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Littérature

Le roman amazigh investi par les femmes

Elles s'appellent Lynda Koudache, Lynda Hantour, Chabha Ben Gana, Kaïssa Khelifi, Dihia Louiz, Naïma Benazouz, etc. Elles ont toutes pour point commun le fait d'avoir écrit et publié un ou plusieurs romans en langue amazighe.

La littérature d'expression amazighe a connu un remarquable essor ces dix dernières années et plus particulièrement depuis cinq ans. Mais ce qui retient plus particulièrement l'attention dans cette évolution notable, c'est l'émergence d'un nombre de plus en plus croissant d'auteures-femmes de romans écrits dans la langue chère à Mouloud Mammeri. Alors que depuis la publication du premier roman en langue amazighe, dans les années quarante par Belaïd Aït Ali, intitulé «Lwali n wedrar» jusqu'à un passé très récent, l'écriture littéraire a été l'apanage des écrivains-hommes, ces derniers temps, la donne est en train de changer. On assiste même à une prédominance relative de la gent féminine dans la production littéraire en langue amazighe depuis trois années. Pendant plusieurs années, l'écrivaine Lynda Koudache, lauréate du grand prix Assia Djebar, était la seule écrivaine femme d'expression amazighe en Algérie. Elle avait d'abord publié un premier roman (épuisé actuellement) intitulé «Aâchiw n tmes». Après une dizaine d'années, Lynda Koudache est revenue avec un second roman volumineux intitulé «Tamachahuts taneggarut». Et c'est ce dernier qui a séduit les membres du jury du prix Assia Djebar qui ont décidé de le couronner. Pendant longtemps, Lynda Koudache a dû vivre ce statut de romancière femme unique dans un milieu dominé par les hommes avec parfois des noms d'écrivains illustres dont Amar Mezdad, Aomar Oulamara, Brahim Tazaghart, Ahmed Nekkar, Tahar Ould Amar, Salem Zenia, entre autres bien sûr. Mais la situation a vite changé puisque les femmes qui écrivent des romans en langue amazighe ont vite investi le terrain qui leur était jusque-là fermé. Malheureusement, deux parmi ces femmes écrivaines ayant signé des romans et des recueils de nouvelles en tamazight sont décédées très prématurément. C'est le cas de la regrettée Dihia Louiz, auteure du roman en tamazight «Ger iguenni ts tmurt» et lauréate du prix Mohammed-Dib dans sa version amazighe. À peine trentenaire, Dihia Louiz a quitté ce monde alors qu'elle était partie pour enrichir de fort belle manière la littérature d'expression kabylophone. Il en est de même de l'auteure Kaissa Khelifi, décédée également très jeune. La défunte a publié un roman et des recueils de nouvelles, salués à l'unanimité par les universitaires spécialisés dans la littérature berbère. Kaïssa Khelifi est décédée le 25 juillet 2018 et son roman intitulé «Ihulfan» a été préfacé par l'un des plus brillants universitaires-chercheurs en langue amazighe, à savoir l'écrivain Kamel Bouamara. Kaïssa Khelifi a publié aussi de nombreux recueils de nouvelles dont «Tabrats». De nombreuses autres écrivaines femmes ont publié ces dernières années leurs premiers romans en tamazight pour se raconter et dépeindre la société dans laquelle elles vivent avec un nouveau et inédit regard qui est le leur, celui d'une frange de la société privée de parole depuis toujours. Une parole qui n'a pu se libérer que durant ces dernières décennies à la faveur de l'introduction de la langue amazighe dans le système éducatif algérien en 1995. En effet, une partie de ces auteures ont profité de l'aubaine que leur a offert le fait d'avoir pu étudier la langue amazighe. C'est le cas de l'universitaire Chabha Ben Gana, entre autres. D'autres écrivaines en langue amazighe, bien qu'ayant fait leurs études en français et en arabe, n'ont pas hésité à s'initier à la langue amazighe pour écrire leurs premiers romans dans leur langue maternelle. C'est le cas de la journaliste Lynda Hantour entre autres. Mais il y a des cas d'auteures en tamazight bien plus particuliers. Des écrivains rappelant, à bien des égards, le romancier marocain Mohamed Choukri, auteur du pathétique et authentique roman «Le pain nu». Ceux-ci ont tout appris dans l'école de la vie, ayant été privés de l'école au sens conventionnel du terme. C'est le cas de la romancière Naïma Benazouz qui vient de publier son premier roman en tamazight intitulé «Thudert n tmara» et qui n'est jamais entrée à l'école. C'est dire que l'amour de sa langue maternelle peut créer des miracles, surtout quand cette langue est à peine en train de renaître de ses cendres après des décennies d'exclusion et d'interdiction.

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