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Trois étages sans permis ?

L’ex-président de l’APC d’El Makaria (Hussein Dey, Alger) a passé plus de trois quarts d’heure à la barre pour se défendre de terribles inculpations.

Drôlement nippé d’un costard bleu «soft», d’une cravate de luxe, la tête enveloppée de cheveux grisonnants, le tout entourant demi-crâne chauve, Mourad B., l’ex-président de l’APC d’El Makaria (Hussein Dey), suivait, perplexe mais, paradoxalement calme, pour un inculpé qui risquait une peine d’emprisonnement ferme d’un an pour une histoire de construction «sauvage», montée de toutes pièces, avec la complicité d’un certain intermédiaire Abdelli G. qui dira, à la fin de l’interrogatoire, qu’il faisait l’objet de mépris du cercle «policier» et que cette histoire, de prime abord risible, était, en fait, plutôt dramatique, relevait du fameux et éphémère cinéma muet.
Walid Kouici, le jeune président de la section correctionnelle du tribunal d’El Harrach (Cour d’Alger), avait, depuis le début du procès, le PV d’audition des premiers «frottements» policiers qui, avec le noble métier qui était le leur, qui ne firent qu’écouter sereinement, en notant «mot à mot», et honnêtement, et sans haine, SVP, les différentes déclarations des trois suspects, ahuris, d’abord, puis non résignés. Nous apprendrons par la même occasion, les limites des maires du pays ; des maires qui ne trouvent plus les mots qu’il faut le jour de leur «jugement» par des «terriens» nommés «juges» qui les écoutent sur des dossiers, mais alors, mes amis, bien ficelés.
Il faudrait peut-être préciser que ces dossiers aménagés par une expérimentée police judiciaire sont d’abord montés sur les «on dit que …» et «il paraît que…» souvent appuyés par de sentencieuses expressions telles que «vous savez, ceux qui ont ‘’donné’’ ce maire» ont été maintes et maintes fois poussés à répondre que des propositions avaient été faites, nous allions écrire avec amertume, que des pots-de-vin avaient été miroités aux défenseurs des causes populaires, à qui on avait demandé le… «silence» ou, à défaut, la mise sous l’éteignoir de faits très graves pouvant les mener directement en taule !
Kouici, le juge qui avait certainement lu, relu, vu, revu passionnément, et goulûment, son dossier ne voulait absolument pas passer à côté. «Savez-vous que dans de tels dossiers, les déclarations sont souvent contradictoires, pour ne pas dire fausses, et même nous pouvons l’affirmer sans crainte d’être contredit ‘’préfabriquées’’ ?» s’était insurgé Kouici, qui n’ignorait pas que l’équipe d’en face était loin des vraies déclarations. Il savait très bien que les inculpés s’étaient préparés à toues les éventualités mais, la confiance en soi, la compétence qui l’anime font que ce magistrat est non seulement crédible mais encore solide dans ses manières d’interroger les inculpés. Sa façon de poser les questions, de conduire ses audiences laissent deviner que ce juge du siège est surtout un fin accrocheur, et un doux juge à l’âme pliante devant les souffrances «humaines» afin d’arriver, rapidement et, surtout, sans encombre, à la vérité. Pourtant, à un moment donné, vers les onze heures, un dialogue de sourds s’instaura dès lors que le magistrat s’en tint au seul délit. En face, il y avait trois gigolos qui prenaient plaisir à répondre souvent à côté de la plaque. Mais c’était sans compter avec la fraîche expérience du jeune, lequel avait été poussé à effectuer une sèche mise au point, aux trois inculpés libres qui n’auront d’autre issue que de se rendre à l’évidence, et donc, à ne répondre qu’aux seules questions du tribunal.
Les avocats, eux, se terraient à droite des débats, laissant libre cours au «tête-à-tête» président de l’audience-inculpés. Les débats s’animeront au moment où le magistrat entra dans le vif du sujet, à savoir le comment a été montée la fameuse villa de trois étages, sans permis de construire. «J’ai sous les yeux, là, juste ce qu’il faut comme ‘’ingrédient’’ que le président de l’APC de l’époque, c’est-à-dire vous, Mourad B. était à chaque fois passé, les yeux fermés. Alors, inculpé, qu’avez-vous à préciser là- dessus ?» L’ex-maire est debout à la barre, à la droite d’Abdelli, l’inculpé qui savait tout mais qui ne parlait pas. Si Mourad B. répondait juste ce qu’il fallait car, selon lui, les services techniques étaient censés suivre au jour le jour les chantiers. C’est alors que le juge Walid Kouici dégaina rapidement pour ne pas se laisser doubler par les inculpés : «On disait qu’au moment de la construction les ouvriers ne s’aventuraient à travailler que dès la tombée de la nuit.» Un silence de mosquée un vendredi, midi trente, s’instaura durant quelques courtes minutes, avant qu’un brouhaha de stupéfaction ne «troue» la terne ambiance. Finalement, la mise en examen après que le procureur eut demandé une peine d’emprisonnement pour les trois inculpés, stupéfaits, on ne voit pas pourquoi.

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