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Abderrahmane Bouguermouh

Le père du 1er film en tamazight

Le film La colline oubliée a été précédé d'une mobilisation inédite de la part de milliers de citoyens, d'organisations et de militants de la cause berbère qui ont tous contribué à leur manière pour faire aboutir ce projet-rêve.

Le nom du regretté réalisateur Abderrahmane Bouguermouh restera éternellement gravé dans les mémoires car il a été le premier à avoir réalisé le premier long métrage professionnel en langue amazighe. Il s'agit, faut-il le rappeler, de la Colline oubliée, adapté du célèbre roman éponyme de l'écrivain Mouloud Mammeri. Abderrahmane Bouguermouh n'avait pas fait que réaliser un film comme il avait à le faire plusieurs fois pendant sa carrière, mais il a réalisé le rêve non seulement de Mouloud Mammeri et surtout celui de millions d'Algériens qui ont attendu pendant des décennies de voir enfin un vrai film, digne de ce nom, sur les écrans de cinéma et bien plus tard à la télévision. Le film La colline oubliée a été précédé d'une mobilisation inédite de la part de milliers de citoyens, d'organisations et de militants de la cause berbère qui ont tous contribué à leur manière pour faire aboutir ce projet-rêve. Avec ce film, Abderrahmane Bouguermouh a relevé un grand défi dans un contexte des plus difficiles car le film a été réalisé quand l'Algérie était en pleine tourmente terroriste. Le scénario, en kabyle, de ce film, était prêt depuis 1968.

20 ans d'attente
Plus de vingt ans d'attente et Bouguermouh n'a jamais désespéré ni baissé les bras. Bouguermouh et tous ceux qui ont travaillé avec lui avaient foi en ce qu'ils faisaient. C'est pourquoi, ils n'ont aucunement lésiné sur les efforts pour terminer un film qui a subjugué tous ceux qui l'ont vu. Un film qui est actuellement parmi les meilleurs que l'Algérie aient produits. Abderrahmane Bouguermouh a vu le jour le 25 février 1936 dans la wilaya de Béjaïa plus exactement à Ouzellaguen. Bouguermouh a fréquenté l'Institut des hautes études cinématographiques avant d'entamer sa carrière professionnelle, d'abord en réalisant des émissions puis en s'engageant dans la création du Centre national cinématographique algérien (le Cnca). Sa première production cinématographique a été signée en 1965. Il s'agit d'un court métrage adapté d'une oeuvre de l'écrivain Malek Haddad et intitulée Comme une âme. Un film qui ne fut jamais diffusé car à l'époque tamazight était une langue interdite et toute production dans cette langue n'était pas la bienvenue. Ce premier film a été réalisé en berbère! L'engagement de Bouguermouh en faveur de l'identité amazighe a été précoce. En 1968, il entra en contact avec les figures de proue et les précurseurs de ce combat pacifique dont la célèbre Taos Amrouche, Mouloud Batouche et Bessaoud Mohand-Arab entre autres. Quant à Mouloud Mammeri, leur amitié remontait à bien avant: à 1957. Abderrahmane Bouguermouh garda dans son coeur durant plus de deux décennies son voeu ardent de réaliser un film en tamazight, surtout que sa fréquentation des figures suscitées ainsi que de Mouloud Mammeri aiguisa en lui sa fibre militante. En attendant, il réalisa de nombreuse productions cinématographiques, documentaires et films, mais aussi des courts métrages.

La colline oubliée
L'idée de réaliser La colline oubliée en tamazight a germé dans les années 60; Et c'est en 1968 que Bouguermouh déposa ce film à la commission de censure, qui l'a, bien sûr, refusé. Abderahmane Bouguermouh, exigea, dans sa lettre d'intention, que ce film soit réalisé en kabyle exclusivement. Mais le niet exprimé par la commission fut ferme. Comment pouvait-il en être autrement quand on sait qu'à l'époque, la culture amazighe, sous toutes ses formes, était interdite et combattue par tous les moyens. Abderrahmane Bouguermouh mit ce projet en veilleuse en attendant des jours meilleurs et réalisa plusieurs longs métrages dont «Les oiseaux de l'été» et «Kahla Ou bida», mais aussi Cri de pierre. Ce n'est qu'en 1989, après l'ouverture ayant succédé aux événements d'octobre 1988 que l'autorisation de réaliser La colline oubliée en kabyle lui fut attribuée enfin. Quand ce film est sorti en 1994, dans les salles en Algérie, les projections se faisaient sous des airs de fête. Les spectateurs se rendaient par familles et par milliers dans les salles. Tamazight venait d'accoucher de son premier véritable film. Grâce à Abderrhamane Bouguermouh et à tous ceux qui se sont battus et sacrifiés pour cette langue ancestrale. Abderrahmane Bouguermouh nous a quittés le 3 février 2013, à l'hôpital de Birtraria (Alger) à l'âge de 77 ans après une longue maladie. 

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