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75e Festival de Cannes: Boy from Heaven de Tarik Saleh

Plus de soufre que d’encens…

En Compétition, le film était attendu avec une grande curiosité, tant le sujet abordé, pouvait dégager plus une odeur de soufre que d’encens.

Taha Hussein, l'écrivain égyptien qui a toujours eu plus d'adeptes que de lecteurs, en évoquant Paris, parlait alors de «la ville des anges et des démons», une cité qu'il associait à sa «destinée». Puisque parti y soutenir à la Sorbonne une thèse sur Ibn Khaldoun, il y fit la connaissance «miraculeuse» de celle qui deviendra sa femme, Suzanne, suite à un coup de foudre improbable, entre le jeune étudiant cairote et celle avec laquelle il était entré en «collision» dans une gare parisienne: - Vous êtes aveugle, ou quoi? - Oui madame, je suis aveugle, pardonnez-moi. Ainsi débuta une des plus belles histoires d'amour entre une jeune bourgeoise française et un jeune étudiant. Elle durera 58 printemps!... Cette histoire est revenue par bribes, lors de la projection de «Boy from Heaven» («L'Enfant du Paradis» du suédois aux racines (paternelles) égyptiennes, Tarik Saleh, qui a été révélé au grand public avec «Le Caire, confidentiel» (2017). En Compétition, le film était attendu avec une grande curiosité, tant le sujet abordé, pouvait dégager plus une odeur de soufre que d'encens. Le pitch? «Adam, simple fils de pêcheur, intègre la prestigieuse université Al-Azhar du Caire, épicentre du pouvoir de l'Islam sunnite. Le jour de la rentrée, le Grand Imam à la tête de l'institution meurt soudainement. Adam se retrouve alors, à son insu, au coeur d'une lutte de pouvoir implacable entre les élites religieuse et politique du pays.». D'emblée et presque en guise d'avertissement, il est nécessaire de signaler la très grande connaissance de l'histoire et de la culture égyptiennes, dont ce natif de Stockholm fait montre. Elle permettra une lecture plus savoureuse de cette histoire non dépourvue d'urticaires. Il est vrai que ce quinquagénaire réalisateur avait déjà annoncé la couleur avec «Le Caire, Confidentiel» qui se penchait sur l'enquête menée par un enquêteur, bien à part, sur le meurtre dans un grand palace du Caire d'une chanteuse... À quelques empans du tournage, la bureaucratie se ravisa et retirera l'autorisation de tournage! Qu'à cela ne tienne, l'équipe se replia sur des studios marocains. Et, malgré cette délocalisation de dernière minute, «Le Caire, Confidentiel», les contours de la confidentialité seront largement dépassés... Pour «Boy of Heaven», Saleh reconstituera majestueusement le décor de l'université d'Al Azhar sur les bords du Bosphore. Devenue de plus en plus terre de cinéma, la Turquie a ouvert ses espaces jusque-là réservés à d'autres usages à l'imaginaire des cinéastes. Et le réalisateur suédo-égyptien en a fait (très) bon usage en autopsiant avec délicatesse, mais parfois jusqu'à l'os, le champ du religieux, objet de luttes incessantes entre le pouvoir politique et celui spirituel, lui-même traversé par autant de fractures que de schismes. L'histoire est portée à bout de bras et avec une certaine réussite par une pléiade d'acteurs méritants et à leur tête, le Palestinien Mohamed Bakri, pétri d'acier et d'argile, en boss des moukhabarate, ces légendaires services de renseignements qui auront survécu à toutes les crues du Nil. Reste le côté un peu trop alambiqué de la narration qui a enlisé légèrement l'histoire et non l'intrigue. Mais c'est surtout sur le plan de la réalisation qu'il faudra mettre encore plus l'accent. Comme pour son film précédent, Khaled Saleh a fait appel au directeur photo Pierre Aïm, un enfant de Relizane pour écrire aussi cette histoire avec la lumière la plus juste. Cette fois, il a opté pour une lumière moins expressive. «Il fallait que tout l'univers visuel du film soit réaliste pour que le spectateur adhère à ce récit comme une possible histoire vraie. Je n'avais pas besoin de faire une belle image, d'embellir les hommes présents à 99% dans le film. La lumière est très souvent en douche, ce qui est impossible lorsqu'on veut soigner la plastique des visages. Je n'ai pas essayé de gommer les défauts de peau du jeune héros (Tawfeek Barhom /Adam) pour lui donner un côté encore plus juvénile. Cela me permettait aussi d'apporter une touche de film noir à l'instar du ‘'Parrain''.» expliquera Pierre Aïm. Encore plus, le film a été tourné presqu'entièrement caméra à la main, sauf quelques plans au steadycam ce, sans doute, une seule focale «Nous sommes entrainés par cette caméra très mobile qui ne lâche pas Adam, le jeune étudiant pris au piège» confiera le chef op' sorti visiblement encore plus satisfait: ««Cette nouvelle collaboration avec Tarik Saleh confirme que le nom de cinematographe a encore une fois pris toute sa dimension tellement il me laisse faire des propositions pour le film.» Et c'est cette alchimie qui produira cette odeur de souffre et d'encens qui rendra cet espace d'Al Azhar, à l'écran encore plus porteur d'enjeux antagonistes lourds de conséquences le plus souvent.

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