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Dib, Feraoun, Hassan El Hassani et les autres

Un riche patrimoine culturel délaissé. En cause, la médiocrité. Eclairages...

Mémoire (toujours). Cette semaine a été marquée par la commémoration du centenaire de la naissance de Mohammed Dib. Très bonne initiative quoique nettement insuffisante. Sa bibliographie est impressionnante. Une quarantaine d'ouvrages dont des romans, des essais et des poèmes. Il a, à son actif également, une pièce de théâtre. Né en 1920, il est mort en 2003. Il a vécu plus de la moitié de sa vie en exil. Sa vie aura été celle d'un homme. Comme tous les humains. Faite de joies et de peines. Avec chacun son caractère. Ses rendez-vous ratés. Sa vie privée, même si elle permet de mieux comprendre ses oeuvres, doit rester à l'abri de toute manipulation idéologique. Comme celle qui consiste à marginaliser des intellectuels dont le seul «tort» est d'avoir été francophones. Comme c'est le cas de Mouloud Feraoun qui a laissé près d'une dizaine de romans et plusieurs contributions dans des journaux avant d'être assassiné par l'OAS (milice armée des pieds-noirs d'Algérie) quatre jours avant le jour de la victoire (cessez-le-feu du 19 mars 1962). Comme c'est le cas aussi de Malek Haddad mort d'un cancer en 1978 et qui laissa plus d'une dizaine de livres... en langue française. On peut citer Mourad Bourboune et on en oublie certainement. Il faut, que dans cette étape de construction de l'Algérie nouvelle, se défaire des jugements frelatés qui ont consisté depuis l'indépendance à marginaliser les intellectuels algériens d'expression française. Pourquoi? Parce que si quelqu'un est en mesure de dire qu'il était possible d'avoir des auteurs en langue nationale (simplement arabe à l'époque tandis que la langue amazighe n'était pas encore écrite), qu'il nous fasse bénéficier de sa culture hors du commun. Il n'est point besoin de dire, comme Kateb Yacine, que la langue française était pour les Algériens «un butin de guerre»-ce qui est vrai soit dit en passant- pour se suffire de l'interdiction par le colonialisme de l'enseignement en arabe pendant les 132 ans que dura l'occupation de notre pays. C'est ce qu'on découvre à l'indépendance du pays en 1962 avec 99% d'Algériens analphabètes. Il se trouve que les auteurs dont il est question ici font partie du 1% restant. Ils avaient réussi à passer «entre les gouttes de pluie» pour se retrouver dans une école où l'on enseignait le français. Il faut que cesse cette «anthropophagie» culturelle car c'est de cela qu'il s'agit. Sinon, que peut-on reprocher à l'immense Hassan El Hassani, ce comédien connu sous le sobriquet de «Boubagra» et qui avait créé une troupe théâtrale pour donner des représentations dans tout le territoire national? Que peut-on reprocher à Hadj Abderrahmane alias «l'inspecteur Tahar» mort à l'âge de 41 ans non sans avoir réussi à conquérir le coeur des Algériens par son talent? Il y a un lien commun entre tous ces intellectuels que nous avons cités. Mais avant de l'aborder posons-nous une autre question. Pourquoi Assia Djebar n'a pas connu le même sort que Mohamed Dib ou Mouloud Feraoun pour ne citer que ceux-là? Etait-ce de la «récupération» d'une académicienne? Pourquoi et comment Kateb Yacine a survécu aux «anthropophages»? Même questionnement pour Mouloud Mammeri? Où se situe la différence qui les a épargnés? Poussons plus loin. Actuellement il y a des écrivains algériens qui ont été primés à l'étranger et sont devenus célèbres. Là-bas et ici. Pourtant, ils écrivent en langue française 58 ans après l'indépendance et personne ne leur en tient rigueur. Ils sont suffisamment célèbres pour n'avoir point besoin d'être cités ici. L'espace nous contraint d'abréger pour vous donner les raisons de ces différences qui expliquent la désastreuse situation culturelle que nous vivons. Dib c'est Dar S'bitar ou la misère en milieu urbain durant la colonisation. Feraoun c'est l'enfant du pauvre en milieu rural. «Boubagra» et «l'inspecteur Tahar» ont incarné des personnages inspirés du terroir pour rire de la condition humaine comme cela se fait dans tous les pays du monde. Tout ceci était inadmissible aux yeux de la médiocrité ambiante où chacun s'échine à renier son passé pour le remplacer par un «héritage» préfabriqué où tout est «beau». Pourquoi? Par complexe stupide! Alors qu'il n'y a pas plus élogieux que de réussir tout en étant issu d'un milieu défavorisé. Quant aux intellectuels actuels que l'Occident honore, cela répond à une stratégie de détestation de son pays orchestrée par des officines étrangères aidées par la médiocrité nationale. On lui doit le phénomène de la fuite des cerveaux et d'une manière plus générale celui des «harraga». Vaste débat en réalité. Un problème que l'Algérie nouvelle devrait prendre à bras-le-corps. Pour le salut des générations futures!

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