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Je te bats, car je t’aime…

Abbès G. est un mari qui est salement poursuivi pour coups et blessures sur sa moitié, mère de ses deux enfants et portant le troisième...

La salle d'audience du tribunal, était déjà tristounette lorsque deux adultes, sont appelés au prétoire. Abbès comparaît pour avoir rossé sauvagement Malika F. l'épouse qui porte, 20 jours après les faits, un bandage qui montre «la sauvagerie des coups!» dit entre les dents le juge: «Il semble que même les voisins qui se sont opposés aux coups sur madame, en ont eu pour leur compte!
À voir pareille situation, les gens s'abstiendront à l'avenir de s'interposer entre les agresseurs et agressés, où qu'ils soient! Heureusement qu'ils se sont abstenus des poursuites à votre encontre!»
Le juge sait que ce genre de délits, est difficilement compréhensible. Nous avons le mari et ses manies, mais nous n'aurons jamais le comportement de madame, qui parce qu'elle est victime, a la protection du tribunal, du procureur et souvent de l'opinion publique portée sur l'affection d'une femme battue, humiliée, écrasée, comme si elle était une proche de ces gens!
Le juge décide de passer vite à l'interrogatoire, histoire de dégeler une ambiance électrique, car il y avait de quoi! Malgré une salle quasi vide, corona oblige, les quelques personnes qui suivent les débats, sont crispées: «Madame, parlez-nous un peu sur ce qui s'est passé, pour être battue de cette manière. Et svp, ne pleurez surtout
pas!», avertit gentiment le magistrat qui regarde Malika, la victime, articuler calmement: «Je dois d'abord m'excuser et remercier les voisins qui sont intervenus pour me libérer enfin, de la folle emprise de mon mari en colère, ce soir-là. Comme il lui arrivait, au moins une fois par mois, de me donner une raclée, dont lui seul, connaissait la cause! Oui, il me battait jusqu'à ce qu'il soit à bout de forces, car il faut vous dire, qu'au moment où il balançait les coups, on avait l'impression qu'il avait en face de lui un lutteur-boxeur-athlète de haut niveau! Il me battait sachant très bien à qui il avait affaire. Toute ma famille ignore le sort qui m'est réservé.
Le jour où il est venu demander ma main, il a promis de me laisser bosser car avec le niveau de vie qui ne cesse d'augmenter, il faut bien avoir deux salaires et encore, Allah m'est témoin quant aux économies de bouts de chandelles, que je réalise quotidiennement pour bien achever les difficiles fins de mois. Après que je suis tombée enceinte, il me demanda d'arrêter de bosser, sans me demander mon avis. Avec tout cela, il lui arrive d'entrer à la maison très tôt, de veiller face au petit écran et de se déchaîner contre moi, sitôt que le film se termine.
Le comble, c'est sa réaction après la tannée: il me soufflait sans vergogne qu'il m'aimait énormément, malgré les sautes d'humeur et ses incroyables accès de colère, détestables et insupportables!»
La dame a bien terminé son récit, la tête basse et le ton bas, aussi bas que la posture de monsieur visiblement touché par tout ce que vient d'égrener l'épouse victime de coups et blessures volontaires, ayant entraîné un arrêt de travail de 21 jours sauf complications! Et ce délit veut que l'article 264 du Code pénal, soit appliqué dans toute sa rigueur. Un article qui dispose entre
autres, que: «Quiconque, volontairement, fait des blessures ou porte des coups à autrui ou commet toute autre violence ou voie de fait, et s'il résulte de ces sortes de violence, une maladie ou une incapacité totale de travail pendant plus de 15 jours est puni d'un emprisonnement d'un (1) à cinq (5) ans et d'une amende de 100.000 DA à 500.000 DA...»
Le président appelle alors le mari inculpé à s'expliquer sur sa position, une position inconfortable du seul fait que la loi est contre lui, le bourreau de sa moitié! Il ne dira que 17 mots significatifs: «Il est vrai que je la bats fréquemment, mais ne dit-on pas «‘‘qui aime bien, châtie bien?''»
Le juge entre de suite en jeu, et siffle le plus sérieusement du monde: «J'espère que ce n'est là qu'une blague!
Le tribunal ne permettra jamais l'usage de tels proverbes! Cela suffit. Monsieur le procureur, vos réquisitions, svp! «Que dire après avoir suivi et entendu le réquisitoire de la bouche même de la victime?
L'humour qu'a fait l'inculpé, le ton mis à l'occasion, ne m'empêcheront pas de réclamer un an d'emprisonnement dont trois mois fermes.»
Le juge autorise le détenu à prononcer le traditionnel dernier mot qui sera: «Je demande pardon à ma femme pour tout le mal que je lui ai fait subir, et promets de ne plus recommencer!» Ces propos sont accompagnés par un grand et sincère «Amine Rabi Elamine» sifflé par le juge qui est touché par ce monsieur visiblement rassuré par la tournure des évènements, dont le revirement de l'inculpé qui a dû mesurer l'étendue des dégâts moraux qu'il a causés au sein de sa famille! Sur le siège, le magistrat siffle une sentence où l'indulgence fait figure de «main d'acier dans un gant de velours!».

De Quoi j'me Mêle

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