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Tarik Saleh, à propos

De la construction du personnage central:
J'aime cette idée venue des tragédies grecques d'un personnage qui défie les dieux. Evidemment, il ne gagnera jamais, mais c'est toujours magnifique! C'est plus ou moins ce que nous faisons en tant qu'être humain: nous luttons contre notre nature. Comme l'a dit Paul Valéry, «l'homme est un animal enfermé à l'extérieur de sa propre cage»: c'est une fantastique métaphore de ce qu'est l'expérience humaine. Un personnage qui veut combattre tout ce qui est considéré comme une règle autour de lui m'intéresse au plus haut point. Je m'identifie à lui. Je pense globalement qu'il y a deux types de récits possibles. Le film policier classique, c'est celui où quelqu'un identifie un problème dans le système et le résout, avec un méchant qu'on mettra en prison, et tout est bien qui finit bien. Je suis plus intéressé par un personnage qui combat un système totalement corrompu auquel il appartient et qui prend le risque d'être complètement écrasé.

De la construction scénaristique:
Vous avez déclaré à propos de ce film que ce qui s'y passe est moins important pour vous que comment cela se passe.?Ce qui compte pour moi, ce sont les détails. La pré-production du film a été très longue et avec mon chef-opérateur français Pierre Aïm, nous sommes allés au Caire car nous pensions alors que le film y serait tourné. Un jour, nous faisions des repérages et j'ai découvert le modèle de mon personnage principal parmi un groupe de policiers attablés à une terrasse. L'un d'entre eux, un lieutenant, nous a hélés, nous a demandé pourquoi on prenait des photos et a réclamé nos pièces d'identité, etc. ƒÀ côté de lui, il y avait un major qui ne disait rien, qui observait ce qui se passait. Je me suis adressé à lui et, juste d'un petit geste de la main, il a donné à l'autre l'ordre de se taire. Je me suis immédiatement dit que c'est comme cela que devait être mon personnage principal. Et la nuit suivante, dans une rue adjacente, en plein milieu d'un quartier du centre où se trouvent énormément de bars de nuit avec beaucoup de prostitution, nous avons vu la police interpeller avec violence un prédicateur. A quelques pas de là, tranquille au coeur de ce chaos, se tenait le même policier, observant tout. Je me suis dit que mon personnage serait comme lui: il connait tout de ce chaos, il est en contrôle total, il sait exactement comment faire chaque chose. J'ai donc observé ce modèle de très près, par exemple comment il se comportait avec ses supérieurs et ses inférieurs hiérarchiques. Ce sont les détails bien observés qui rendent un film valable à regarder. Parce qu'il y a une maladie très répandue actuellement chez les «storytellers». On entend dire: «C'est une scène très efficace, un film très efficace». Mais il ne s'agit pas d'une présentation, d'un discours, mais d'une expérience. Je ne veux pas être efficace, je déteste quand c'est efficace. Je ne regarde pas un film en disant «allez, viens-en au fait!». Non, je voyage avec les personnages. C'est cela qui est valable et qu'il faut défendre au cinéma.

Du choix de Pierre Aïm:
Pour ma génération de réalisateurs immigrés, «La Haine» (Kassovitz) a été très important. J'ai suivi ensuite la carrière de Pierre et il a évidemment travaillé sur un ensemble de films très divers, mais certains sont fantastiques comme «Polisse» (Maïwen) par exemple. Ce que j'aime chez lui, c'est qu'il s'en remet totalement au film et qu'il sait, grâce à son expérience, recentrer si besoin le réalisateur qui a toujours envie de tenter une chose ou une autre. Quand nous avons «Le Caire Confidentiel» à Casablanca où la lumière n'est pas celle du Caire, il fallait donc ajouter de la fumée car une ville méditerranéenne n'a rien à voir avec une ville du désert où on ne respire pas. Et je suis un fanatique: quand je n'y crois pas, on ne tourne pas!...

De Quoi j'me Mêle

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