{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Institut français d'Alger

Aya Bennacer expose «Peau inversée»

«La peinture d'Aya Bennacer est troublante. Elle ne peut pas laisser insensible tant elle suscite chez le visiteur des sensations contradictoires: compassion, dégoût, impuissance, désarroi» fait savoir Charlotte Aillet, directrice de l'IF de Constantine.

Le 10 septembre à partir de 10h00 l'Institut français d'Algérie à Alger (Centre-ville), accueille une très belle exposition d'Aya Bennacer, intitulée «Peau inversée.» Cette dernière avait déjà été exposée au mois de mai dernier à l'Institut français de Constantine où elle a eu un accueil des plus favorables. «J'ai longtemps retardé l'échéance. Les créatures se faisaient de plus en plus nombreuses, elles s'agitaient dans ma tête, fouillaient dans mes souvenirs, parlaient, commentaient, jugeaient, elles vivaient en moi, dans ma pauvre tête... Et je ne voulais pas qu'elles y meurent. Alors, j'ai un jour décidé de les libérer, de me libérer.»souligne l'artiste. «La peinture d'Aya Bennacer est troublante. Elle ne peut pas laisser insensible tant elle suscite chez le visiteur des sensations contradictoires: compassion, dégoût, impuissance, désarroi; au premier regard le malaise est là et nous ne savons ni où ni comment nous situer. Et puis peu à peu, sa parfaite maîtrise de la technique, impressionnante pour une totale autodidacte, prend le dessus et fascine, comme des viscères impudiquement exposés, témoins d'existences malmenées et d'horizons faits de promesses non tenues.» indique Charlotte Aillet, directrice de l'Institut français de Constantine qui affirme: «Lorsque j'ai rencontré Aya Bennacer pour la première fois, ce qui m'a marquée c'est la manière dont son regard, et tous ses gestes s'animaient à l'évocation de son travail de peintre; c'est le désir de donner à voir ses oeuvres, qui emplissait l'espace et ne me laissa pas indifférente. C'est, plus tard, son hospitalité qui m'a touchée lorsque je suis allée lui rendre visite dans sa maison familiale près de Batna, lorsqu'elle m'a ouvert la porte de la petite pièce spartiate et austère où elle concentre son inspiration. Un triangle, peint dans l'arête de deux murs, accroche le regard, quelques oeuvres discrètes prennent place çà et là, deux lits - car c'est ici également qu'elle dort avec sa soeur, artiste dessinatrice elle aussi - et les personnages qui cohabitent son monde vous invitent généreusement.».

Une esthétique dérangeante
Et de confier à propos de sa démarche esthétique: «Bennacer se saisit d'un pinceau comme d'un porte-voix, comme l'extension d'une bouche, cette bouche qui tantôt disparaît, tantôt demeure mutique, comme soudée, des visages qu'elle peint, comme si ses personnages s'étaient résignés au silence, dans une réalité où il y a tant à dire, mais où la parole est, au mieux, vaine, au pire, condamnée. Le mutisme est une constante dans la peinture d'Aya Bennacer. Qu'il soit l'allégorie d'une humanité où le révélateur d'une infirmité, il raconte et rapporte, à travers les regards, les émotions qui traversent la jeune peintre. En regard, une interrogation germe chez le spectateur: à quoi choisissons-nous d'être sourd?» Et de faire remarquer: «Pour cette première exposition, Aya Bennaceur a choisi des oeuvres qui la structurent, comme les vertèbres interreliées qui soutiennent cette colonne vertébrale, se font nécessité au reste de ce corps disloqué (Whole), torturé, évoquant les danses macabres dans l'art du Moyen Âge. Telle une vanité fièrement exposée, elle questionne notre humanité et l'éphémère condition de l'existence, cette pulsion miraculeuse qui retient la vie dans le corps représenté.»Pour info, Aya Bennacer est née en 1997 dans un petit village près de la ville de Batna en Algérie.

Une artiste pluridisciplinaire
Elle a depuis toujours développé une passion pour les arts et la culture. Très jeune déjà elle choisit de s'évader dans l'univers de la littérature où elle trouve sa place, loin d'un monde qui lui semble, déjà à l'époque, particulièrement hostile. Après un baccalauréat technique, elle poursuit à l'ENS de Constantine des études supérieures en langue et littérature françaises, renforçant ainsi le lien déjà solide qu'elle entretient avec les lettres et la philosophie. En 2019, un besoin d'expression irrépressible la pousse vers les arts plastiques, et la peinture en particulier, point de départ de sa pratique d'artiste autodidacte. Au début, son art est une description de ses lectures, dont elle extrait des images. C'est ainsi qu'elle commence par dessiner des portraits, de Michel Foucault, Franz Kafka ou Vladimir Lénine enfant, des philosophes et auteurs qu'elle idolâtre. Avec le temps et la pratique, elle commence à développer une vision et une expression du monde propres à elle. Ainsi, sa peinture évolue et sa technique mûrit. Aya Bennacer est également musicienne et chanteuse, et c'est particulièrement dans le blues et le jazz qu'elle se complait. Elle fait aussi de la sculpture et crée des bijoux.

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré