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«Minuit à Alger» roman de Nihed El-Alia

La quête déchue du bonheur...

«Nihed pouvait dire les choses que je ne disais pas, elle était plus courageuse, plus passionnée, d'une grande franchise...», écrit l'autrice en première couverture du roman.

Il y a le film «Alger by night» du réalisateur Yanis Koussim et désormais «Minuit à Alger», le roman de Nihed El -Alia. Il faut préciser que c'est sous un pseudonyme que cette autrice née en 1990 a choisi de publier et d'éditer son roman chez Barzakh.. Il s'agit aussi de son premier roman. «Mon vrai prénom est rare, pas assez ordinaire.
Dans ma quête adolescente d'anonymat, j'ai commencé d'abord comme un jeu, à utiliser le prénom Nihed - banal, pas spécialement beau à mon goût - en guise de camouflage, de doublure.» explique t-elle à la première couverture du livre et de souligner: «Nihed pouvait dire les choses que je ne disais pas, elle était plus courageuse, plus passionnée, d'une grande franchise.
Nihed était rebelle. J'ai donc choisi ce prénom en hommage à celle qui m'a servie de couverture dans ma prime jeunesse, à celle qui a le plus influencé la personne que je suis maintenant, à celle à qui j'ai volé la vie.».
Le roman écrit à la première personne suit les péripéties nocturnes de S., alias Safia, fille de riche qui vient à peine deux ans après de quitter Paris pour retrouver sa ville Alger.
Une ville toute aussi ambigue et complexe qu'est cette fille que sa famille croit être une «folle dépressive».
Faussement superficielle, mais profondément désenchantée et différente des autres femmes, S. croise un soir un homme prénommé M. lors d'un mariage à l'hôtel Hilton.
Une rencontre fortuite qui l'a fait tomber amoureuse de cet inconnu, elle, la briseuse de coeurs invétérés. Dans ce roman, nous suivrons ainsi les aventures rocambolesques de S. qui tente désespérément de retrouver celui dont l'esprit en est obsédé.

Une vie de débauche et en débâcle
S. se perd ainsi dans les méandres de l'alcool et la drogue tentant d'échapper à la morosité du quotidien en noyant son chagrin éternel dans tout ce qui peut être interdit chez le commun des mortels, mais pas chez ceux qui détiennent l'argent pour tout acheter... Avec ses amis, Lotfi, Pablo, Jess, Natacha, Amel, Safia brûle la chandelle par les deux bouts, en allant écumer boites de nuit, bar, villa et restaurants à tout-va sans jamais se calmer vraiment.
Le coeur en pierre, mais pas vraiment, elle a toutefois un ami en la personne de Zak qui essaye parfois de la raisonner et lui ouvrir les yeux..Mais S. est une enfant gâtée, qui, à défaut d'exprimer ses sentiments, s'est muée en un silence strident laissant étouffer ses émotions et taire son corps à force de boire et surtout de sniffer des lignes et des lignes de coke...Safia souffre, en fait, du départ précoce de sa cousine Sarah, morte en se suicidant poussée par un mariage toxique..Deux choses vont ainsi hanter sa mémoire, sa cousine et ses regrets et M. ce fantôme au masculin qu'elle croit apercevoir par moments... Dans «Minuit à Alger», le réel parfois se brouille, Cendrillon ne perd pas sa chaussure, mais continue à cavaler incessamment vers son hypothétique prince charmant. L'on est toutefois hésitant à comprendre à la fin le récit, en se demandant si Safia a retrouvé finalement ce mystérieux bel homme ou bien, si c'est encore l'effet des cachets ingurgités, des hallucinogènes consommés à forte dose sans oublier les litres d'alcool bus qui lui feront perdre la tête... Mais Safia vit toujours avec ses parents qui essayent de la réveiller au monde. En vain.

Amour désenchanté
Celle-ci fait sa valise et retourne retrouver à nouveau sa liberté à Paris. Mais cela ne durera que quelque jours avant qu'Alger ne se mettes à lui manquer à nouveau et de partir vaquer encore à faire la fête jusqu'à l'aube avec sa horde d'amis des plus excentriques les uns des autres.
Par ce roman qui dresse une multitude de visages, Nihed El-Alia brosse le portrait des filles àt fils à papau, que l'on appelle la jeunesse dorée mais pas que puisqu'il s'agira aussi de «casos» qui tenteront de s'incruster dans ce monde des riches. Et de décrire ainsi en juxtaposition la lutte des classes qui peuvent régner aussi dans la société algérienne entre hommes
forts, riches intellectuels ou arrivistes...Cela peut être un shuya caricatural mais le style lyrique qui se dégage de l'écriture mélancolique et poétique de cette ecrivaine nous pousse à suivre cette antiè-héroïne dans son délire et voir jusqu'où elle peut y aller dans sa course effrénée de la vie qu'elle tente tantôt de célébrer et tantôt de la brûler à force de trop courir, y compris en faisant de la vitesse en voiture... «Minuit à Alger» égrène, en fait, les stigmates d'une fille en souffrance qui cherche à tout prix à faire sensation là où elle arrive, à marquer les esprits et les détourner à son compte.
Ainsi, elle se donnera l'illusion d'exister à travers le regard des autres avec provocation et surenchère, elle qui pense ne rien ressentir du tout...S.. est une fille très paradoxale qui, comme lui fait savoir son ex- «Samir» ou «Sam» a l'âme d'une artiste qui s'ignore, jusqu'au vrai sens de son existence... «Minuit à Alger» est un roman existentialiste qui donne à voir une certaine philosophie de la vie à travers une intrigue touchante, celle d'une passionnée de la vie qui n'arrive pas trop à se satisfaire tant qu'elle n'a pas retrouvé son autre, peut-être... «Minuit à Alger» évoque avec de menus détails le paysage algérois qu'il soit nocturne, sociétal, voire psychologique, d'une partie des gens qui composent la société. «Minuit à Alger» traduit la quête effrénée d'une femme qui consomme comme elle, se laisse onsumer vers un bonheur déchu ou comment tenter de retrouver le goût de l'amour de vivre à travers la voie de la descente en enfer.
Un paradoxe qu'illustre ce malaise dramatique qui se vit au fil des pages de ce roman bien hypnotique et bouleversant au final...

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