Emouvant hommage à Mohia

À l'instigation de la direction de la Culture et des Arts de la wilaya de Tizi Ouzou, un vibrant hommage a été rendu samedi à Tizi Ouzou au pilier et fondateur du théâtre algérien d'expression amazighe, Abdallah Mohia. L'événement a été particulièrement marqué par le dévoilement d'un buste à l'effigie de Mohia, érigé au théâtre de verdure portant le nom du dramaturge et situé dans l'enceinte de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri.
Le public est resté admiratif face au buste réalisé par le jeune et talentueux artiste Amazigh Tighilt, fils du regretté écrivain et homme de culture Mohand Amokrane Tighilt et frère du poète et artiste Koceila Tighilt.
La cérémonie d'inauguration a eu lieu en présence de nombreux artistes dont les célèbre chanteurs Amour Abdennour et Karim Abranis mais aussi des responsables de la culture dont la directrice de la Culture et le directeur du théâtre régional Kateb-Yacine. La responsable de la Culture, Nabila Goumeziane, a longuement rappelé l'apport et le travail de Mohia en faveur de la promotion du théâtre amazigh mais aussi de la poésie kabyle, puisque le regretté a été également poète et parolier de nombreux célèbres chanteurs kabyles. La cérémonie s'est déroulée en présence de Mouloud, frère de Abdallah Mohia. Ce dernier était ému jusqu'aux larmes. Tout comme pas mal de présents ayant eu à connaitre de près le regretté auteur, décédé le 7 décembre 2004 après une longue maladie, à l'âge de 54 ans. Nabila Goumeziane a exprimé sa gratitude à tous les participants à cette cérémonie, venus honorer la mémoire de ce grand homme de culture et partager ce moment contre l'oubli. L'oratrice a expliqué qu'à travers l'hommage d'aujourd'hui, c'est l'ensemble de la production théâtrale de Abdallah Mohia qui vient d'être perpétuée.
La même responsable n'a pas manqué de relever l'empreinte laissée par Mohia sur les jeunes générations dont fait partie Amazigh Tighilt, le concepteur et réalisateur du buste. Tous les présents se sont accordés à dire que Mohia compte parmi les hommes de culture amazighophones les plus importants et les plus prolifiques, ayant contribué concrètement et considérablement à la préservation et la promotion de la langue amazighe à une époque où cette dernière n'était pas encore reconnue comme langue nationale et officielle. Parallèlement à cette inauguration qui s'est déroulée en plein air et dans une ambiance de recueillement, de nombreuses activités culturelles ont eu lieu en plus du recueillement qui s'est tenu dans la matinée de samedi au village natal d'Abdellah Mohia, Ath Eurbah, près de Tassaft. Une gerbe de fleurs a été déposée sur sa tombe. À la Maison de la culture de Tizi Ouzou, l'universitaire Amar Laoufi qui a énormément travaillé sur Mohia, a apporté à un éclairage des plus subtils et des plus riches sur l'homme de théâtre qu'il fut. Mais surtout le poète.
Le conférencier Amar Laoufi a passé au crible la production poétique de Abdallah Mohia tout en revisitant le différentes influences ayant marqué ce dernier dont l'inévitable Slimane Azem et la poésie kabyle ancienne de manière générale.
L'orateur n'a pas omis de citer le fameux cours de langue amazighe que donnait Mouloud Mammeri à Alger.
La commémoration a donné lieu à la présentation théâtrale Takhlwit n Mohia dédiée au dramaturge disparu. Ce spectacle est l'oeuvre de l'atelier artistique de la maison de la culture Mouloud-Mammeri, piloté par le poète Nordine Ait Slimane.
Le même jour, le théâtre régional Kateb-Yacine a abrité une exposition sur la vie et l'oeuvre de Abdallah Mohia et une présentation de la pièce de théâtre Sin-nni écrite, pour rappel, par Abdallah Mohia lui-même, et produite par la coopérative théâtrale «Machahou».