par des régimes militaires issus de coups d'État. La BBC est accusée d'avoir diffusé des «informations erronées tendant à déstabiliser la quiétude sociale et à saper le moral des troupes» qui luttent contre les djihadistes, selon un communiqué
du ministre de la Communication, Sidi Mohamed Raliou. Les programmes de la BBC, en langue haoussa, notamment sont diffusés au Niger par l'intermédiaire de radios locales partenaires et sont particulièrement écoutés. La mesure entre en vigueur avec «effet immédiat» sur l'ensemble du territoire. Deux autres médias occidentaux sont suspendus au Niger: RFI et France 24, depuis août 2023, quelques jours seulement après le coup d'État qui a permis à la junte du général Abderrahmane Tiani de prendre le pouvoir dans ce pays sahélien. Dans le même sillage, le pouvoir au Niger a annoncé «porter plainte» contre RFI pour «incitation aux génocides et aux massacres intercommunautaires» au Niger, sans préciser le lieu de la plainte. Aucun reportage n'est nommément mentionné dans ces décisions prises à l'encontre de la BBC et de RFI. Mercredi, ces deux médias avaient indiqué qu'une attaque djihadiste particulièrement meurtrière avait frappé, la veille, la localité de Chatoumane, dans la zone de Téra (Ouest) près du Burkina Faso. Les bilans évoqués étaient très lourds, 90 soldats et au moins 40 civils tués, ce que l'AFP n'a pu vérifier localement de source indépendante. Une source sécuritaire occidentale a toutefois confirmé à l'AFP un bilan de «90 à 100 morts». Le pouvoir nigérien a, quant à lui, démenti mercredi soir l'existence de cette attaque, évoquant des «affirmations infondées» et une «campagne d'intoxication».