Décédé en décembre 1998
Kamel Messaoudi: la voix mélancolique
Le nom de Kamel Messaoudi rime à la fois avec le talent et la mélancolie. Qu'elle est belle et profonde la mélancolie quand elle est blottie dans les bras d'un talent artistique sans commune mesure, celui d'un Kamel Messaoudi, décédé prématurément, mais resté immortel par ses chansons uniques. Kamel Messaoudi a eu un parcours artistique atypique. Pour plusieurs raisons. Si dans la majorité des cas, le succès ne vient qu'après de longues, très longues années de labeur et de création, dans le cas de Kamel Messaoudi, c'est loin d'être le cas. Kamel Messaoudi a réussi à devenir la star de toute une génération suite à la sortie d'un album qui allait défrayer la chronique en un laps de temps très réduit. Il s'agit de la cassette comprenant la mythique et immortelle chanson «Echemaâ», (la bougie). Cette chanson à elle seule, telle qu'interprétée par Kamel Messaoudi aurait suffi à lui insuffler une aura pérenne, celle qui est la sienne aujourd'hui, et qui le sera pour toujours, sans doute. Mais il y a eu d'autres chansons et d'autres textes que Messaoudi a merveilleusement chantés et qui l'ont hissé au summum d'une gloire impérissable. C'est cette singularité dans sa voix et dans sa façon de chanter qui lui a conféré dès le départ le statut de chanteur hors pair et qui a séduit ses fans. Il a arraché leur coeur par la profondeur prégnante de ses interprétations. La tristesse dans la voix et dans le chant est la recette magique de ce chantre. Mais en dépit de la tristesse ineffable qui se dégage de son oeuvre, ceci n'a pas empêché cette dernière de s'imposer dans les coeurs et les esprits. Le géant Matoub Lounès, lui-même, en était un fan. Plus d'une fois, il a salué le talent unique de Kamel Messaoudi, allant même jusqu'à s'inspirer de l'une de ses chansons pour en tirer la musique de l'un de ses chefs-d'oeuvre intitulé «Ayemma yemma», figurant dans son album «El Mehna». C'est dire à quel point Kamel Messaoudi est un artiste au sens propre du terme, qui a touché même les maitres. Le destin a voulu que les deux géants que sont Kamel Messaoudi et Matoub Lounès meurent la même année: 1998. Originaire du village Ait Bouali (Fréha) dans la wilaya de Tizi Ouzou, Kamel Messaoudi est né et a grandi à Alger à l'instar de plusieurs chanteurs chaâbis dont le Cardinal El Anka, mais aussi Amar Ezzahi, Boudjemâa El Ankis, etc. Il n'avait que 37 ans quand il est accidentellement décédé à Alger le 10 décembre 1998. Un âge très jeune pour un artiste débordant de talent et qui avait plein de projets en tête dont l'un des plus importants était un album entièrement en kabyle que devait lui écrire et composer son autre ami, le très grand chanteur Hacène Ahrès. Kamel Messaoudi avait déjà fait des essais en kabyle en chantant la célèbre chanson de Slimane Azem «Saha al waqt agheddar». Et le résultat a été des plus envoûtants, faut-il le rappeler. Le destin en a décidé autrement. Mais Kamel Messaoudi, en dépit d'un sort des plus injustes, s'est hissé très haut dans le domaine de la chanson chaâbie. En 1991, quand son album «Echemaa» sorti, il avait fait un boom. La touche de modernité, très importante et très perceptible, apportée au chaâbi, dans ses chansons, a été une sorte de style nouveau fondé par Messaoudi. Un style qui a fait des émules car beaucoup de jeunes amateurs, venus après lui, ont suivi ses traces en tenant de l'imiter. Kamel Messouadi s'est nourri des piliers de la chanson algérienne à l'instar de Matoub, Slimane Azem, Dahmane El Harrachi et El Hasnaoui. Concernant El Hasnaoui, il faut rappeler qu'il a magistralement repris la chanson culte «Ya noudjoum elil». «Ya hesra âla dik edenya», est une autre chanson fétiche de Kamel Messaoudi, où il s'interrogeait sur la vie. Cette vie qu'il a quittée si jeune, très jeune et qui l'a toujours rendu perplexe à cause de ses mystères difficiles à percer.