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Colonisation, le mea culpa belge

Le roi des Belges « regrette » ce que ses ancêtres ont fait au Congo. L’occasion d’ouvrir le dossier des colonisations. Pourquoi le pluriel ? C’est l’histoire…

Contrition. Les projecteurs de l'actualité se sont brusquement braqués sur la Belgique cette semaine. En cause, une lettre du roi des Belges au chef de l'Etat de l'une de ses anciennes colonies, la République démocratique du Congo. Dans cette lettre, le monarque du «plat pays» «exprime aux Congolais» ses «plus profonds regrets pour ces blessures du passé dont la douleur est aujourd'hui ravivée par les discriminations encore trop présentes dans nos sociétés». C'est la première fois depuis l'indépendance du Congo, le 30 juin 1960, après 75 ans de colonisation, qu'un souverain belge exprime publiquement des remords sur les atrocités commises par ses ancêtres qui ont commis des crimes contre l'humanité sur des populations lointaines réduites en esclaves. Avec la violence, les morts et les souffrances et les pillages que cela entraîne. Il y a peut-être de la sincérité dans les propos du roi Philippe, mais l'effet George Floyd, cet Américain noir mort, victime de la violence policière, qui a ému le monde entier, y est pour quelque chose. Disons que le monarque belge s'est saisi de l'opportunité. Même si la démarche a réjoui les autorités congolaises, parler de «regrets» et de «blessures» là où il aurait fallu demander pardon pour des massacres en séries, relève plus du souci de ménager l'opinion belge que d'une réelle considération du peuple congolais. Quoiqu'il en soit, certains observateurs pensent qu'il s'agit d'un premier pas d'une action progressive. Osons le croire d'autant qu'à l'intérieur du Congo des voix s'élèvent pour exiger des réparations, des dommages et intérêts. Ceci dit les Congolais ont fêté, mardi dernier, leur 60ème anniversaire de l'indépendance avec, pour la première fois, la compassion de leur ancien colonisateur. Sauf que la colonisation ne concerne pas uniquement le Congo. La liste des empires coloniaux et celle des pays qu'ils ont colonisés sont impressionnantes. Le marqueur de ces empires fut la conférence de Berlin qui a rassemblé, entre le 15 novembre 1884 et le 26 février 1885, pas moins de 14 puissances mondiales qui se sont partagé l'Afrique. À noter que notre pays, l'Algérie était déjà colonisé à cette époque depuis 55 ans. Ce qui l'exclut du contexte qui fut celui de la conférence de Berlin. Ce qui explique aussi que l'Etat français a qualifié notre colonisation comme étant «une tragédie inexcusable» et même d'avoir été «un crime contre l'humanité». Ce qui est plus fort que des «blessures» qui entraînent les «plus profonds regrets» de l'Etat belge vis-à-vis du Congo. Il faut également souligné que durant la colonisation de notre pays, la France elle-même a été colonisée de 1940 à 1944 par l'Allemagne sans incidence sur les forces extra françaises qui occupaient l'Algérie. Tout ceci relève du travail de nos historiens qui auront à disséquer et analyser cette spécificité. À noter enfin que les empires coloniaux ne se sont pas constitués uniquement avec des pays d'Afrique, mais ont touché tous les continents. Des trois siècles du Brésil sous domination portugaise aux Philippines sous domination espagnole trois siècles durant, jusqu'à la Somalie envahie par l'Italie un siècle durant, en passant par le siècle de colonisation de l'île Maurice par les Pays-Bas, le nombre des pays colonisés se compte en plusieurs centaines. Pourtant, l'idée d'une conférence des pays anciennement colonisés n'a, sauf erreur, jamais été avancée. Ce qui constituerait une force à même d'exiger des anciens empires coloniaux, non point seulement des paroles de repentance, mais des contributions au développement des pays dont ils ont, par le passé, pillé les richesses et appauvri les autochtones sans compter les atrocités qu'ils leur ont fait subir. Une conférence un peu à l'image de celle de Bandung en 1955 qui a réuni 29 pays, dont l'Algérie, décolonisés d'Afrique et d'Asie qu'on a surnommés «tiers-monde». Alors que les pays qui, dans tous les continents, ont été soumis au diktat des pays les plus forts sont bien plus nombreux. Si les Congolais ont fêté leur indépendance, hier, sous les applaudissements du roi des Belges, nous en Algérie nous fêterons le 58ème anniversaire de notre indépendance dimanche prochain. Nous n'attendons pas de l'Elysée un geste «belge» vu le poids des sectes et lobbies colonialistes et surtout anti-algériens qui opèrent avec arrogance dans l'Hexagone. Nous n'attendons, en réalité, rien de personne. Il nous faut faire du compter sur soi une devise à graver au fronton de la République. Mais pour l'efficacité il nous faut enseigner notre histoire à nos enfants. Pour cela, il faut commencer par l'écrire cette histoire qui est la nôtre. Une histoire écrite avec le sang de nos martyrs. Cette écriture et cet enseignement sont le seul moyen de nous prémunir contre les dangers et les menaces des prédateurs d'hier qui ruminent toujours leur défaite. Bonne fête à toutes et à tous!

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