Sur les pas de Mammeri de Mohammed Kemmar
L’auteur de la colline oubliée revisité
Mohammed Kemmar aborde en profondeur un autre aspect de l’œuvre et du parcours de Mouloud Mammeri. Il s’agit de la question de la mémoire et la survivance identitaire amazighe dans un monde de plus en plus «uniforme, rapetissé, standardisé par le ratissage des identités et l’hégémonie culturelle et linguistique».

Un écrivain chercheur de la trempe de Mouloud Mammeri ne peut que constituer un sujet à la fois passionnant et riche pour tout essayiste et écrivain. Trente années après son décès le 26 février 1989, à Aïn Defla dans un accident de la circulation, Mouloud Mammeri demeure l’un des écrivains algériens les plus lus, mais aussi celui sur lequel des auteurs prennent leurs plumes pour revisiter son parcours foisonnant dans plusieurs domaines intellectuels: le roman, la nouvelle, le théâtre, la poésie amazighe ancienne, la linguistique berbère… Les éditions Tafat que dirige l’écrivain talentueux et prolifique Tarrik Djerroud viennent de publier un nouveau livre intitulé : « Sur les pas de Mammeri ». L’ouvrage est l’œuvre de Mohammed Kemmar. Ce dernier suggère au lecteur un voyage sous forme d’une immersion littéraire. L’auteur, à travers son analyse et ses différentes lectures, multiplie les angles de vue autour d’une œuvre protéiforme.
L’écrivain Mohammed Kemmar revisite les textes de Mouloud Mammeri en explorant et en analysant la dimension tragique de cette œuvre, « laquelle interroge la complexité des rapports du citoyen aux pouvoirs politiques et religieux, articulée à la quête de la liberté de l’Homme ».
Par ailleurs, Mohammed Kemmar aborde en profondeur un autre aspect de l’œuvre et du parcours de Mouloud Mammeri. Il s’agit de la question de la mémoire et la survivance identitaire amazighe dans un monde de plus en plus « uniforme, rapetissé, standardisé par le ratissage des identités et l’hégémonie culturelle et linguistique ». « S’il est tragique dans la construction de ses récits, Mouloud Mammeri n’en est pas moins lucide. Le temps est souvent traversé et guetté par la mémoire vigilante et semble scruter l’histoire avec un incessant mouvement de retour », souligne Mohammed Kemmar.
Ce dernier est un passionné de littérature autant que du théâtre. Il a collaboré à l’adaptation et à la mise en scène de textes majeurs comme Les Justes d’Albert Camus, Aux héros purs, poésie de l’utopie de Jean Sénac , Le voyage de la harpe de Farid U-Din Attar, Théâtre décomposé de Mattei Vicniec. Avec Muhand U Yehya, il a mis en scène Si Lehlu , une adaptation de Médecin malgré lui de Molière et Si Nistri , La farce de maître Patelin. Mohammed Kemmar a également collaboré au montage du Cadavre encerclé de Kateb Yacine, puis l’adaptation de La cité du soleil de Mouloud Mammeri. Ses adaptations sont jouées à Béjaia, Tizi Ouzou, Alger, Marseille et Grenoble où elles ont connu un vif succès.
Il y a lieu de rappeler que les éditions Tafat de Béjaia avaient déjà édité un livre intitulé Eternel Mammeri». L’ouvrage collectif consacré à l’auteur de L’opium et le bâton, a été coordonné par le célèbre écrivain Amin Zaoui.