Le Centre arabe du cinéma «squatte» le Festival de Cannes
A la Croisette, il y a plusieurs organisations qui se sont présentées comme des organisatrices influentes du cinéma arabe et, pourtant, elles ne possèdent aucune validation du Festival de Cannes. C'est le cas du Centre arabe du cinéma, une organisation égyptienne, qui se présente comme rassemblant le cinéma arabe et pourtant il a écarté le cinéma arabe le plus titré au Festival de Cannes: l'Algérie. Lors d'une cérémonie organisée en marge de la 77e édition du Festival de Cannes, plus précisément le 18 mai à la Plage des Palmes, le Centre du cinéma arabe a annoncé les vainqueurs de la 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes 2023 (Arab Critics Awards). Cette année, le jury international était composé de 209 critiques de cinéma provenant de 72 pays, et qui votent en-ligne sans se déplacer sur la Croisette. Les nominations avaient été annoncées, elles, fin avril, générant anticipation et excitation parmi les cinéphiles. Cette année, les Tunisiens (le cinéma arabe le plus en forme du moment) ont donc particulièrement brillé en ayant remporté quatre prix: trois prix pour Les Filles d'Olfa, réalisé par Kaouther Ben Hania, et un prix pour le compositeur Amine Bouhafa.
Quatre de ces films lauréats avaient été sélectionnés au 76e Festival de Cannes: Les Filles d'Olfa, réalisé par Kaouther Ben Hania, avait déjà été sélectionné en compétition officielle, où il avait remporté quatre prix des sections parallèles, consolidant sa réputation internationale. Goodbye Julia, réalisé par Mohamed Kordofani, avait remporté le prix de la Liberté dans la section Un Certain regard. I Promise You Paradise, le court-métrage égyptien réalisé par Morad Mostafa, a été honoré du Rail d'or du meilleur court-métrage et du Prix du public à la Semaine de la critique à Cannes. Inshallah a Boy, réalisé par Amjad Al-Rasheed, avait marqué l'histoire en devenant le premier film jordanien sélectionné à Cannes, toutes sections confondues, et avait été récompensé par le prix Fondation Gan à la diffusion. La première édition des Prix des critiques pour les films arabes a eu lieu en marge du Festival de Cannes. Ces prix, parfois discriminatoires, sont décernés chaque année aux meilleures productions cinématographiques arabes dans plusieurs catégories. Pour être éligibles, les films doivent être des longs ou courts-métrages de fiction ou documentaires, ayant été présentés en première lors d'un festival de cinéma international en dehors du monde arabe, et au moins l'une des sociétés de production doit être arabe. Par ailleurs, depuis l'année dernière, le Centre du cinéma arabe a choisi d'honorer chaque année deux critiques, en leur décernant un Prix d'excellence pour critique international et un prix d'excellence pour critique arabe. Cette année, les deux critiques honorés sont Peter Bradshaw (Angleterre) et Nadim Jarjoura (Liban).