Quand le feuilleton Muawiya veut effacer Al Rissala de Mustapha Akkad
Comme pour le film Al Rissala, le feuilleton historique Muawiya continue de susciter des controverses dans le monde arabe. Juste après sa diffusion sur le réseau du groupe médiatique saoudien MBC, la série a été interdite par Al-Azhar, la plus haute autorité religieuse du monde arabe installée en Égypte.
Le film est également bannie d'antenne en Irak et en Iran, à majorité chiite et qui s'oppose à la trame historique de Muawiya consacrée à la vie du premier calife omeyyade, mort à Damas en 680. Ce dernier est accusé d'avoir tué Hassan, le fils d'Ali. Sans compter qu'il a installé son fils Yazid sur le trône, celui-là même qui mit à mort Hussein, le second fils d'Ali, dans la bataille de Kerbala en 680, fondatrice du schisme sunnite-chiite. Muawiya n'avait pas été reconnu par le califat de son prédécesseur, Ali, figure tutélaire du chiisme. Pour les Saoudiens en revanche, cette série est une revanche sur le film Al Rissala de Mustapha Akkad, qui avait donné la part difficile pour Hind bint Otba et Abi Soufiane, les parents de Muawiya. Pour ce faire, les Saoudiens ont mis le paquet. C'est le feuilleton du Ramadhan le plus cher de l'histoire de la télévision arabe, avec un coût de production compris entre 75 et 100 millions de dollars. Produit par le mastodonte des médias saoudiens MBC, c'est probablement aussi l'un des feuilletons les plus débattus de ces dernières années, dans un monde arabe pourtant habitué aux polémiques autour de ce rendez-vous annuel devant le petit écran, au cours du mois de jeûne. En 2023 déjà le feuilleton était sur le point d'être diffusé, mais il avait provoqué des réactions virulentes de la part des chiites irakiens et leur leader Moktada Sadr. La raison de leur ire: ce biopic met à l'honneur Muawiya, le cinquième calife musulman et fondateur de la dynastie des Omeyyades, de 661 à sa mort, en 680. Cette série a touché également les instances sunnites puisque la plus haute autorité sunnite mondiale, l'université Al-Azhar, vient d'émettre une fatwa interdisant le visionnage de la série historique Muawiya, programmée pour le Ramadhan 2025. Cette décision majeure s'ajoute à l'interdiction déjà prononcée en Irak. Elle suscite une polémique également en raison de sa représentation de personnages de l'islam, notamment des compagnons du Prophète (Qsssl).
Le cheikh Abdel Fattah Abdel Ghani Al-Awari, membre éminent d'Al-Azhar, s'oppose fermement à toute incarnation à l'écran du calife Muawiya, la jugeant «religieusement inacceptable». Cette superproduction, estimée à 100 millions de dollars et financée par le groupe médiatique saoudien MBC (Middle East Broadcasting Center), est réalisée par le cinéaste palestino-américain Tarek Al-Arian sur un scénario du journaliste égyptien Khaled Salah.
Le casting international réunit des acteurs de premier plan: le Syrien Loujain Ismail dans le rôle-titre, aux côtés d'Asma Jalal, Aisha bin Ahmed, Jamila Chihi, et Iyad Nassar qui interprète Imam Ali ibn Abi Talib. Le tournage s'est déroulé aux studios Carthago Film en Tunisie.