Pourquoi tout ça, fiston?
Cette véridique histoire a eu lieu il y a huit semaines dans une des nombreuses chaumières rurales, où les gens vivent simplement leur vie quotidienne, jusqu'au jour où dans l'espace réduit de l'exiguë salle d'audience du tribunal celui-ci jugeait une très grave affaire de «coups sur ascendant».
Un homme, père de trois beaux enfants, s'en prend à sa propre maman. Outre la malédiction divine, ce vilain garnement, est face à une juge connue dans le milieu carcéral comme une dame de fer, comme ses verdicts! La présidente de la section pénale juge était vraisemblablement assommée devant l'état de la vieille mère, victime de coups et blessures volontaires, ayant entrainé une cessation de travail de vingt et un jours.
Et l'auteur des coups, n'est autre que son fils, âgé, tenez -vous bien, de quarante- sept ans. Le président de la section pénale, entre d'emblée dans le vif du sujet:
-- «Voulez-vous un report, le temps de constituer un avocat, comme le prévoit la loi?» annonce la magistrate visiblement émue, mais point ébranlée par la vue de la victime? Il faut vite préciser que malgré que le père ne fût pas du tout prêt à ll'interrogatoire, il déclinera l'offre du juge de renvoyer les débats.
Le jeune détenu a la tête baissée, les genoux rentrants et le dos rond. Visiblement, il a honte.Il a honte surtout qu'en entrant dans la salle d'audience, il avait aperçu la tante paternelle, blottie entre deux proches à l'air pas du tout rassurant, ni pacifique. Une tante venue voir la «bravoure» celle-là même qui a veillé sur lui jusqu'à la fin de la scolarité. L'assistance est émue. La très jeune représentante du ministère public est debout.Elle tient à jouer son rôle en entier. Oh! Oui, son devoir est de demander l'application de la loi et seulement cela! Entre temps, la juge lance un regard de feu, comme pour pouvoir «fusiller» le geste condamnable du jeune homme: «Vous avez certainement lu Le Saint Coran!» Il fait oui de la tête. «Citez un seul verset.» Le détenu ne bouge pas. Il ne parle pas. Il semble loin de la salle d'audience. Soudain, il prononce une phrase, dont on ne retiendra que le nom d'Allah.
-«Tiens, donc! Voilà un mot agréable à l'ouïe! Il fallait penser à Dieu avant de lever vos mains sur votre génitrice! En fait, il avait probablement récité le verset où Allah recommandait aux gens Son Aadoration uniquement, et d'être bons avec les parents qui ne méritent même pas «ouf»! Ou si vous voulez un «souffle»! Cette réflexion a rassuré la magistrate qui a probablement estimé que la leçon a été retenue.
- «Vous nn'avez rien à dire à maman?» ùurmure maternellement la juge, qui lance au passage un oeil en direction de la parquetière, laquelle n'attendait certainement qu'une invitation aux réquisitoires.
-Si, si! SS'empresse de déclarer l'inculpé qui n'en peut plus. Son crâne va éclater en mille morceaux. Il avait même horreur de vaciller, et, plus grave, chuter lourdement, sur le sol, derrière la barre! L'atmosphère se détend. Les deux magistrats jettent un regard comme seuls les magistrats savent en lancer. C' est ce qu' on appelle dans le jargon judiciaire «coups sur ascendants» fait prévu et puni par l' article 267 DU Code Pénal qui dispose (Ordonnance N°75-47 du 17 Juin1975) dans ses alinéas 1 et 2 que, «Quiconque, volontairement, fait des blessures ou porte des coups à ses père ou mère légitimes, ou autres ascendants légitimes,est puni ainsi qu' il suit:
1°) de l'emprisonnement à temps de cinq à dix ans si les blessures ou les coups n'ont occasionné aucune maladie ou incapacité totale de travail de l'espèce mentionnée à l'article 264;
2°) du maximum de l'emprisonnement de cinq à dix ans s'il y eu une incapacité totale pendant plus de quinze du...» Les deux autres alinéas du 267 ne concernent pas ce dossier.
Finalement, la pression tombe, et on attend la chute, et la fin des débats, qui n'auront valu que par la demande de pardon du fils meurtri, blessé, et humilié par les poursuites. Ces dernières ont vu l'inculpé, écoper d'une peine d'emprisonnement ferme de un an. N'ayant pas compris que son pardon seul ne suffisait pas, la pauvre dame, tombe de désespoir. Elle est vite relevée par le brigadier de service da ns la salle d'audiences. A peine, avait-elle rouvert ses paupières qu'elle s'exclama, l'âme en peine, et les larmes argentées noyant des joues creuses: «Monsieur le juge, pourquoi l'enfermer durant une année entière? Qui va s'occuper de moi dorénavant? SVP, laissez-le revenir à la maison. Je veillerai à ce qu'il ne fasse pas de bêtises... Et...Je vous...