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La wilaya «49»

Un fait divers à connotation éminemment politique défraye la chronique dans les chaumières algériennes. Ses acteurs, des fils à «papa», le lieu du déroulement du drame, la résidence d´Etat Sahel, (ex-Moretti) ont participé à la médiatisation de ce «reality-show» à l´algérienne. Il s´agit bien sûr, de l´affaire du jeune Mehdi Sari séquestré, violenté et laissé pour mort par ses «amis», drame qui a soulevé passions et moult interrogations. En effet, quoique les pratiques des fils de riches et autres notables soient notoires, c´est la première fois que la justice prend en charge avec célérité un semblable cas de figure, en procédant à l´arrestation et à l´interrogatoire des mis en cause, tous, cela va sans dire, fils de «bonne famille» mais gâtés par la permissivité ambiante et les bras longs de papa(s). Aussi, est-ce la fin des intouchables, comme le suppute notre confrère Mohamed Abdoun? De fait, l´affaire «Moretti», outre de confirmer qu´il y a eu, ou il y a en Algérie, une justice à deux vitesses, indulgente pour les puissants, impitoyable pour les pauvres et les sans-grade, montre également le clivage qui s´est instauré entre les citoyens avec l´existence de fait d´une classe de privilégiés pour laquelle tout est permis, et une classe de «serfs» à disposition des nouveaux maîtres. Et ce sont les images que renvoient les résidences d´Etat de Moretti et du Club des Pins, deux bunkers qui ont tout des «quartiers de haute sécurité» que ne fraye pas le commun des Algériens. De fait, cette affaire a donné de (sou)lever le voile sur certains passe-droits et la mise à nu de l´existence de fait de deux collèges en Algérie, de citoyens au-dessus de tout soupçon et d´une plèbe, ce «ghâchi» contre lequel vitupérait déjà un certain homme politique. N´est-ce pas Monsieur Boukrouh? En fait, le fond du problème est là, 1,5 million d´Algériens se sont sacrifiés pour que disparaisse cet infamant deuxième collège de triste mémoire, réservé par les colons aux «indigènes». Or, Moretti et le Club des Pins, - que les Algériens qualifient par dérision la wilaya «49» - (référence aux 48 wilayas), sont bien les lieux où les «intouchables», tendent à reproduire une Algérie à leur mesure, comme l´ont fait les colons français, excluant le peuple, ce laissé-pour-compte. Ainsi, le provisoire est devenu permanent, ces locataires de passage y prenant racine avec armes, bagages, familles et animaux domestiques. Aussi, l´affaire du jeune Mehdi Sari est-elle exemplaire en ce sens qu´elle jette une lumière crue sur les moeurs singulières de cet échantillon d´humanité au-dessus des lois du pays qui regarde de haut ces pauvres gens laborieux. De fait, au-delà de l´affaire elle-même qui se réduit à un pitoyable règlement de comptes, comme il s´en produit des milliers de par le monde, celle-ci n´aurait pas soulevé plus de remous qu´elle n´en mérite, si ce n´était la qualité de ses acteurs, tous fils de riches, et les lieux du méfait. Ce sont ces derniers, les résidences d´Etat, - qui occupent le peu enviable rôle de second couteau dans ce mauvais feuilleton -, qui font problème. Or, l´existence de tels lieux fermés est aujourd´hui une hérésie, voire une injure faite à l´Algérie du million et demi de martyrs. Aussi, on est en droit de se demander le pourquoi du maintien de telles résidences lesquelles ont été déviées de leur fonction première - et nous ne pensons pas ici à leur activité réelle qui est la promotion touristique - pour devenir le point de chute «permanent» de cette nomenklatura qui méprise le peuple et ce qui le représente. C´est cet esprit arrogant, qui n´est pas éloigné du concept d´apartheid, qui meut ceux qui ont fait main basse sur les affaires politiques, économiques, financières du pays, lesquels ont un pied dans cette «quarante-neuvième» wilaya, hyper-protégée, et un autre en Europe, aux States, au Japon ou en Australie, là où leurs affaires du moment les appellent, ayant peu ou prou de contacts avec l´Algérie réelle. Un Moumène Khalifa n´a pas été créé autrement qui a prospéré en toute quiétude à l´ombre de connivences surfaites avant d´être lâché par ceux-là mêmes qui ont tiré profit de lui. Cela pour dire qu´il est grand temps pour le pouvoir de clarifier la donne sécuritaire - qui justifia, en son temps, la création de ces résidences protégées, résultat de la violence islamiste -, quand les responsables politiques et de la sécurité ne cessent de répéter que les années rouges sont derrière nous sans, en parallèle, réduire ou éliminer ce qui les rappellent. Aussi, le maintien des résidences d´Etat est-il aujourd´hui injustifié. Comment, en effet, peut-on convaincre les potentiels investisseurs étrangers que l´Algérie est redevenue fréquentable si ses responsables politiques, économiques et financiers continuent de se terrer dans ces résidences inexpugnables. Ce qui, à tout le moins, jure avec les propos rassurants sur le retour de la sécurité dans le pays. Cette ambivalence se vérifie par le peu d´empressement des investisseurs, alors que tout est fait pour les séduire et les persuader à venir en Algérie. En fait, les hommes d´affaires étrangers demandent à voir avant d´investir leur argent (c´est aussi le cas pour l´état d´urgence dont le maintien est dissuasif, impliquant que les choses ne sont pas aussi limpides qu´on le dit). Aussi, c´est en sortant du bunker de Moretti et du Club des Pins que les responsables du pays montreront qu´en Algérie, l´ordre républicain règne, que la nuisance du «résidu» du terrorisme islamique est désormais sous contrôle. De fait, la wilaya «49» n´a plus de raison d´être d´une part, d´autre part, elle renvoie une image négative du pays, au plan politique, social et sécuritaire, quand elle ne sert pas de repère à toutes les intrigues et rend possible tous les abus, comme en témoigne l´affaire citée en référence.

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