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Rock Against Police ou haro sur les immigrés!

Ce court métrage d'une trentaine de minutes établit une mise en abyme entre présent et passé pour comprendre la situation des immigrés des années 1980 à nos jours.

Février 1980, le jeune Abdelkader Lareiche est tué d'une balle dans la tête par un gardien d'immeuble dans une cité de Vitry. Dans un contexte marqué par plusieurs crimes racistes et une politique de répression sécuritaire, ses amis se mobilisent autour de la mouvance «Rock Against Police». Quarante ans après les faits, Philomène part à la rencontre des militants et acteurs de ce mouvement.
En effet, décliné en noir et blanc, le nouveau film de Nabil Djedouani d'une durée, de trente minutes, lève le voile sur une période cruciale de la frange de la population immigrée en France marquée par la répression policière. Dans ce document qui n'est ni vraiment un documentaire classique, ni fiction, encore moins une vidéo d'art ou un film expérimental, cet objet hybride cinématographique signé par ce jeune homme féru d'archives et documents d'histoire, nous plonge entre passé et présent en mettant en scène une histoire tragique, celle de jeunes hommes qui se sont révoltés à l'époque, en créant soit un film ou en organisant des concerts pour dire leur rébellion et casser l'image d'archétype qui leur collait à la peau. Qui leur colle toujours à la peau d'ailleurs.

Musique et rébellion
Film intéressant à voir, «Rock againt Police» dit à travers des témoignages d'artistes que l'on voit dans des archives tels le chanteur Mounsi, les conséquences de la violence que subissent encore les jeunes dans les banlieue en France et qu'il relie aux violences du 17 octobre 1961. Comme lui, Rachid Taha à l'époque avec «Carte de Séjour», chantait la délinquance, les injustices et les drames commis contre des jeunes sans défense en nommant leurs noms dans une chanson émouvante et forte alors qu'un danseur en émoi s'extasie en mouvements avec comme arrière-fond des images floues qui rappellent ce temps, cet entre-deux, avec non pas de la nostalgie, mais plutôt un rappel profond de la mémoire que le réalisateur extirpe pour que nul n'oublie ce qu'ont pu endurer ces fils d'émigrés. Des enfants qui refusent d'être maltraités ou montrés du doigt.
Le film de Nabil Djedouani donne aussi la parole à une femme dont on ne verra pas le visage, mais qui confirme elle aussi les descentes policières à chaque concert de rock organisé et les violations contre le droit humain dont ils faisaient l'objet, eux qui vivaient dans des zones jugées encore jusqu'à aujourd'hui de dangereuses. Dans ce film où la musique a aussi un grand rôle à jouer, que ce soit dans les paroles ou la forme que prend ce document bien dynamique et hautement esthétique, la mise en abyme est de mise car il ne suffit pas de dire le passé, mais de l'invoquer avec souplesse et expliquer comment les choses ont mal tourné, ou ont commencé, pour comprendre aussi le présent et ses dérives.

Un film pour se souvenir
C'est dans cette démarche filmique que le doc de Nabil Djedouani tente de s'inscrire et qui fait de lui un film intéressant car il vient souligner la mélo-tragédie d'un temps en suspens qui se joue encore et toujours en France et qui continue à survivre à travers les médias en véhiculant une image souvent péjorative et caricaturale des cités où vivent les immigrés. Rappelons que ce film est produit et projeté par le Grec, (Groupe de Recherches et d'Essais Cinématographiques), dans le cadre du mois du doc. Ce court métrage a été en outre réalisé dans le cadre de la résidence
«Frontières» 2019 en partenariat avec le Musée national de l'histoire de l'immigration en partenariat avec le Groupe de recherches et d'essais cinématographiques de Ffrance. «Un film pour les grandes soeurs et les grands frères, un film pour Rachid, Lounès et Malika, un film comme un fanzine, hybride, comme un collage, un film pour se souvenir, un film pour ne pas oublier. Du 17 octobre 1961 aux espoirs déçus de la Marche pour l'égalité et contre le racisme, Rock Against Police ou «l'histoire politique de jeunes immigré.e.s» avoue le réalisateur sur sa page facebook. Et de remercier toutes les personnes qui ont soutenu ce projet «alors que ce n'était que quelques intentions et des intuitions sur des feuillets.» dira t-il. Et de poursuivre: «Merci aussi à toutes les belles énergies et les rencontres providentielles qui ont permis à ce film de naître. Merci aux ami.e.s généreux, généreuses, ils, elles, se reconnaitront. Merci à mon équipe pour sa confiance, son travail, sa patience. Slimane Dazi, Lucile W Humbert, Salah Amokrane ma gratitude éternelle, je pense que je ne vous remercierai jamais assez.». Il est bon à savoir que Nabil Djedouani a, à son actif, un autre film doc
«Afric Hotel» co-rélaisé en 2010 avec Hassan Ferhani. Il est aussi acteur pusiqu'il a tourné dans «Histoire de Judas» en 2015, «L'Orage l'été», en 2017 et «Terminal Sud» en 2019 de Rabah Ameur Zaimeche. Il a créé le site des «Archives numériques du cinéma algérien» qui s'attache à rendre visible le patrimoine cinématographique algérien. Il partage également des raretés musicales algériennes sur le soundcloud «Raï and Folk».
Sa contribution dans le cadre de l'archivage du cinéma algérien est précieuse, voire inestimable.

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