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Restitution des travaux « Lab Dz 2022 » à l’IFA

Oran dans la place!

Encore une fois, les travaux de cette année ont dévoilé des regards des plus pertinents des participants dont la plupart viennent du monde de la photo, ce qui a accru davantage leur vision sur le monde…

L'Institut français d'Alger a accueilli, mercredi dernier, les travaux de restitution de l'atelier de formation documentaire le «Lab dz», qui s'est tenu cette année à Oran après huit éditions à Alger. Organisé par l'Institut français Algérie depuis 2014, le «Lab DZ» est, en effet, une formation destinée aux jeunes Algériennes et Algériens désireux de découvrir le cinéma documentaire dans toutes ses dimensions. Cette restitution a permis aux passionnés de cinéma que ce soit des professionnels ou amateurs de prendre connaissance des travaux (films, formes sonores et photos) réalisés par les participants à l'édition 2022 du «Lab dz», tout en suscitant le débat et l'échange avec les formateurs et les réalisateurs, suite aux projections. Comme à l'accoutumée, ce sont les formes sonores qui inaugureront la soirée. ‘'Go all the way'' de Wafae Imene Harrir (4'05) a introduit la section. Celle-ci traite de la philosophie de la vie et ce qu'il faut faire en étant combatif pour ne pas se faire marcher sur les pieds. Trois langues sont utilisés, que ce soit en off ou en sous-titre, le français, l'anglais et l'arabe. «Jizo» de Mohamed Farouk (4'07) raconte le voyage d'un Algérien au Japon à travers les sons l‘ambiance de là où il se trouve, notamment dans la ville des jeux vidéo et des dessins animés. «Fawda» d' Amer Yahia Chakib (4'17) rapporte, pour sa part, avec désinvolture les propos d'un gars qui aime boire et les conséquences qui peuvent surgir s'il boit trop. Le tout est raconté avec humour, ce qui rend le récit attachant.
La série «photo» dévoile quant à elle, les clichés de trois photographes aux sensibilités différentes. «Incidence» de Mohamed est constituée de photos qui témoignent de la pauvreté des SDF à travers des fragments de vues sur son corps, en noir et blanc.
Des sons et des images
En effet, l'appareil photo s'attarde sur l'état des pieds, des mains et du visage comme pour souligner la misère de cet homme seul au monde et marginalisé. «La cité des dieux» d'Aïd Chater montre des images de fantasia avec des couleurs plutôt chaudes. Des images qui sont entrecoupées par les portraits de femmes orientales tout en sensualité, en plein milieu de ces espaces féériques qu'est le désert, vêtu qu'elle est d'un sari... «Transe» de Ali Mehaoudi donne à voir quant à lui des images de danses et d'homme en transe. Cela commence par la fantasia et le baroud et se poursuit par des scènes de «hadra». Le flou sert comme appoint pour appuyer le mouvement du corps lors de ces scènes dansées, où le corps entre en transe et fusionne avec le son des percussions dans une atmosphère mystique survoltée. C'est ce que ces clichés ont tenté de capter. Côté courts métrages, on citera «El Marsem» de Nora Zaïr» (14'05) qui a pour cadre le quartier de Si El Houari à Oran, quartier que fréquente la réalisatrice et qui devient le personnage principal de son sujet, avec ses rues et paysages délabrés racontés chez un coiffeur, par ses habitants, mais aussi une femme qui habite dans une vieille maison vétuste. Un film qui parvient grâce au travail de la photographe de restituer l'âme de l'endroit. «Apres dix ans dans la photo, j'avais envie de passer au film documentaire. Je me suis formée grâce à cette formation sur le terrain directement. 80% de mon travail se passe à Sidi El Houari, c'est mon inspiration au quotidien. Je suis presque tout les jours là- bas...Tout tombe en ruine. Un jour, une personne m'a interpellée en me disant: «Vous, vous parlez de patrimoine, vous ne donnez plus de valeur à la pierre qu'à l'homme, suite à cela je me suis acharnée à parler sur les habitants de Sidi El Houari, le thème de mon court, ça me tenait à coeur. On a choisi aussi Scalera au début, un quartier qui a été totalement rasé, mais on n'a pas pu continuer là-bas, on a travaillé chez le coiffeur du quartier de Sidi El Haouri.. Le salon est très ancien. Les anciens habitants du quartier viennent chaque vendredi chez lui. On a passé la majeure partie du temps là-bas. J'ai choisi de montrer ce contraste, faire parler les habitants qui veulent absolument partir et qui n'ont pas le choix et ceux qui refusent de partir et qui tiennent à leur racines», confiera Nora Zaïr.
