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Lorsqu’un juge ne lit pas...

Une des qualités premières d’un magistrat du siège, c’est de lire son dossier, sinon...

Miloud M. et Mohammmed C. sont deux amis d’enfance qui, une fois, l’âge mûr, se sont tournés vers l’informel. à l’époque, c’était la mode : qui ferait plus d’«affaires» que l’autre ? Ils ont seulement pris soin de ne pas jouer avec le feu. Ni trafic de drogue ni trafic de faux billets, rien qui puisse leur attirer des ennuis. Hélas, ce qu’ignorait Miloud, c’est que son associé et meilleur ami Mohammed C. s’adonnait à l’escroquerie tous azimuts ! Néanmoins, Miloud s’apercevra en retard du retournement de son associé et meilleur ami, à savoir le jour où ils furent convoqués par le tribunal d’El Harrach (cour d’Alger) pour être inculpés d’émission d’un chèque sans provision. Le comble, c’est que Miloud n’avait rien signé. Il le saura plus tard lorsque son associé lui annonça en aparté qu’il comptait s’installer en Europe, c’est pourquoi il avait un besoin pressant de fric, de beaucoup de fric.
Ainsi, il ramasserait rapidement et salement la somme visée pour quitter le pays et éviter les nombreux créanciers. Le scandale aura lieu lorsqu’une dame proche de Mohammed C. déposera plainte pour un chèque en bois signé par les deux soi-disant meilleurs amis. Or, Miloud criait à qui voulait l’entendre qu’il était innocent. Il était ainsi parti pour cinq ans d’ennuis, de gros ennuis, surtout avec une catégorie de juges du siège qui ne lisent pas ou peu les dossiers. En effet, il est insupportable pour un prévenu de traîner une inculpation bidon par la faute de la juge d’El Harrach, «out» le jour du procès. Nous étions le 14 décembre 2014. Ensuite en appel, le 9 avril 2015, la chambre pénale d’Alger dont les juges n’ont évidemment pas parcouru le dossier. Et c’est ainsi que le verdict a été sans pitié pour le malheureux inculpé qui écopa d’une peine d’emprisonnement ferme de
18 mois, outre une amende de 460 000 DA et des dommages et intérêts de 600 millions de centimes. Croyant dur en la justice, le condamné interjeta appel et là aussi, madame la présidente de la chambre correctionnelle, fit comme sa jeune consœur du tribunal d’El Harrach. Sinon, comment expliquer qu’une reconnaissance de la part de la victime Fatma-Zohra. R. qui a affirmé devant le juge d’instruction, que c’est bien Mohammed C. qui a fait une affaire avec elle et non Miloud M. qu’elle ne connaissait même pas ! C’est dire que c’est bien Mohammed C. qui a été le seul auteur des deux signatures. Pourquoi le juge d’instruction n’a pas été clair dans ses conclusions ? Le dossier est le cœur de toute affaire judiciaire.
Si madame la juge du siège avait bien pris la peine de ne faire que son boulot en feuilletant et lu le dossier où une vieille femme poursuivait un boulanger pour escroquerie, elle aurait lu un feuillet capital, émanant du juge d’instruction, et alors elle aurait su au bon moment que la vieille femme poursuivait Mohamed C. et non, son ami de 30 ans, et associé Miloud M. qui sera condamné au même titre que l’escroc. Nous nagions en pleine erreur judiciaire. Le malheureux Miloud verra le ciel lui tomber sur la tête. Il n’arrivait pas à comprendre ce qui se tramait dans les juridictions, surtout après la fuite à l’étranger de son «traître» d’associé et ami qui l’a jeté dans la gueule du chacal pour ensuite prendre ses jambes à son cou, traverser la Méditerranée. Entre-temps, le pauvre condamné injustement introduisit le 7 mai 2015, un pourvoi en cassation. La Cour suprême elle, lut comme il faut le dossier et via ses trois juges expérimentés, donnera le feu vert, pour la révision du procès par une autre composition, par le légendaire concept : «casse et renvoi.» Le 31 janvier 2018,
30 mois d’attente et d’angoisse, le dossier redescendit du Val d’Hydra au Ruisseau, à la cour d’Alger qui programma l’affaire pour septembre 2019. Après deux renvois, Miloud M. se présenta devant le trio présidé par l’excellent et flegmatique Brahimi qui écouta avec beaucoup d’attention le prévenu dont Maître Djamila Djahmoune étala un savoir–faire inégalable. Elle laissera cependant le soin à son client de rappeler au juge les mésaventures qu’il a connues, notamment cette
triste et malheureuse histoire de la reconnaissance, par-devant le juge d’instruction, que la victime n’a jamais connu le prévenu Miloud M. Par contre, elle accabla Mohammed C. (absent ce jour, et pour cause). «Monsieur le président, je vous informe qu’à cause des ratés de 2014, j’ai été emprisonné en 2018, soit deux ans après le prononcé du verdict définitif, à la suite de l’application de la contrainte par corps. Une humiliation ! C’est tuant, à cet âge de faire injustement de la prison et d’être obligé de casquer une somme tombée du ciel. Le résultat de tout ceci, est que je n’ai plus exercé depuis 2014. Cinq ans de perdus, avec comme prime, un emprisonnement gratuit pour un délit que je n’ai jamais commis et des dettes impayées à ce jour !» avait presque pleuré le prévenu qui devra attendre encore une longue semaine, pour apprendre enfin sa relaxe pure et simple. Que de temps perdu parce que des juges du siège n’ont pas lu leur dossier ! Avis aux amateurs 

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