Exposition Alger, archipel des libertés
«L'Afrique est l'espace de l'écoute»
Apres avoir dirigé d'une main de fer la Biennale d'art contemporain de Rabat, en 2019, le commissaire algérien Abdelkader Damani se lance dans une nouvelle aventure artistique en montant cette grande exposition, au Frac Centre-Val de Loire dont il est le directeur en France...
Apres prés de trois ans de préparation et des mois de report à cause de la crise sanitaire, l'exposition, «Alger, archipel des libertés», conçue sur initiative de Abdelkader Damani, verra enfin le jour! Elle se tiendra enfin du 4 juin au 2 janvier au Frac Centre-Val de Loire et dont Damani est directeur, mais aussi le commissaire de l'expo. Cette dernière aura aussi comme commissaire associée Nadira Aklouche-Laggoune. Cette exposition sera présentée dans le cadre de la Saison Africa 2020. «L'exposition ‘'Alger, archipel des libertés'' jette un pont entre plusieurs périodes révolutionnaires qu'a connues et connaît jusqu'alors le continent africain.» S'agissant de sa composante, il est à noter qu' «elle réunit une quinzaine d'artistes dont les réflexions puisent dans les mémoires des luttes africaines, de même qu'elle raconte des trajectoires révolutionnaires iconiques et méconnues, fabrique des récits intimes et collectifs, tant historiques que fictionnels.». Tout est parti d'Alger, la capitale, nous affirme t-on.
L'Afrique berceau des révolutions
« Son point de départ est Alger, et plus généralement l'Algérie, qui a connu deux périodes de son histoire synonyme de volonté d'émancipation des peuples: la période postcoloniale autour des années 1970 où s'invitent à Alger plusieurs mouvements révolutionnaires de pays d'Afrique, d'Europe et d'Amérique, et plus récemment, en 2019, où se produit une révolte nationale inattendue, qui prend communément le nom de «la révolution du sourire, par son caractère pacifiste».
Et de préciser: «Alger ne représente qu'un exemple récent de ce que traverse l'Afrique en termes de volontés de changements sociaux et politiques, car à l'instar des mouvements indépendantistes et révolutionnaires parus en Afrique dans les années 1950, qui trouvent d'ailleurs refuge à Alger, on assiste depuis 2011 à des révolutions et des révoltes endogènes, portées par une nouvelle jeunesse, dont la sphère virtuelle et les mouvements sociaux accompagnent la réappropriation de l'espace public, la rue, la place. Elles sont désireuses de libertés individuelles et collectives, de réformes politiques, de meilleures conditions sociales et de travail, mais elles réclament particulièrement un changement de régime, la cessation de la corruption et de l'injustice. Si les révolutions de cette dernière décennie ne portent pas l'idéologie d'une union africaine, elles n'en demeurent pas moins similaires à celles des années 1950, en termes de volonté d'émancipation des peuples.» À propos des ambitions de cette exposition Abdelkader Damani explique ainsi: «Nous chercherons à comprendre ce qui anime, depuis plusieurs décennies, le possible et le réel dans un continent, l'Afrique, qui «reste à ce jour l'unique endroit en capacité d'écouter le monde».
Confessions intimes
« C'est la terre où tout peut arriver y compris, et surtout, la rencontre des ailleurs, le devenir commun, un afropolitanisme qui lève enfin le voile sur l'échec de l'universalisme et offre une nouvelle perspective. Longtemps terre des départs, l'Afrique est le continent de la diaspora aux déplacements voulus et souvent subis - il n'y a pas d'autre continent qui puisse autant affirmer qu'il «est au monde» - cette identité en a fait le lieu des confessions. L'Afrique est l'espace de l'écoute. Gigantesque parloir, on y vient, on y revient, pour se confesser de ses rêves colonialistes, de ses peurs, de ses fantasmes parfois. Dans ce vacarme de ceux qui parlent, l'Afrique attend qu'on l'écoute.» Il est à noter qu'une vingtaine d'artistes prendront part à cette grande exposition. Des artistes qui évoluent dans des médiums artistiques différents, mais qui ont pour la plupart un lien direct avec l'importance de l'expression par l'image. On citera Sunday Jack Akpan, Marwa Arsanios, Louisa Babari, Fatima Chafaa, François-Xavier Gbré, Caroline Gueye, William Kentridge, Les Archives des luttes des femmes en Algérie, Michèle Magema, Fatima Mazmouz, Mohamed Rachdi, Sadek Rahim, Drifa Mezenner, Leïla Saadna, Lydia Saïdi, Zineb Sedira, Massinissa Selmani, Sofiane Zouggar. Que ce soit à travers des images d'archives, de cinéma, de documentaires, d'art visuel ou de dessins, ces artistes apportent leur visions quant à une certaine idée de l'Algérie, libre et ouverte sur le monde..Ainsi après avoir dirigé de main de maître la biennale d'art contemporain de Rabat en 2019, laquelle était dédiée aux femmes, le commissaire Abdelkader Damani, artiste engagé et résolument passionné dans ses entreprises artistiques se lance dans une nouvelle aventure. Une aventure qui s'annonce fructueuse. Assurément!