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L’ivresse de la folie

Nazim G. et Zouhir H. sont deux jeunes voisins de 19 ans, qui viennent de quitter le monde de la «minorité» pour entrer de plain-pied dans celui de la «majorité», à coups de poing et de...

En quittant ce monde merveilleux, fait de rêves insensés, à la limite de la folie, Nazim et Zouhir embrassent, pour la première fois de leur vie, le milieu des fans de Bacchus, qui n'est pas recommandable à cette frange de jeunes gens qui viennent à peine de sortir du monde des enfants, pour celui, plus rigoureux et plus rugueux des petits d'hommes ou d'ados! Ce mercredi, au tribunal, ils se présentent en comparution immédiate pour «état d'ivresse manifeste et coups et blessures volontaires». Debout à la barre pour assurer une défense sans faille, Me Akila Teldja-Drif est chargée des intérêts des deux détenus, dont elle ne cesse de répéter que Nazim est un malade nerveux, qui a beaucoup plus besoin de soins que de détention. Zouhir, l'autre gus, se plaint de coups reçus au commissariat, devant le portail du parking où sont garés des fourgons cellulaires accidentés...
La présidente fait comme si de rien n'était, et n'abordera pas cet aspect obscur, car inexistant, du dossier. L'ordonnance de renvoi évoque deux délits et madame la juge entend la respecter, jusqu'au bout. Me Teldja-Drif le sait très bien, à telle enseigne qu'elle semblait surprise par une telle déclaration!
La veille de la tenue du procès, à la prison de Chaïba (Koléa - Tipaza), l'avocate s'était entretenue avec ses deux clients et n'avait pas du tout abordé ce sujet!
Me Drif avait lancé un regard interrogateur en direction des deux détenus qui ne semblaient pas avoir vu la réaction de leur conseil! Entre-temps, Zouhir reconnaît avoir bu en compagnie de Nazim, «qui a acheté 12 bouteilles de vin rouge chez «Ahmed Farouch» le revendeur clandestin du quartier-Sud, voisin». Ils assureront même la procureure blonde, que c'était là, la première et dernière fois qu'ils s'enivraient! À retenir, donc!
-««Bien, bien, marmonna la solide juge. «Vous aviez donc bu tous les deux?» La réponse est «oui» à l'unanimité. - «Mais qui a utilisé le poignard?» C'est le voisin battu, celui qui était détenteur d'un certificat médical d'incapacité de 16 jours qui prend la parole, alors que la présidente avait d'abord invité le prévenu de coups et blessures volontaires à répondre.
-««Nous nous étions accrochés le jeudi. On nous a séparés. Quatre jours plus tard, soit le lundi, alors que je croyais m'être réconcilié avec Nazim, j'ai reçu des coups de couteau!» a récité Foued.E. la victime, qui a tenu à être présent ce jour pour demander de très gros dommages et intérêts aux inculpés. Puis ce fut au tour de Nazim, l'inculpé, de narrer les faits. Vous devez vous douter que la version était toute autre.
-««Je suis malade, Madame la présidente. Je suis incapable de tout me remémorer. Mon avocate sait tout. Elle saura vous expliquer mieux que moi!», mâchonne-t-il, triste, confus et très mal foutu, devant de telles inculpations.
- «Mais, inculpé, Me Drif n'était pas avec vous, au moment des faits! Voyons, une avocate, quelle que soit sa valeur, ne saurait expliquer une situation où elle n'y était pas!» Nazim gigotait, à telle enseigne que Me Teldja- Drif intervint pour le remettre à sa place, celle d'un inculpé en voie d'être simplement jugé, selon les lois en vigueur. C'est pourquoi le conseil se tient près de lui, car on ne sait jamais, un mauvais réflexe est toujours le malvenu. Et là, cela, serait vraiment catastrophique, pour les inculpés!
La charmante procureure posera bien deux questions sur l'usage d'alcool et deux autres sur l'article 264 du Code pénal. Les réponses viendront de la bouche de l'avocate: «Mon client a été provoqué, Foued voulait un verre en vue de planer. Nazim a refusé car le vin coûte cher.» Alors, selon vous, est-ce celui qui a refusé, qui a commencé à faire des histoires? D'ailleurs, la rixe a eu lieu à un très mauvais moment´´! a expliqué le conseil qui a ajouté que son client avait été réveillé alors qu'il était sous l'effet d'un profond sommeil, pas sous l'effet de la came ou de l'ivresse! Que cela soit clair et net. Ce qui explique, selon la délicieuse avocate d'Alger-Centre, le pourquoi de la tannée reçue et l'utilisation du couteau! Elle parle de règlements de vieux comptes entre les bandes rivales! C'est ainsi que conclut
Me Drif qui a demandé au tribunal de prendre en considération la jeunesse de son client, la vie difficile qu'il mène envers et contre ses parents très difficiles à négocier. Elle se dit «d'accord avec les demandes de la procureure, mais que la peine soit assortie du sursis», souffle la dame en robe noire, qui a tout de même fait état de sa satisfaction en fin d'audience, la présidente l'ayant suivie, puisqu'elle a rendu la sentence sur le siège.

De Quoi j'me Mêle

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