L'humain au centre des sujets
«Laâjajbi» de Redouane Benmansour (14'10), traite à travers le responsable du musée des marionnettes «El Ghanja» de Mostaganem de la nécessité de transmettre la culture et la liberté d'expression. Aux côtés des images du conteur que l'on voit avec des enfants, notamment au sein de cette antre de la lecture et de l'art, viennent s'ajouter, en contrepoids et de façon entêtante, celles d'un danseur, d'abord dans un décor naturel où il s'adonne à la capoeira avec son ami acolyte puis, seul au sein de ce local culturel qui se transforma en une antre de paix pour les artistes et de lieux de répétition. Mention spéciale pour l'image, lorsque Hassan danse, torse nu. Le réalisateur parvient à capter l'aura sensuelle de cet artiste en faisant suspendre le temps. Le titre péjoratif du film, qui fait référence à ce vieux qualitatif, que donnent les anciens aux artistes, contraste avec la beauté majestueuse de ce corps en plein mouvement qui crève l'écran... «Raï Rayi» de Walid Cheïkh (26'09), rend compte entre autres du rapport amical un peu contrasté ou invraisemblable entre un jeune garçon, Faycal éleveur d'animaux et son voisin Mehdi, artiste saltimbanque, qui aime manger et boire, fumer et passer du bon temps avec ses amis...Un contraste qui donne à voir une belle amitié bien que cette dernière passe un peu au second plan car tout le temps est tourné vers cet artiste que la caméra se plait à capter amoureusement.
Un film sur deux individus passionnés qui évoluent presque dans un lieu clos, comme un cocon qui les protège du monde extérieur, dans un lieu où le temps, là encore, semble être suspendu, puisque rien ne semble les toucher, sauf quand Mehdi se met à se confier sur sa vie personnelle et familiale et c'est là, où la réalité semble le rattraper...deux mondes différents où chacun se nourrit de l'autre et a besoin de l'autre pour exister presque et supporter le temps qui passe... Le film de Walid Cheïkh est drôle, mais tragique à la fois, il laisse le temps planer en montrant un personnage principal exoréique qui s'extasie par la vie, même si l'amertume tape parfois à la porte.
Complexité des regards
Un film aérien qui filme des êtres bien dans leurs éléments...où la musique et l'humour semblent avoir droit de cité, tout comme les questions existentielles qu'elles refassent parfois surface pour appuyer sur les choses qui font mal, avant de continuer leur bonhomme de chemin de vie, comme ce terrain vague sur lequel marche Mehdi inexorablement sans savoir où va t-il l'emmener...l'on comprend un peu pourquoi le réalisateur avoue vouloir rendre hommage à Mehdi dont il affirme «il fait changer ma vision sur la vie de façon artistique..», le fou est-il au fond le sage? Pas toujours... Il est bon à signaler qu'une nouveauté a été introduite cette année au sein du «Lab doc DZ», il s'agit du «mashup», où «comment, en juxtaposant des images de films algériens, dans un ordre différent cela permet de raconter une histoire différente», expliquera une des deux réalisatrices. «Soixante ans» d'Ines Daif et «Qu'adviendra -t-il» de Mouni Hamza, utilisent l'une comme l'autre des extraits d'images d'archives de notre cinématographie algérienne. Si l'une dénonce la censure et la régression que subit notre cinéma national ces dernières années, la seconde dénonce la violence faite aux femmes à travers des extraits de scènes où l'on voit à juste titre, des femmes qui se font violenter, à l'écran. Deux montages, deux regards différents et deux travaux des plus pertinents et saisissants. À la fin des projections, le débat a été lui aussi fort intéressants.
À noter que les films courts sont projetés chaque année dans d'autres festivals dans le monde, et notamment au festival«Premiers Plans d'Anger», partenaire de l'Institut français d'Algérie.

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