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La passerelle du drame

Un môme de moins de 10 ans a pris le risque de traverser la route qui passe sous la passerelle, sans faire attention, quand, tout à coup...

Wième.G. 9 ans et des poussières, est envoyé par sa mère chez l'épicier qui se trouve au-delà de la route que borde le domicile parental. Le gosse connaît bien le chemin et il a, à chaque fois, pris des précautions avant de foncer droit chez le commerçant.
Ce jour, par imprudence ou par défi, le garçon change de comportement. Il regarde bien la circulation qui n'est plus dense, car le «coronavirus» a mis son grain de sel et décide de traverser laissant la passerelle à 200 mè-tres de là. Il entra dans la caillasse, quand tout à coup, une voiture roulant à plus de 80 kilomètres / heure, fauche le garçon. Le choc a été terrible. Il a été si puissant, que l'enfant verra sa jambe droite, brisée en deux endroits: le péroné et la cheville! «Après avoir constaté le choc, je me suis précipité auprès du blessé, en, même temps que plusieurs automobilistes.
Dès que j'ai constaté la gravité des blessures, le premier réflexe a été de faire marche arrière, d'embarquer le blessé avec l'aide de deux automobilistes et de regagner l'hôpital qui se trouvait dans le sens opposé de ma direction», a débité l'inculpé qui venait là, d'effacer tout doute quant à la non- assistance à personne en danger! Ce détail sera largement exploité plus tard, par ce bon rusé et vieux conseil, Maître Mohamed Djediat. Presque deux mois après, les parties sont au tribunal pour clarifier la situation et, en l'absence de témoins qui refusent de se manifester pour plusieurs raisons. La salle d'audience était quasi vide, à cause du Covid-19, lorsque la sonnerie annonçant l'ouverture de l'audience de ce dimanche ensoleillé, très chaud, avec une température frôlant les 41 °Celsius. Ce n'était pas une journée de procès, mais que voulez-vous, avec cette douzaine de détenus qui devaient être entendus, car il se pourrait que parmi eux, il y ait des innocents, donc des libérables!
Après avoir reporté deux procès pour des raisons diverses, le président appela à la barre, Rabah.F. Un frais étudiant de 19 ans et 11 mois, le jour du sinistre, inculpé de blessures involontaires, fait prévu et puni par l'article 288 du Code pénal, s'avance d'un pas lourd. Son père est assis, prostré et seul dans la salle. Pourtant, selon l'enquête établie sur place, il semble qu'il n'était pour rien dans la catastrophe causée! Le procureur semblait retenu par une idée toute faite, car il sait qu'il va intervenir autour d'un accident, et ce dernier, peut arriver à n'importe qui, y compris à un collègue. L'inculpé est aussi convaincu que l'enfant est à blâmer beaucoup plus que n'importe qui, et l'avocat le soulignera fort bien. Il rappellera que son client roulait à une vitesse permise par le Code de la route, car il se trouvait, au moment de l'accident, sous la passerelle, donc, couvert par la loi. Il est bon de rappeler que le conseil de la rue Patrice Lumumba d'Alger, a beaucoup bossé sur ces dossiers!
L'avocat de Rabah.F. avait, décelé plusieurs zones d'ombre dans le dossier remis par la police judiciaire et dont les éléments chargés de l'enquête, avaient négligé certains détails capitaux quant à la responsabilité, notamment la non - utilisation de la passerelle par l'enfant: «Si l'Etat a monté une passerelle à cet endroit précis, c'est parce que le danger guettait!» avait soufflé l'avocat brun, qui ne dira mot sur les irrégularités des enquêteurs, avant son admirable intervention, qui fera que le jeune inculpé se ressaisisse face au juge. Il dit: «Il est vrai que c'est un grave accident et l'auteur n'en est pas responsable car il était censé être couvert par l'aménagement d'une passerelle qui a coûté les yeux de la tête au trésor public!».
Le magistrat aurait tant voulu acquiescer, comme pour exprimer son accord, mais l'obligation de réserve l'en empêcha! Le parquetier se leva et effectua les fameuses, traditionnelles et «robotiques demandes»: 6 mois d'emprisonnement ferme et une amende aussi ferme. Rabah est invité par le juge à prononcer le dernier mot:
«Innocent, dans cet accident!».
Ces quatre mots devanceront l'annonce par le magistrat, de la mise en examen sous huitaine de l'affaire.

De Quoi j'me Mêle

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