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Présentation de Métamorphose(s) à l’Institut français d’Alger

À la découverte du cinéma africain

La septième édition du programme itinérant Quartiers lointains a permis de dévoiler des courts-métrages qui décortiquent la notion d’exil et son pendant, la souffrance mentale et physique...

Claire Diao est une critique de cinéma franco-burkinabé. Son intérêt pour le cinéma l'a poussé à créer en 2016, une société de distribution appelée Sudu Connexion, une socie´te´ de vente et de distribution de films d'Afrique et sa diaspora. Son catalogue qui n'a cesse de grandir depuis et ses films de recevoir des prix internationaux, se compose de courts, moyens et longs me´trages (documentaire, fiction, expe´rimental). Sudu Connexion travaille avec un réseau de plus de 500 festivals sur les cinq continents, des te´le´visions internationales et des plates-formes de Vod/Svod. Depuis 2016, Claire Diao voyage à travers les continents pour faire découvrir une série de courts métrages réalisés, notamment par des jeunes réalisateurs inconnus au bataillon; notamment de l'école de la Fémis, comme ce fut le cas récemment, mais pas que. Cette semaine, son périple l'a fait venir en Algérie, sur initiative de l'Institut français d'Algérie où elle achève actuellement de présenter la septième saison de Quartiers lointains , un programme itinérant qui met ainsi en lumière le travail de ces cinéastes, rendant le lointain plus proche et révèle les points communs plus que les différences. «Métamorphose(s)» est la thématique de cette septième saison. «Parce que les transformations subies au cours de l'exil, de l'adaptation à une nouvelle culture, la maladie ou la douleur sont souvent minimisées et peu représentées à l'écran.», nous affirme t-on. Mises en scène à travers des courts métrages documentaires, animés et fictionnés, ces métamorphoses physiques et psychiques ont bel et bien illustré ce propos, par le biais de films qui ont tous retenu l'attention des spectateurs, notamment de l'IF d'Alger où ils ont été projetés vendredi dernier. En effet, le premier film projeté a été «Terre d'ombres» de Fatima Kaci. Dans ce documentaire de 38min (2021) la réalisatrice évoque un sujet épineux, en rapport avec les relations historiques entre la France et l'Algérie. Fatima Kaci pose sa caméra dans un lieu peu commun, le cimetière musulman de Bobigny, en France. La réalisatrice accueille le témoignage de ces binationaux qui évoquent, pour certains, leur passé et comment ils se sont retrouvé arrachés à leur pays d'origine pour vivre dans la pauvreté en France.
Douleurs de l'exil à la souffrance du corps
Déchirés par l'exil, pour autant ils sont français, soit nées, ou grandis en France, alors même que la France fait payer à ces gens une concession de terre pour faire enterrer et surtout continuer à laisser leur morts dormir dans ce cimetière, relégué´ au milieu d'une zone industrielle en banlieue. Comme si l'on voulait invisibiliser davantage ces morts et leur faire payer le prix de leur présence... Fatima Kaci est allée a` la rencontre des rituels, des voix et des présences de ses visiteuses et visiteurs. Entre moment de silence, d'émotion et de pudeur, surgissent des éclats d'une mémoire vivace commune entre la France et l'Algérie, celle d'une déchirure d'où suinte la tristesse... La mélancolie, voire la solitude acerbe est ce catalyseur que partage la plupart de ces films, que d'aucuns décrivent avec amertume, le sentiment enfoui de ces personnes, dont certains migrants. Traité d'une façon épuré et poétique sous forme d'animation est aussi, le film On the Surface de Fan Sissoko (2021) Le film qui dure quatre minutes dresse le portait d'une femme qui soliloque, en son fort intérieur, tout en nageant, sur sa condition légitime de mère, quant au bébé qui va bientôt naître et ne parlera pas sa langue. Un film poignant qui interroge les identités plurielles et le sentiment d'appartenance à une autre terre... Le choix de la mer n'est pas fortuit, car il renvoie à cette brisure des frontière mais aussi au vague à l'âme que l'on peut ressentir parfois dans des moments d'abattement et d'incertitude intense..D'autant dans un monde de plus en plus rigide envers certaine population, d'où l'intérêt politique intelligemment dessiné, avec douceur et poésie, dans ce film. Bulles d'air de Daouda Diakhate est une fiction assez dramatique de 31 min (2018). Ce film donne à voir la descente aux enfers d'un jeune homme en bute à un marasme psycologique, qui sort pourtant d'un hôpital psychiatrique et va retrouver sa famille... Son père veut le guérir en lui ramenant un marabout à la maison car ne croyant pas vraiment à la science. Entre tradition et modernité, le jeune homme qui n'a cesse de penser à son ex, n'arrive plus à supporter son mal-être et décide à la fin de s'immoler, mais il est vite rattrapé par la police. Et de se retrouver à nouveau à l'hôpital, assommé par les calmants... En prise avec d'intenses troubles psychiques, le cas de cette personne rappelle combien il est tabou de parler de médecine psychiatrique dans les pays africains et, notamment chez nous,surtout lorsqu'il s'agit de dépression nerveuse. Anansi de Aude N'Guessan Forget dresse le portrait d'une jeune femme à la recherche d'une vérité médicale jusque-là informulée: l'endométriose.
Faire découvrir des auteurs africains méconnus
Eden, coiffeuse afro, essaye de surmonter ses maux de ventre récurrents en prenant sur elle. Pas entendue par le corps médical, elle tente de se soigner seule. Lorsque ses douleurs la rattrapent, son quotidien devient invivable. Elle en parle autour d'elle dans le salon de coiffure où règne une ambiance bon enfant mais son mal être l'a rattrape lorsqu'elle fréquente un garçon. Comment faire pour que les médecins la prennent au sérieux alors que de nombreux examens ont démontré qu'elle n'a rien? Encore une fois, ce film décrit un peu le peu de considération qu'ont certaines communautés isolées qui souffrent en silence, jusqu'à la délivrance. Car le film se termine enfin, sur une note positive, de lumière apaisante et de soulagements, teintés de grâce. Il est rehaussé par cette belle image de sororité que caractérise ce film, joyeux, tout de même malgré tous ces moments de souffrances...Des films qui ont le mérite d'exister et d'être vus surtout.
En effet, lors du débat qui a suivi la projection, Claire Diao dira s'être lancée dans cette aventure de Quartiers lointains afin de faire montrer ces films africains qui ne sont pas assez distribués, et ainsi non seulement leur donner de la visibilité, mais aussi veiller à faire révéler de nouveaux circuits de diffusion, pour partager ces films dont certains auteurs sont largement primés aujourd'hui dans de grands festivals de par le monde. 

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