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Le jean de la discorde

Ce dimanche est un jour normal pour faire raisonnablement ses provisions dans un marché qui fait le plein à longueur d’année sauf 12 jours après les fêtes de l’Aïd Esseghir, car les citoyens en sont encore aux côtelettes du bélier sacrifié. Les gens vaquaient à leurs occupations, quand soudain, un brouhaha noya les environs du marché. Les clients se poussaient et dans la mêlée, un vieillard fut carrément bousculé jusqu’à se retrouver les fesses sur la poussière sale et insupportable. Un jeune homme le releva et l’accompagna jusqu’au stand de vente de ballons de baudruche, un abri en attendant que le brouhaha cesse. Eh bien, non ! Il redoubla de force et la mêlée devint du coup, une infernale bousculade qui vit un agent de police accourir vers le lieu de cette situation franchement insoutenable. Une fois sur les lieux, le flic vit alors trois gaillards dont l’un tenait un gros bâton qui lui servait apparemment de défense contre les deux visiblement farouches adversaires, qui avaient l’air d’en vouloir au plus jeune qui tenait à son gourdin plus qu’à ses prunelles.
Le policier avait, entre-temps, en courant, alerté la sûreté de daïra du coin. Il n’avait pas posé la question de savoir ce qui se passait que tout le monde se mit à causer en même temps. Le temps que le jeune agent de la Dgsn maîtrise la situation, voilà que la voiture-radio arrive.
Le chauffeur en descend et prie les acteurs de cette séquence d’embarquer, direction, le commissariat. Il prit la sage décision, avant de réembarquer, de «désarmer» Mokhtar. L. le porteur de gourdin qui se laissa faire sans placer un mot, tandis que les deux adversaires continuaient à gesticuler. Arrivés au poste de police, tout le monde est sommé de ne pas parler jusqu’à nouvel ordre. Là, les trois gus sont sommés de bien se tenir et surtout de s’asseoir en observant le silence requis en de pareilles circonstances. Une longue attente était remarquée, n’était-ce le coude ensanglanté du plus jeune des deux gars que tenait en respect le porteur de bâton.
L’officier de police arriva et ordonna l’évacuation de Salim, blessé à l’hôpital pour les premiers soins et l’établissement d’un certificat médical. Une heure plus tard, c’est la présentation devant le procureur, puis la comparution immédiate. Devant une juge dont la vivacité est à mettre en exergue, les trois inculpés et victimes sont figés et le visage décomposé par la stupidité et la bêtise humaine. « Apparemment, vous ne vous connaissiez pas. Pourquoi en être venus aux mains et au bâton ? Vous n’allez tout de même pas vous mettre à mentir et à essayer de dribbler le tribunal. C’est d’autant plus facile que la rixe a eu lieu à neuf heures, la présentation à 11 heures et le procès à 13 heures 50. Tout est frais. Tout doit être vrai !» lance la juge préoccupée par le rôle visiblement monstrueux. Boudjemaâ. L. vingt-six ans, le premier inculpé se lève et quitte le box des accusés pour le prétoire. Il sera dans un moment entendu comme victime de coups et blessures volontaires, article 264 du Code pénal qui prévoit «une peine d’emprisonnement d’un (1 ) à cinq (5) ans et d’une amende de 100.000 DA à 500.000 DA». C’est dire si le législateur a prévu le pire pour les amateurs de coups et blessures. C’est pourquoi la présidente a mené les débats tambour battant et sans perdre un seul instant car les faits étant clairs, il ne restait plus aux deux magistrats qu’à situer les responsabilités des uns et des autres. Une affaire aussi claire que de l’eau de roche.
L’inculpé Boudjemaâ s’en sort juste ce qu’il faut pour échapper à la sentence prévue par la loi : «J’ai riposté aux coups de poing par les coups de pied et c’est tout !» dira-t-il en guise de défense. Salim.L. Un cousin du premier inculpé, parle de «nif» et d’honneur car «Mokhtar. L. avait insulté ma mère en des termes dégueulasses, ce qui nous mit dans un état second.» «Vous vous connaissiez avant la bagarre ?» demanda subitement la magistrate qui obtint aussitôt un « non, pas du tout !».
La réponse fut vite commentée par la juge qui n’arrivait pas à avoir les contours de l’affaire. «C’est bizarre, comme les gens sont devenus si agressifs. » L’explication viendra de Mokhtar.L. qui informa le tribunal que la cause était en réalité l’achat d’un jeans que se disputaient Salim et moi. Je voulais absolument avoir le pantalon pour un bon prix, mais celui-là (Salim) en a offert beaucoup plus et je...» Il est vite interrompu par la présidente qui hocha la tête en guise de mécontentement : «Voilà ! On arrive aux coups et blessures pour un morceau de tissu ! C’est malheureux ! Faire perdre son temps à la justice pour des lambeaux !
De toutes les façons, le tribunal est édifié. Comme pour rappeler à la juge qu’il était victime de coups et blessures, Boudjemaâ. L. demanda la parole pour placer un mot sur le comportement des adversaires, mais la présidente fit comme si elle n’avait pas entendu. Elle pria le parquetier de requérir. «Nous demandons six mois d’emprisonnement ferme et un amende de cinquante mille dinars, pour chacun d’eux. Pour le procureur, sa mission est de confirmer les poursuites en demandant l’application de la loi. Pour le juge du siège, le dossier et sa conscience sont interpellés. Sur le siège, le juge condamna tout ce beau monde à une peine d’emprisonnement ferme de six mois assortis du sursis. A propos, qui a finalement pris le jean ?

De Quoi j'me Mêle

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