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La face cachée du déficit en eau

L'eau coule par intermittence des robinets. Le stress hydrique est réel. Mais tout n'a pas été dit...

Sous le tapis. Nous sommes aux portes de l'été. Cette saison de fortes consommations d'eau risque d'être éprouvante pour les Algériens à cause, nous dit-on, de la sécheresse. Les programmes de rationnement dans la distribution d'eau potable sont déjà opérationnels. Des clips de sensibilisation réalisés par l'Agire (Agence nationale de gestion intégrée des ressources en eau), sont diffusés sur les chaînes de télévision. Des efforts d'économie dans la consommation de l'eau, sont demandés aux citoyens. Certes, notre pays fait partie d'une région semi-aride. Certes, la nature n'a pas été généreuse en pluies depuis un certain temps. Cela suffit à considérer que les efforts colossaux de l'Etat dans la construction de nouveaux barrages, actuellement ils sont au nombre de 80, n'ont pas suffi à éloigner le spectre du déficit hydraulique. Ce qui n'est pas tout à fait vrai car d'autres causes sont passées sous silence en plus de la faible pluviométrie. Mais avant de les énumérer, il est bon de s'arrêter sur une autre cause reconnue officiellement par les autorités. Depuis des décennies, le taux des fuites d'eau dans les canalisations du réseau de distribution ne descend pas au-dessous des 40%.
Le 19 avril dernier, au micro de la radio chaîne 3, le ministre des Ressources en eau, Mustapha Kamel Mihoubi, a déclaré au sujet du partenariat avec le groupe français Suez pour la gestion de l'eau dans la capitale: «Le partenaire français a failli à ses engagements...puisque il n'y a pas eu d'efforts en matière de lutte contre les fuites.» Il faut préciser que le groupe Suez opère en Algérie depuis 2006 et que cette lacune n'a pas d'explication technique. Donc 40% de l'eau chichement récupérée par les barrages se perd dans la nature. Ce qui est criminel s'agissant d'une denrée vitale. L'autre grand problème dont on ne parle pas assez est l'envasement des barrages qui réduit leurs capacités de stockage. Beaucoup de travaux de nos universitaires existent sur ce sujet. On retiendra de leurs travaux que le problème d'envasement des barrages est planétaire. Il n'est pas unique à notre pays. L'envasement qui est caractérisé par les dépôts de boue des bassins versants est dû principalement à quatre raisons: l'érosion, le déboisement, l'agriculture non surveillée et le surpâturage. C'est un processus continu qui diminue chaque année un peu plus la capacité du barrage. Contre ce phénomène, deux formes de lutte existent. En amont par le reboisement et en aval par le dragage (extraction de la boue). Cette dernière opération très coûteuse a retenu l'attention de nos chercheurs dont certains préconisent de rentabiliser l'opération en utilisant les sédiments récupérés dans l'industrie des matériaux de construction (production de briques notamment). La meilleure action reste la prévention. C'est-à-dire agir avec plus d'efforts, sur les bassins versants. Ceci dit, l'envasement est une donnée réelle sur l'état de nos barrages. Alors quand les chiffres officiels avancent des taux de remplissage de nos barrages, il faut toujours lier l'information au taux d'envasement du barrage pour connaître avec exactitude la quantité d'eau réellement stockée. Exemple: si le taux annoncé est de 70% et que le taux d'envasement est de 50%, l'eau réellement stockée n'est que de 20%. À ces phénomènes que nous avons cités, est venu se greffer un autre plus récemment et qui engendre une surconsommation de l'eau dans notre pays. Plus récemment parce qu'il est apparu à la faveur de l'ouverture économique du début des années 90 du siècle dernier. Il s'agit de cette nouvelle catégorie de la population que sont les nouveaux riches. Sans connotation péjorative. Une réalité simplement liée à la nouveauté qui englobe les grosses fortunes, voire même les moins grosses. Les milliardaires et même les millionnaires à la faveur du paraître. Cette catégorie s'est lancée dans la construction de somptueuses demeures en intégrant l'installation de piscines à leur usage exclusif. Contrairement aux jets d'eau publics des villes qui fonctionnent en circuit fermé, les piscines sont d'énormes «éponges» de cette précieuse denrée dont l'eau est renouvelée régulièrement. Ce qui cause une surconsommation difficile à évaluer vu que ces piscines échappent à la vue extérieure. Mais elles existent. Elles sont là. Nos responsables des ressources en eau seraient bien avisés de se pencher sur ce phénomène en vue de le réguler et de l'encadrer. À la faveur de la prochaine révision du Code de l'eau. Les compteurs d'eau intelligents et les drones pourraient faire partie des instruments de contrôle. Cet été, quand une grande partie de la population verra ses robinets couler par intermittence, une autre partie vivra en milieu aquatique. Une remise en ordre de cette dispersion dans l'utilisation de l'eau s'impose!

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