«Les Résilientes, la femme algérienne dans le roman national»
Le «testament féminin» du professeur Chitour
Le professeur Chems Eddine Chitour a organisé, hier, une vente dédicace de son dernier ouvrage à la prestigieuse librairie Point Virgule de Chéraga. Un moment plein d’émotions et de résistance...
Une foule nombreuse a célébré, hier, le nouveau livre du professeur émérite Chems Eddine Chitour à la librairie Point Virgule. Parmi les invités prestigieux figuraient Karim Younès, ancien président de l'APN, d'anciens ministres tels que Madame Bendjabellah Souad, des universitaires, des militantes des droits des femmes, ainsi que des citoyens lambda.L'événement a été marqué par une forte présence féminine, donnant à cette journée un parfum délicieusement féminin. Le nouveau livre du professeur Chitour, intitulé «Les Résilientes, la femme algérienne dans le roman national», publié par les éditions Ad-ENP, a été au coeur des discussions lors de la vente- dédicace organisée pour l'occasion.Ce changement de cap littéraire pour le professeur Chitour, habituellement connu pour ses travaux dans le domaine de l'énergie, n'a pas surpris ceux qui le connaissent. En effet, cet éminent universitaire, après 45 ans de carrière, continue d'explorer de nouveaux horizons intellectuels, cette fois-ci en se penchant sur la littérature algérienne et la place de la femme dans celle-ci. Kaci Djerbib, ancien journaliste et expert en questions énergétiques, a brillamment animé les débats, mettant en lumière le parcours et les convictions du professeur Chitour. Il a souligné la vision novatrice de l'auteur, notamment son engagement précoce en faveur de la transition énergétique, ainsi que son engagement envers l'éducation, son premier amour. L'événement a également été marqué par l'intervention passionnée d'un fervent admirateur du professeur Chitour, un colonel de l'Aarmée nationale populaire et universitaire. Il s'interroge, néanmoins, sur la raison du titre choisi pour cet ouvrage. Il n'en fallait pas plus pour découvrir le côté féministe duprofesseur Chitour. Ainsi, il avoue que cette question lui tient à coeur pour briser certains tabous. Il indique que ce livre est la consécration de plus de dix ans de travail et de recherche. «La femme est marginalise par la société et un certain patriarcat mal compris», peste-t'il. «Reléguée très souvent à un rôle mineur par la chape de plomb d'un patriarcat sans état d'âme, soutenu en cela par des textes religieux mal compris, la femme se bat toujours pour une visibilité sociale pour donner la pleine mesure de son talent», souligne t-il. C'est dans cet esprit que le professeur Chitour ouvre une parenthèse pour critiquer le concept du 8 mars, qu'il qualifie d'inepties. Pour lui, les femmes méritent bien plus qu'une seule journée dédiée, mais plutôt une reconnaissance quotidienne tout au long de l'année. Il pointe du doigt le «silence complice masculin» qui contribue à la marginalisation continue des femmes. Son ouvrage, qu'il décrit comme un «testament féminin» écrit au masculin, aborde le concept de «hogra» que les femmes subissent simplement en raison de leur genre. En tant qu'enseignant depuis 45 ans, il souligne l'importance capitale des femmes dans le domaine scientifique, révélant qu'elles représentent la majorité des diplômés chaque année, mais restent pourtant marginalisées dans les distinctions et les postes de haut niveau.Le professeur Chitour analyse également la sous-représentation des femmes dans les prix scientifiques prestigieux, citant l'exemple de l'inventrice du GPS qui n'a jamais reçu le prix Nobel qu'elle méritait. Il met en lumière le rôle souvent oublié de femmes telles que Mileva Einstein, soulignant que sans elles, les hommes célèbres de l'histoire n'auraient pas atteint leur renommée.Il insiste aussi sur l'importance de la femme dans l'histoire du monde et dans l'islam, affirmant que leur résilience et leur combativité ont façonné notre société à travers les âges. Pour lui, le titre de son livre, «Résilientes», reflète la capacité des femmes du monde entier à surmonter les obstacles et à continuer à se battre pour une visibilité et une reconnaissance justes. Le Professeur Chitour conclut en soulignant que nous avons tous une dette envers les femmes, et que reconnaître leur importance est essentielle, surtout à l'ère des nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle, qui pourraient changer les dynamiques sociales. Son livre, en tant que contribution à ce combat féminin, marque une petite mais significative étape dans la reconnaissance et la célébration des femmes.Cet après-midi inoubliable se termine par une vente-dédicace, des moments de partage et des échanges enrichissants, laissant à chacun le sentiment d'avoir contribué, à sa manière, à la reconnaissance et au respect des femmes dans la société.