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Le roman «Errances, Identités flouées» de l'écrivain Akli Drouaz

«Errances»: un voyage mythique

Une virée dans un monde sciemment assombri, décrit, presque pour ainsi dire, dans des aspects de langage post- traumatique, avec de surcroît, un déroulé pour le moins alambiqué des événements.

«Errances» est un voyage mythique dans le temps et dans l'espace. Une pérégrination dans les profondeurs de notre histoire, de notre cosmos identitaire. Mais un voyage presque sans boussole, sinon avec quelques phares, de ceux-là qui ont balisé nos siècles et dont les éléments scinstillent encore dans le tréfonds de notre mémoire collective.
Une virée dans un monde sciemment assombri, décrit presque pour ainsi dire, dans des aspects de langage post- traumatique, avec de surcroît, un déroulé pour le moins alambiqué des événements.
Ici, le passé, le présent et l'avenir se mêlent dans des histoires aux multiples parcours de lecture. Une véritable déflagration, produisant un conglomérat d'éléments en apparence dans le désordre et la confusion, mais le tout pour décrire d'éternelles souffrances. Pour peindre un univers à la violence prométhéenne.
Dellys est la ville choisie pour cette confrontation. Une confrontation entre le passé et le présent; entre, pour le moins, des univers contrastés. Entre les silences composant le tissu de nos siècles. Ce long silence presque fascinant, où se jouait autrefois le bal de l'aliénation et des violences sous toutes leurs formes. Les différentes colonisations, les destructions, les razzias, bref, toute la densité de notre passé tombe comme les débris d'une météorite sur cette ville.
Mais, en ce lieu, dans ce procès, l'autorité morale est uniquement celle de l'Histoire!
AZE, allusion innocente à cette race asine porteuse de nos peines dans notre imaginaire collectif, ou contingence insignifiante dans cette succession d'inquiétudes, de souffrance, de doute? la question restera sans réponse, même si tout indique, chez l'auteur, cette tentation de faire rentrer toute cette mosaïque de phrases, de personnages, dans le moule étroit de la métaphore.
Dans son ensemble, ce roman apparaît comme une constellation de petites histoires qui se nourrissent de faits réels et de transpositions romanesques. Les phrases s'égrènent en répliques comme si elles étaient destinées à des interlocuteurs imaginaires.
Sabri N. est le journaliste chargé de décrire tout ce monde à la complexité impénétrable. Une sorte d'étalage des strates du passé, avec des ombres traduisant à chaque détour de phrase, à chaque connotation de mot, tout un labyrinthe de souffrances, de malheurs et de controverses. Commencent alors ses pérégrinations avec des crochets dans des villes existantes, d'Algérie et d'ailleurs, mais toujours chargées du pouvoir symbolique du mythe. Les Hauts-Plateaux, le littoral, l'Europe et d'autres villes et villages kabyles. Par moment, l'incantation vire, avec d'autres personnages, nombreux et variés, du refrain historique à une parenthèse romantique et humaniste. Là, l'auteur s'amuse à oublier le thème violent du début, pour peindre un petit moment de ravissement, un petit bonheur de vie. Une sorte de petite cueillette des êtres et des choses, décrivant des instants très ordinaires mais qui témoignent, peut-être aussi, d'un désir de se détourner de l'intense émotion qu'engendre tout ce lexique de dégénérescence morale avec lequel est peint le monde du début. S'ensuivent alors d'autres scènes, politiques, sociales, de manifestations et de vie ordinaire en somme, qui s'enroulent aussitôt dans des digressions troublantes. Des images qui décrivent la décrépitude, la désolation ou qui résument la résurrection du passé en lambeaux. C'est peut-être aussi la chose qu'il faut retenir de ce roman, c'est-à-dire cette mise à nu profonde du champ existentiel. Car dans chaque geste entrepris, dans chaque mouvement amorcé, il y'a des éléments qui nous renvoient au déchirement et à l'arrachement identitaires. D'où ce sous-titre «identités flouées» et qui imprime un rythme pendulaire au récit. En ce sens que tout mouvement, toute interrogation, nous renvoient à nos origines et ce, même quand il s'agit de ces flux de phrases fragmentaires et, en apparence, contradictoires.

Par Lounes GHEZALI
Ecrivain et romancier

De Quoi j'me Mêle

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