L'écrivain Mhenni Khalifi n'est plus

L'écrivain, poète, journaliste et artiste Mhenni Khalifi nous a quittés jeudi. Une triste nouvelle qui s'est propagée comme une traînée de poudre et qui a suscité une infinité de réactions de la part d'autres écrivains, poètes, universitaires et chercheurs dans le domaine littéraire et plus particulièrement dans le domaine de la production livresque amazighe.

Auteur de plusieurs livres
Ce grand militant qui a passé toute sa vie à écrire des romans, des nouvelles, de la poésie et des articles journalistiques en langue amazighe est décédé à l'hôpital de Kherrata dans la wilaya de Béjaïa Il laisse un vide incommensurable dans le monde culturel amazigh et plus particulièrement littéraire car il était un auteur talentueux et prolifique. Il a même obtenu le grand prix littéraire «Assia Djebar» en 2018 pour son roman «Imehbal» ou «les fous», en langue amazighe. Mhenni Khalifi n'était pas seulement un écrivain de talent, mais aussi un chanteur-compositeur très doué. Il a, à son actif, plusieurs chansons qu'il interprétait lui-même.
En plus de son roman ayant obtenu le grand prix «Assia Djebar», Mhenni Khalifi est l'auteur de nombreux autres livres comme «Asdawan», «Nna Keltoum», «Nnahda n U?ulfu».
Le regretté Mhenni Khalifi a, également, publié un essai sur l'un de plus grands chanteurs kabyles, à savoir Zedek Mouloud. L'ouvrage est intitulé: «Zeddak Mulud, Tam?addit d tmedyazt». Il a publié de la poésie, notamment le livre portant pour titre «Nnaqus».
De nombreux écrivains ont réagi suite au décès de Mhenni Khalifi dont Amar Mezdad, Kamel Bouamara, Allaoua Rabhi, Yacine Hebbache... Yacine Hebbache, romancier, essayiste et poète, a qualifié la nouvelle du décès de Mhenni Khalifi de terrassante. «Les mots me manquent pour dire ma tristesse. Comment écrire au passé d'un homme happé par l'éternité plutôt que par la mort?», souligne Hebbache qui témoigne que Mhenni Khalifi est un poète militant. «Le dévouement pour l'amazighité est synonyme de sa vie et de sa carrière littéraire et poétique. La poésie, les nouvelles, les romans, les écrits journalistiques sont ses moyens de lutte», ajoute l'auteur des «Ames invaincues». Yacine Hebbache rappelle qu'il rejoint ainsi sa soeur Kaysa, également poétesse et écrivaine décédée il y a quelques années.

Dévouement pour l'amazighité
Un autre compagnon du défunt a rappelé que Mhenni Khalifi et malgré son handicap, était un homme de culture pluridisciplinaire. Il n'a pas cessé de créer durant toute sa vie. Il produisait avec passion et constance. Il a même investi le terrain de la chanson en éditant un album en 2016 intitulé «Tifrat» (Les solutions) dans lequel il a chanté sur des thèmes qui le touchaient directement lui et la société dans laquelle il vit. Il a interprété ces titres en compagnie de son frère Mezyan, également artiste. Il y chante les parents, l'amour, le patrimoine culturel et la nécessité de le préserver, etc. Mhenni Khalifi a toujours vécu loin des feux de la rampe. Même quand il avait reçu le grand prix «Assia Djebar», il a préféré garder la même ligne de conduite, celle de l'humilité et de la modestie. Un effacement qui l'a privé d'être mieux connu et plus médiatisé. Mais c'est un choix à respecter tout naturellement.