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Bidonville tout confort

De la grandiloquence, de la démesure dans l´action publique. Peut-être même un peu de folie et sûrement de la déliquescence à tous les étages. La semaine dernière, deux informations livrées en concomitance comme s´il s´agissait de saynètes qui maillent un vaudeville, sont venues rappeler dans quelle incohérence ce pauvre pays est contraint de s´ébrouer. La wilaya d´Alger, qui vient de boucler un harassant recensement des bidonvilles a décidé, bille en tête, d´en supprimer 40.000. Et Sonelgaz, par un manque à gagner, constaté au demeurant, depuis la nuit des temps, décide, en revanche, d´installer des compteurs dans tous ces bidonvilles. Voilà, quand l´un veut éradiquer ces verrues qui font ombre à l´honneur national (si toutefois, il en reste encore un peu) l´autre veut, au contraire, leur donner corps et vie quasi-officiels, au nom d´une rentabilité peu évidente, par ailleurs.
La wilaya, on le sait, a toujours fait écho aux déclarations fantaisistes de quelques ministres dont la surenchère idéologique ressemble à s´y méprendre à de la paranoïa. On a déjà entendu ce ministre du Tourisme déclarer, la main sur le coeur, qu´à l´horizon 2010, l´Algérie accueillerait 3 millions de touristes. Ces gogos dépenseraient, tenez-vous bien, 6 milliards de dollars. Quand il avait énoncé cette énormité, digne en vérité d´un irresponsable, le baril en 2004 atteignait, avec peine, les 30 dollars. C´est dire qu´on était nombreux à attendre ce miracle qui viendrait des nuitées vendues à ces hordes touristiques. Un autre ministre voulait construire 2 millions de logements en moins de temps qu´il ne faut pour le dire. M.Ghoul veut défier Augias et Hannibal, Haussman et les Etats-Unis d´Amérique et toutes les lois de l´économie mondiale. 1200 kilomètres d´autoroute en quelques mois. Et tutti quanti...Aussi, quand le wali d´Alger annonce, avec un aplomb qui coupe le souffle, qu´il va supprimer 40.000 bidonvilles, on reste un peu perplexe lorsque, par ailleurs, on sait qu´il n´est pas en mesure de garder une ville plus ou moins propre. Alors, en matière de déclarations intempestives et souvent inconsidérées, on saura, messieurs, garder raison.
A l´inverse, Sonelgaz dont plus de 30% de la production d´électricité est piratée, est, elle, en mesure de tenir cette promesse d´installer des compteurs dans ces cloaques. Elle en a les moyens. Mais tout de même! On va, là, friser le ridicule, car on se demande comment on va fixer les compteurs sur de la tôle ondulée. Comment fera-t-on les relevés? A quelles adresse enverra-t-on les factures et les avis de coupure? De combien d´agents, Sonelgaz dispose-t-elle, pour procéder aux relevés? Allons, donc! Sonelgaz sait qu´on est là dans des zones de non-droit et qu´il faudrait, pour y pénétrer, des escouades de gendarmes armés jusqu´aux dents. Alors, messieurs, doit-on garder ces bidonvilles, avec électricité et peut-être téléphone et eau courante, si d´autres folies venaient à se réveiller, ou veut-on les supprimer? Peut-être que la solution est, comme d´habitude, au milieu du gué. On s´accommodera, tout compte fait, de bidonvilles tout confort. Ça sauve la face à tout le monde, sauf à ces damnés qui y vivent...

De l´eau et des maillots
M.Bouteflika est parti s´égayer sur les dunes de In Amenas du sous-sol desquelles il puisera cette eau précieuse pour la transporter, à coups de milliards de dollars, jusqu´à Tamanrasset. Soit! Passons sur son entrain et cette jeunesse retrouvée -enfin, n´exagérons rien!- autour d´un ballon qu´il frappe admirablement de la tête. Ceux qui lisent dans le marc de café, disent que c´est là l´entame d´une campagne pour un troisième mandat. Mais laissons là ces spéculations et allons plutôt à l´essentiel! L´eau est, supposons-le, déjà à Tamanrasset, alors, cet investissement faramineux accompagnera-t-il un vrai projet pour cette région d´Algérie? Qu´est-ce qui va changer à Tamanrasset? Rien! Les autorités «civiles et militaires», comme on disait naguère, ont concocté un programme de développement à l´exacte hauteur de leurs naines ambitions.
Un siège d´une daïra, un hôtel des postes, l´inévitable lycée, une mairie, je crois, et...une piscine olympique. A croire que les Targuis attendent cette eau miraculeuse avec un maillot de bain ou un bikini à la main. Niaisement, on pensait que cet effort exceptionnel de l´Etat allait contribuer à faire de Tamanrasset un vrai pôle touristique, genre Marrakech. Or, au vrai, en simplifiant, cette eau ne servira qu´à quelques rombières de sous-préfecture qui s´ébroueront dans une eau chlorée pendant que leurs hommes tapent le carton dans des bureaux climatisés de la République, sous l´oeil attendri de secrétaires ramenées du Nord. Au fait, a-t-on dit au Président que la population étrangère clandestine, qui peuple les townships de Tamanrasset, est sans doute deux fois supérieure à celle des autochtones? Mais, voilà, à Tam, on préfère lui donner un ballon.

Sauver les «Balcons»
Voyage impromptu à Biskra. Immuables Balcons du Ghoufi. Immuables l´impressionnant canyon et cette mystérieuse poésie qui continue à planer à l´allure de l´éternité. Le reste, cependant, est d´une désolation saisissante. Villages historiques en ruine. Adieu l´hôtel Transat où séjournèrent, naguère, André Gide, Sartre et Beauvoir...Ecrivains de leur Etat! Et à la fin des années 60, Léo Ferré qui brûlait un joint en «contemplant Dieu». Et ces palmeraies aux plumets verdoyants qui serpentent le long d´une rivière qu´alimentent les eaux de la fonte des neiges des monts environnants de l´Aurès. Ces arbres majestueux ne sont plus que des troncs calcinés. Des chicots. Plus de vie dans le Ghoufi, sauf peut-être cette vieille femme édentée qui fabrique de l´engrais à partir du limon et des crottes de chèvres, vendu à 200DA la mesure. Peut-on laisser, ainsi, l´un des plus beaux sites d´Algérie (peut-être du monde méditerranéen) à l´abandon? Notre ministre de la Culture de laquelle dépendent les «Balcons du Ghoufi» doit lancer rapidement une opération de sauvetage. C´est nécessaire. C´est vital. Il y va du respect de l´Histoire et de la culture nationale et universelle.

De Quoi j'me Mêle

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