No other land, le documentaire qui dérange l’entité sioniste
Le cinéma est une arme de destruction massive. L’attribution d’un Oscar pour le film propalestinien No other land a dérangé l’entité sioniste. Ils ont réagi à travers le ministre israélien de la Culture, Miki Zohar, qui a qualifié l’attribution d’un Oscar au documentaire israélo-palestinien No other land de «triste moment pour le monde du cinéma». Ce film coréalisé par le Palestinien Basel Adra et l’Israélien Yuval Abraham, traite de la colonisation israélienne en Cisjordanie vue par ceux qui la subissent. Il a remporté, ce dimanche, l’Oscar du meilleur documentaire après avoir été récompensé en 2024 du Prix du meilleur documentaire à la Berlinale.
Selon Miki Zohar, l’attribution de l’Oscar à No other land (Pas d’autre terre en français) démontre la nécessité de la réforme en cours visant à garantir que les ressources publiques soient «affectées à des œuvres qui s’adressent au public israélien, et non à une industrie qui fait carrière en diffamant le pays à l’étranger». Les professionnels du cinéma considèrent cette réforme comme une tentative du gouvernement de faire taire toute voix dissidente chez l’entité sioniste et de museler la liberté d’expression.
Tourné à Massafer Yatta, zone du sud de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par l’entité sioniste depuis 1967, No other land suit un jeune Palestinien luttant contre ce que l’ONU qualifie de déplacement forcé des habitants des villages de la région. Massafer Yatta, d’où est originaire Miki Adra, a été déclarée zone militaire par l’entité sioniste. Après une longue bataille judiciaire, la Cour suprême a donné raison en mai 2022 à l’armée sioniste, dans une décision ouvrant la voie à l’expulsion des habitants des huit villages installés là où l’armée souhaite établir un champ de tir. La colonisation de la Cisjordanie par l’entité sioniste est régulièrement dénoncée par l’ONU comme étant illégale au regard du droit international.
Sur scène, durant la remise du Prix du meilleur documentaire lors de la 97e cérémonie, le collectif israélo-palestinien à l’origine du long-métrage a livré l’un des discours les plus engagés de la soirée. «Je souhaite à ma fille de ne jamais avoir à vivre la vie que je vis, avec tant de violence, tant de destructions de maisons», a lancé le réalisateur palestinien Basel Adra, tandis que l’Israélien Yuval Abraham, a demandé «la fin de la destruction de Ghaza» et la libération des otages enlevés le 7 octobre dernier. L’Oscar est l’ultime consécration pour No other land qui ne cesse, depuis sa première en février 2024, de rafler tous les prix. Le film, qui raconte les expulsions en Cisjordanie occupée dans le village de Masafer Yatta, a remporté des récompenses, notamment à la Berlinale et aux European Film Awards. Honoré par plusieurs cercles de critiques américains (New York, Los Angeles, Chicago), il fait l’objet d’un score de 100% sur l’agrégateur Rotten Tomatoes.
Pourtant, le documentaire n’a toujours pas trouvé de distributeur outre-Atlantique, obligeant les cinéastes à louer eux-mêmes des salles de cinéma indépendantes dans le pays. «Aux États-Unis, notre film est perçu comme controversé ou risqué pour certains grands distributeurs», affirmait Yuval Abraham au Guardian. Un problème qui impacte plus largement les documentaires politiques.
En France, le film est sorti à l’automne dernier et reste encore visible dans certaines salles parisiennes.