Sauvé par le gong!
Le vol est, comme le savent très bien, outre les éléments de la police judiciaire, les magistrats et les avocats, le délit n°2, après la came, deux fléaux qui menacent gravement, la société.
Ce procès à retournements de situations, concernait le jugement de deux gus, pris en flagrant délit de vol par effraction, fait prévu, et puni par l'article 350 du Code pénal.
Les débats s'annonçaient rudes, surtout que les deux présumés voleurs ont été pris d'une manière «enfantine», d'autant plus que Messaoud. R.29 ans, chômeur de luxe, s'était avéré un récidiviste notoire, alors que Farid. S. le lycéen-cerveau de dix-neuf piges, en était à sa toute fraîche 1ère «sortie» sur le terrain du banditisme.
Le président de la section correctionnelle du tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d'Alger) entama les débats sur les chapeaux de roue, dans une minuscule et sombre salle d'audience, vide, aux trois quarts, très canicule oblige. Donc, seuls, les plus proches parents et copains des inculpés, étaient présents. «Alors, si Farid. S. dites nous un peu, ce qui s'est passé dans votre crâne, pour avoir mis votre liberté en danger?»,articula le juge.
Le détenu, qui paniquait déjà, avant même la fin de la 1ère question du président, semblait out. Il a dû réaliser la catastrophe, car, le plus jeune des apprentis - voleurs, commença à chialer pour une raison que lui seul savait: «Monsieur le juge, je vous demande pardon. J e n'aurais jamais dû entraîner avec moi, cet idiot de Messaoud, qui a fait tout rater à cause du manque de sang-froid.
-- Ah, bon, cc'est vous qui l'aviez entraîné? Et pourtant il est beaucoup plus âgé. C'est curieux, non? Mais pourquoi pleurez - vous donc? Les débats ne sont même pas terminés, et alors!»articule lentement le magistrat, qui semble en superforme.
--CC'est pourtant, la vérité. Je verse des larmes, parce qu'en faisant cette grosse bêtise, je peux dire adieu à tous les projets, moi, oui, moi qui faisais tout, pour réussir mon bac, car je pensais être chirurgien, ou, à défaut, prof en médecine...
-- Oh, aie, aïe! Des regrets? C'est très bien de se repentir. Ce serait mieux de garder cet état d'esprit!
Le tribunal retiendra ce torrent de larmes. Mais, attention, vous êtes très jeune, et apparemment, très ambitieux.
À l'avenir, il faudra réfléchir avant de passer, et même de penser aux mauvaises, et destructrices actions.»marmonne le juge qui entend le second inculpé, lequel, fait preuve d'une couardise sans pareille. Il n'a fait que pleurnicher.
Le procureur se taisait. Il n'avait pas envie de répondre à un inculpé incapable d'assumer sa faute. Il se limitera, en la demande de la punition prévue par la loi. C'est fin, intelligent... deux portraits dessinés d'un «trait fin et alerte», par le procureur sarcastique, comme son sourire légendaire, et son mépris pour les lâches. Un presque simple d'esprit que cet inculpé récidiviste, dont on appréciait sa singularité, pourtant inquiétante, son aléatoire manière d'être. À la barre, le détenu est mieux qu'au box. Son verbe chaleureux aussi bon que l'arabe qu'il parle, entrecroise ses méfaits passés tous regrettés. Ébahi et charmé, le président reste cependant vigilant et concentré, car il a sous les yeux, le code pénal qui est une pièce maîtresse, dans son boulot. Notamment, il a le texte de l'article 350 du code pénal (loi n° 06 -23 du 26 décembre 2006), qui punit, par exemple, d' un emprisonnement d' un (1) an à (5) ans et d' une amende de 100000 DA 0 500000 DA. La même peine est applicable à la soustraction frauduleuse d'eau, de gaz et d'électricité... tout coupable de vol ou de tentative de vol...»
Rendez-vous, et d'ici, là, gageons que le feu se consume. Sur le siège le juge prend ses responsabilités, tout en accordant le «plaisir» au prochain candidat au bac, de tenter sa chance: l'inculpé récidiviste encaisse un très lourd emprisonnement d'un an ferme, alors que le jeune est condamné à un an d'emprisonnement, assorti du sursis.