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Ouyahia, Sellal, les lois et la vérité

Ils croyaient se défendre. Ils se sont enfoncés. Comment? En s’accrochant à une «mauvaise branche»…

Désillusion. Hier, les deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ont été une nouvelle fois condamnés par la justice. Il s'agit toujours d'affaires de corruption. Il n'y a que les hommes d'affaires impliqués qui changent. Il ne s'agit pas de commenter les décisions de justice, mais de nous attarder sur les moyens de défense des accusés qui se sont avérés riches en enseignements. Avant ces procès, il était difficile de croire un instant que de telles personnalités en charge des affaires du pays aient pu «tremper» dans des affaires aussi sordides. Même les rumeurs qui circulaient à leur sujet n'arrivaient pas à convaincre l'opinion. C'était impensable car inadmissible. Ils avaient un discours nationaliste. Ils affirmaient à chaque fois servir le pays et travailler dans l'intérêt des Algériens. Comment et pourquoi ne pas les croire à l'époque? Même si la fulgurance des fortunes qu'amassaient certains hommes d'affaires était plus que douteuse. Même si la pratique de la «chkara» était répandue et se pratiquait pratiquement «à ciel ouvert». On pouvait incriminer tout le monde, mais pas eux. Pas les Premiers ministres. Un peu moins, certains de leurs ministres. On trouvait toujours, comme pour se rassurer, des échappatoires pour dire que des membres du gouvernement pouvaient agir à l'insu du Premier ministre. Cette fonction de l'Exécutif qui vient juste après celle du président de la République a quelque chose de sacré dans l'imaginaire collectif. Si le chef de l'Etat oriente, le Premier ministre met les moyens pour appliquer ses orientations. C'est précisément ce pourquoi il présente au Parlement son plan d'action. Sur le plan de la forme tout le rituel a toujours très bien été respecté. Longues journées éprouvantes au Parlement. Attaques de l'opposition. Pour tout le monde, c'était l'essence même de la vie parlementaire. De plus, il faut le dire, pour donner crédit à une quelconque rumeur de corruption, fallait-il encore avoir au moins un début de preuve. Ce qui ne risquait pas de tomber entre les mains des citoyens lambda que nous sommes. Donc et même quelquefois dans le tumulte, les réunions des gouvernements se succédaient. Des décisions étaient prises et des lois étaient élaborées. Comme on était loin de ce qui se passait réellement dans l'opacité la plus complète. Le jour où l'une des personnalités en exercice, actuellement en prison, avait insinué que tous les responsables n'avaient pas «les mains propres», il y avait, pour beaucoup d'Algériens, de quoi tomber de très haut. Une grosse gifle, non un sacré coup de poing en pleine figure. Ainsi donc, il y avait une part de vérité dans les rumeurs. Une part de vérité dont on ne connaissait pas encore la teneur. C'est pourquoi et dès que la justice s'est saisie des premiers dossiers de corruption, un grand soulagement a gagné la population. On allait enfin connaître la vérité. En effet, elle ne tarda pas à arriver cette vérité. Les arrestations puis les procès allaient donner l'occasion à tout le monde de «visiter» les coulisses d'un monde qui leur était jusque-là impénétrable. Celui de la corruption. Pas de la petite corruption, non. Celle de haut niveau qui implique des ministres et des Premiers minis-tres. Ceci dit, on va vous étonner, mais ce sont moins les réquisitoires des procureurs que les moyens de défense des accusés qui ont fait réellement éclater la vérité. On passe sur les comptes bancaires alimentés en milliards par des sources non identifiées. On passe sur tous les détails de chacun des dossiers de tous les procès. Un seul fait suffit pour se rendre compte de l'ampleur et du mode opératoire de la corruption à ce niveau-là. Beaucoup d'accusés, Premiers ministres, ministres, mais aussi hommes d'affaires, ont soutenu avoir agi «conformément à la loi». À les entendre toutes les malversations dont on les accuse, ne sont pas fondées puisque tout a été fait conformément à la loi. C'est digne des grands esprits que de voler «légalement». Car et si la loi a pu être permissive à ce point, il ne faut pas oublier que les lois sont faites, précisément, par les ministres et les Premiers ministres. C'est ce qu'on appelle les «projets» de loi. Les lois présentées par des parlementaires sont des «propositions» de lois. Cette dernière variante n'existe pas chez nous. Les projets de lois sont déposés par le Premier ministre devant le Parlement. Il suffit quelquefois d'un mot pour changer toute la nature de la loi. Alors quand les anciens Premiers ministres croient bien se défendre en affirmant que la loi a été respectée, ils s'enfoncent encore plus. Car ce sont eux qui rédigent et font adopter les lois. C'est de la corruption préméditée. Certains rappellent que les parlementaires aussi ont leur part de responsabilité puisqu'ils votent les lois. Ce sont les mêmes qui accusaient le Parlement de «chambres d'enregistrement». Quoi qu'il en soit, tout est en train de changer dans la gouvernance en Algérie. Et c'est tant mieux!

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