Combat inégal!
S. S., un adulte de 39 ans, est poursuivi pour «coups et blessures volontaires» sur E. G. un gamin de 14 ans. Le père est dans tous ses états …
Ce n'est pas tous les jours que nous assistons à un procès mettant en cause un enfant mineur de moins de seize ans, et pourtant, c'est vrai tout aussi vrai, car la juge du jour a eu la présence d'esprit de ne pas instaurer le huis clos de circonstances, puisque, dans ce dossier il ne s'agit que de coups et blessures volontaires et non pas de tentative de viol sur mineur. C'est pourquoi ce fut un délice d'écouter les regrets et le mea-culpa de Salim. S. l'inculpé, tout au long des débats.
La juge avait décidé, pour des raisons connues d'elle seule, de juger, non pas à huis clos, mais en audience publique afin, probablement, de titiller l'amour - propre des auteurs de tels délits. Ces derniers ne sont, certes, pas légion, mais ils existent. Le courage des magistrats ne suffit pas à éteindre ce «feu», en l'occurrence de batailles rangées entre voisins et même entre les mineurs, qui continue, tant bien que mal, à diviser les relations entre des familles entières. Les faits de ce véritable drame du voisinage se sont déroulés le 12 septembre 2024. C'est un drame, d'autant plus qu'un gosse, qui, réellement fait plutôt «adulte», est concerné dans ce regrettable croc-en-jambe, presque familial, puisque les deux antagonistes sont des voisins de longue date. Ils le sont bien avant la naissance de la victime du moment.
Il faut préciser tout de même, qu'une précédente prise de bec, avait eu lieu entre l'inculpé et le papa de la victime. Ce qui constitue d'ailleurs, vraisemblablement, une grosse, pour ne pas transcrire circonstance aggravante. La possible et regrettable vengeance pouvant pointer à l'horizon! Ce procès datant de deux années auparavant, s'était d'ailleurs achevé sur deux procès, remettant normalement, en place ces turbulents voisins, dont les réciproques et répétés coups de boutoir, mobilisaient, parfois, dans l'indifférence totale les services de sécurité, qui en avaient marre de ces histoires «bidons». «Allons, allons, messieurs, quand est-ce que vous allez cesser ces chamailleries qui vous ont conduits ici, pour la énième fois?» lança le teint serein, l'oeil vif et les sourcils en accents circonflexes, la magistrate, qui voulait visiblement en finir avec cette affaire, car le rôle contenait des dossiers plus consistants que celui des deux voisins. Entre-temps, le gus de quatorze ans ne cessait de regarder autour de lui, jusqu'au moment où la présidente l'invita, via le brigadier de police de service, à rejoindre la salle de délibérations, le temps de passer à son tour à la barre raconter les faits. D'ailleurs, au moment de passer à la barre, l'enfant était comme tétanisé par l'impressionnante composition du tribunal, qui était représentée par une juge, un jeune parquetier et une ancienne greffière. La jeune victime commença par parler de gros coups à l'épaule, au visage et au dos. «Vous l'aviez certainement pris pour un punching-ball?» dit, sans ton, la juge comme pour situer la grave responsabilité de l'inculpé d'avoir pris l'immense risque, d'agresser un môme, par l'âge, certes, mais un presque adulte, par la morphologie. Ce sont des détails que souvent prennent en compte les gens, mais jamais les magistrats, tenus seulement d'appliquer la loi, et uniquement cela. Un mineur reste un mineur quand bien même il mesurerait un mètre quatre-vingt-cinq! À un moment donné, l'inculpé prit la parole sans même la permission de la juge, pour justifier son acte, qu'il ne démentira pas: «À trois reprises, il insulta avec des mots blessants et révoltants à la limite de la patience, ma mère qui, pourtant, l'aimait bien. Je lui ai demandé d'aller jouer au ballon un peu plus loin de ma fenêtre car j'habite au rez-de-chaussée du bâtiment. Cette demande faisait suite au bruit énorme que faisaient les enfants, outre les sales grossièretés balancées par bon nombre d'entre eux. Ce qui m'a le plus mis en rogne, c'est le fait que tous les enfants s'étaient repliés, et ne restait sur place que ce garnement qui me narguait, pour ainsi dire.» L'inculpé Salim S. avait vidé sa gibecière, estimant avoir tout justifié, omettant au passage, qu'il s'était rendu coupable d'une agression sur un mineur de moins de seize ans! La présidente le lui rappela et invita le procureur à requérir. Ce dernier ne se fera pas prier une seconde fois, puisqu'il débutera son intervention par des dictons bien ce de chez nous.
Par exemple, celui- là: «Remémorez - vous la famille de votre adversaire, avant de lever la main sur lui!» La juge en avait pour sa curiosité, et décida de passer au réquisitoire qui sera bref, mais coupant! «L'affaire est non seulement rare, mais grave. C'est pourquoi, nous nous en remettons aux qualités de Mme la juge, pour le verdict, et espérons que ce genre de délit ne vienne désormais, perturber la sérénité de l'appareil judiciaire. Après quoi, la présidente annonça la mise en examen du dossier, sous huitaine.