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Lamia Khalfallah (romancière)

«Etre écrivaine, c’est réagir et se défendre»

Nous poursuivons la série d'entretiens avec des femmes écrivaines pour tenter de savoir comment ces dernières vivent leur statut de romancière dans une société où la littérature était l'apanage des hommes jusqu'à un passé très récent, à quelques exception près. Quand Assia Djebar, Fadhma Ath Mansour Amrouche et Taos Amrouche avaient écrit leurs livres, elles étaient pratiquement les seules. Mais depuis plusieurs années, le nombre de femmes qui signent des romans ne se compte plus. Lamia Khalfallah en fait partie. Elle est l'auteure d'un roman intitulé «Moi et Hémingway, de Annaba à Cuba», livre magique, dense et extrêmement poétique. Lamia Khalfallah enseigne la langue française dans une école de la wilaya d'El Tarf.

L'Expression: Qu'est-ce qu'être une femme écrivaine dans la société algérienne?
Lamia Khalfallah: Être une femme écrivaine, c'est comme être un homme écrivain partout dans le monde; il y a une âme qui a besoin de dire et partager ce qui sommeille en elle, un esprit qui a besoin de se confesser, des idées qui ont besoin d'ailes pour voler. J'ai grandi avec la certitude qu'il n'y a pas une différence entre un homme et une femme sur le plan intellectuel, c'est pourquoi, je refuse cette stigmatisation qui a enfanté ce qu'on appelle: littérature féminine. Dans le domaine de la science, on n'a pas de différence entre un homme et une femme, on a peu entendu parler de polémique sur la situation de la femme savante. L'inspiration, l'imagination, la spiritualité sont liées à l'âme et le cerveau qui sont des parties de l'être humain et la femme est un être humain, alors on dit «littérature» sans stigmatisation aucune.

Nous sommes quand même dans une société à domination masculine jusqu'à présent. Ceci est incontestable. Quel est le rôle d'une femme écrivaine dans une telle société avec de telles caractéristiques?
Dans une société sous domination masculine, être écrivaine c'est réagir, combattre, défendre et se défendre, résister et surtout s'imposer.

Y a-t-il une certaine pression à gérer du fait que l'on soit une femme écrivaine dans la société algérienne?
Dans une société qui surveille étroitement la femme, qui la méprise, certaines écrivaines se trouvent obligées de se cacher sous des pseudonymes pour écrire. Je connais des auteurs et des poètes qui ont écrit des merveilles pleines de spiritualité et débordantes de sens et de sagesse, mais qui ne les ont pas publiées de peur qu'on ne les accuse de «débauches» morales car tout ce qui concerne l'amour et la pensée reste des tabous à aborder par la femme pour ceux qui essaient, toujours de mépriser la femme.

Qu'en est-il de Lamia Khalfallah, êtes-vous libre quand vous écrivez?
Personnellement, j'écris avec liberté, une liberté d'esprit qui refuse les barbelés, une liberté que je défends toujours car un écrivain ou une écrivaine doit être libre, l'écriture est l'incarnation d'une âme qui a besoin de s'émanciper et de voler pour s'unir avec l'amour, la pureté et la beauté du monde en une harmonie spirituelle éblouissante.

Qu'est-ce qui change pour une femme algérienne après avoir édité un ou plusieurs livres?
Ce qui change pour moi n'est pas après qu'on soit publié, mais dès qu'on commence à écrire, on se sent absorbé par l'écriture, les émotions, les idées... Il y a cette citation qui dit: «plus on lit, plus on devient libre». Pour moi, plus on écrit, plus on devient libre. Après la publication, les idées font des ailes et volent chercher les âmes soeurs.

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