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Emouvante plaidoirie

Après avoir assisté au procès d’une femme battue, à la veille du Nouvel An, nous avons eu la très nette conviction que ce délit a de beaux jours devant lui.

En cette journée de fin décembre, un violent procès a opposé une épouse à son mari qui était poursuivi pour coups et blessures volontaires. Il risquait de se payer les termes éducatifs de l'article 264 du Code pénal (loi 06-23 du
20 décembre 2006). Zahra C. est une dame bien sous tous les rapports qui a eu la malchance de s'être unie à un ivrogne qui se comporte en voyou, les nuits et en gentleman le jour, (eh, oui!) devant les gens qu'il rencontre dans son métier de cadre bien placé, chargé du protocole de la direction, dans une entreprise publique. C'est dire si l'épouse s'adonne à son boulot quotidien, qui consiste à tenir le secrétariat de l'entreprise.
À la barre, elle se sent à l'abri, sous la protection de son conseil, Me Mohamed Djediat, du juge et de l'avocat de la société. Le président appelle l'inculpé qui joue au coq, ne cessant de toiser de bas en haut son épouse, comme s'il allait déballer un véritable réquisitoire, contre la malheureuse femme, l'oeil toujours au beurre noir: «Je vous dirais simplement que le papier du médecin est gonflé à dessein.
Elle est allée voir Moncef, son cousin qui exerce dans un hôpital de la région et... je...». Me Djediat bondit soudain, de son banc pour protester vivement contre les allégations de l'inculpé: «Monsieur le président, je m'élève sèchement contre les mensonges de l'inculpé qui devrait songer aux enfants et les amener vers lui au lieu d'avancer des propos haineux qui n'arrangent pas les choses!»
-Oh, là, tout doux, inculpé! Vous vous acheminez vers un second délit. C'est de la diffamation. Maintenez-vous vos dires ou bien avez-vous réfléchi aux conséquences?» coupe à temps le juge qui souffle, car le mari violent, a rectifié: «Je voulais seulement dire que peut-être, je dis peut-être qu'elle a usé de son lien de parenté, pour se faire déli-vrer un certificat médical aussi corsé!».
-Bien, cela change tout alors! Avez-vous oui ou non battu votre femme, mise dans l'état dans lequel elle se trouve 20 jours après?» Le détenu s'étire et ne répond pas! Il le dit sans sourciller: «Après tout, j'ai des droits sur cette femme! J'en dispose comme je veux et...
-Eh, inculpé Khaled H. Où vous croyez-vous? Tenez-vous bien et ôtez vos mains de vos hanches! Ce n'est pas une manière de répliquer à un magistrat! Votre dame n'est pas un objet, elle a droit au respect!» Ce sera le tour de Zahra, la victime qui s'avance vers le pupitre du juge qui comprend son geste et lui recommande de revenir vers le prétoire! Elle commence par essuyer ses yeux, maudit le diable, et débute son torrent de violences qui lui ont été faites, il y a moins d'un mois! «J'ai honte de voir l'homme que j'aime, être traîné devant la justice! Il m'a certes épousée par amour, il y aura bientôt
17 ans de cela, et comme cadeau de mariage, il m'a ordonné d'arrêter le boulot! Puis dès la première semaine ce fut la première gifle! Ensuite tout est allé crescendo: après la toute première gifle, j'en ai reçu deux, quatre, des coups de poing dans le ventre, en pleine face, dans la poitrine, des touffes de cheveux arrachées, sans compter les nombreuses tentatives d'étranglement!
La femme a fini de plaider sa position d'ex-femme battue! Elle entend à peine les réquisitions du procureur lequel a demandé 2 ans d'emprisonnement ferme! Auparavant, Me Djediat a effectué une émouvante plaidoirie au cours de laquelle il s'est appuyé sur les hadiths qui appellent les conjoints à s'aimer pour construire des foyers heureux!
Sur le siège, le juge condamne l'inculpé à une peine de quatre années dont une, ferme!

De Quoi j'me Mêle

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