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Le juge, la loi et le … gourdin

Yassine Ouezaâ, le vivifiant président de la section correctionnelle du tribunal de Rouiba (cour d’Alger) avait une bien singulière façon, de mener un difficile et rude interrogatoire.

Oui, ce modeste, mais intenable magistrat, revêtait, malgré son jeune âge, le costume d'un père de famille, inquiet pour l'avenir de ses enfants, lorsqu' il avait en face, un inculpé de conduite en état d'ivresse qui donnait l'impression d'être plutôt, «victime». Le pauvre poursuivi pour avoir été l'auteur de dangereuses manoeuvres, en état d'ébriété manifeste, un dimanche à treize heures, en pleine circulation du côté de la sortie de Rouiba, vers la zone industrielle. Les multiples et risquées manoeuvres du jeune conducteur, ont fait que le flagrant délit l'avait amené devant Yassine Ouezaâ, le jeune magistrat, major de la XVIème promotion. Il est, certes, présent à la barre, mais absent, donnant l'impression de planer encore, vingt- quatre heures après la cuisante cuite de la veille. Cependant, il cherche des yeux, dans la salle d'audience, une connaissance en plus de son percutant conseil, venu de Chéraga, après avoir jeté un oeil au cabinet sis à Koléa, Me Ouali Laceb pour le tirer du bourbier dans lequel il s'est mis sans que personne ne lui conseille quoi que ce soit! Le magistrat dit sans ponctuation ni même battre des cils, histoire de montrer à l'assistance que son temps était précieux, et qu'il ne fallait pas perdre même pas une minute, en lamentations. «Vous aviez bu, un peu trop, selon les analyses! C'est bon! C'est votre affaire surtout qu'il n'y a aucune loi humaine nationale qui l'interdise! Par contre, il y a des lois qui interdisent de prendre le volant après avoir consommé de l'alcool! À propos, combien avez-vous bu de bouteilles? Ouezaâ, le juge va avoir une réponse édifiante, à plus d'un titre: «Quatre verres de whisky, deux litres et ½ de vin rouge et douze bières!»
-Vous étiez seull? J'espère que non, car c'est beaucoup comme quantité d'alcool.» L'inculpé ne répond pas. Il jette un regard furtif à son avocat qui se tient à carreaux, procédure oblige! Le procureur, jusque-là silencieux, intervient en vue d'obtenir une confirmation:
«Vous êtes sûr que vous étiez seul au moment du rafraichissement?
-Oui. Pourquoi cette question, monsieur le procureur, svpp?» dit innocemment l'inculpé qui verra le parquetier répondre qu'ici, seuls les magistrats posent des questions, et aux autres d'y répondre. Il ajoute le plus sérieusement du monde, avec un accent de «patron de la police de l'audience»: «Vous êtes un inculpé censé être informé sur vos droits, certes, mais beaucoup plus sur vos devoirs. Nous posons des questions, toutes les questions que la loi permet, vous êtes tenus d'y répondre. À défaut, vous êtes libre cependant de ne pas y répondre, et le tribunal saura à quoi s'en tenir. En tout état de cause, seule la loi balise les interventions.»
«Cela arrive à la plupart des inculpés, le stress aidant, et les conseils prodigués s'envolent aux premières questions posées!» articule lentement le conseil, heureux de l'acquiescement de la tête du juge du siège. Yassine Ouezaâ, en magistrat avisé, ne veut point perdre de temps, et passe à la vitesse supérieure en abordant pour la première fois, les circonstances de l'accident. Il est curieux de connaître à quelle vitesse Tarek. R. roulait au moment du sinistre. «100 km/ h, monsieur le juge.» répond, sans calculer les risques de cacher la vérité.
--Vous en êtes sûrr? Nous avons, sous les yeux le PV de police, et c'est un document officiel à prendre avec sérieux. Vous n'êtes même pas enfant de la région, et donc, vous n'avez aucun grief contre les services de sécurité! Vous avez commis un grave délit, et vous devez vous y conformer. Alors, je vous préviens.» Le détenu revient alors sur terre, et articule: «M. le juge, je suis coupable de consommations d'alcool, de conduite en état d'ivresse et d'excès de vitesse.» Un large sourire illumine le visage juvénile du juge, qui dit d'un trait que le dossier est en examen, sous huitaine.

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