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Tensions entre Bollywood et Arabwood

Le cinéma n'est pas seulement une mode passagère en Inde: il fait partie intégrante de la culture du pays et de la vie de ses habitants. L'Inde, qui produit près de 2000 films par an, respire cette forme d'art, l'utilisant pour refléter sa culture unique et la diversité de ses sources, notamment ses conflits politiques, religieux et ethniques. Cela a été le cas depuis l'ascension d'Amitabh Bachchan - surnommé le «jeune homme en colère» en raison de son interprétation de personnages anti-héros désabusés - dans les années 1970, et cela s'est poursuivi dans le nouveau millénaire avec des films qui rompent avec la formule typique de Bollywood, comme My Name is Khan de Shah Rukh Khan, qui aborde avec audace la discrimination dont les musulmans ont été victimes après le 11 septembre, ou des films comme Pink, qui aborde la violence contre les femmes, et Bajrangi Bhaijaan, qui explore les conflits politiques entre pays voisins. Récemment, ce discours cinématographique indien nous a offert un nouveau film sur Netflix, qui aborde un sujet controversé: la situation critique des travailleurs migrants dans les pays du Golfe. Le film est basé sur l'histoire vraie d'un citoyen indien qui s'est rendu en Arabie saoudite et a suscité la controverse dans le Royaume. Le film de trois heures commence par décrire la vie de Najeeb Muhammad, un jeune homme simple du Kerala qui rêve de partir à l'étranger pour assurer un meilleur avenir à son enfant à naître. Selon l'histoire, Najeeb et son jeune frère ont du mal à réunir l'argent nécessaire pour obtenir un visa pour un pays du Golfe. Après de nombreuses difficultés, ils parviennent à décrocher un emploi dans une entreprise saoudienne et leur vie semble être un rêve rose - jusqu'à leur arrivée à l'aéroport de Djeddah. Là, leur vie prend un tournant dramatique lorsque le parrain de Najeeb, ou «kafeel», l'oblige à vivre seul dans le désert, avec pour seule compagnie des chèvres. Le film montre comment, au fil du temps, Najeeb devient l'un des boucs, perdant tout sens des émotions, du temps et même l'envie de parler ou de penser. Cet isolement a des conséquences sur sa mémoire et sa parole, et le film suit son parcours pénible jusqu'à ce qu'il s'échappe miraculeusement après trois ans de souffrance. L'acteur omanais Talib Al Balushi joue le rôle du cruel sponsor saoudien, aux côtés de l'acteur jordanien Akef Najem, qui ont tous deux suscité l'indignation du public saoudien sur les réseaux sociaux pour avoir participé au film. Le film est sorti pour la première fois le 29 mars et a rapporté près d'un milliard de roupies (environ 12 millions de dollars américains) dans toute l'Inde, bien qu'il ne soit pas en hindi, la langue principale de Bollywood. À la place, l'acteur principal parle le malayalam, la langue du Kerala. L'interprétation de Najeeb par l'acteur Prithviraj Sukumaran a impressionné l'homme dont l'histoire réelle a inspiré le film. L'homme a commenté la performance en disant: «J'avais l'impression de voir un reflet de moi-même dans la plupart des scènes du film.» C'est véritablement la guerre entre le cinéma indien Bollywood et le cinéma arabe Arabwood.

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