{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Ville de Saint-Martin-d'Hères (France)

Un Mois de Mars dédié à l'Algérie

«L'objectif de la programmation est de rendre compte de différents aspects de l'histoire commune entre la France et l'Algérie...(...) à travers une série de rendez-vous culturels...» affirment les organisateurs

La commune française de Saint-Martin-d'Hères limitrophe de Grenoble poursuit sa programmation Spécial Algérie à l'occasion de la célébration de son soixantième anniversaire d'indépendance. C'est donc la «Saison 3» qui connaîtra durant tout le mois de mars une série de rendez-vous culturels, notamment à la salle Mon Ciné, et ce, entre spectacles, exposition, conférences et ciné-débat. «L'objectif de la programmation est de rendre compte de différents aspects de l'histoire commune entre la France et l'Algérie, de tenir compte de toutes les mémoires et de tous les traumatismes (ceux des combattant-es, des immigré-es, des pieds-noirs, des harkis...» Soulignent les organisateurs qui soutiennent: «Il s'agit avant tout d'une victoire sur le colonialisme pour l'Algérie et pour tous les peuples.».
Le thème choisi pour cette édition est «la culture avec des récits et des solidarités en partage.» Et d'expliquer le pourquoi: «Parce qu'elle est le vecteur le plus approprié, pour ne pas dire le plus extraordinaire, qui permet à la fois de s'enrichir de connaissances dans des partages de musiques, de conférences et d'autres actions culturelles à découvrir, mais aussi d'analyser et de comprendre les faits sans trahir l'Histoire, ni les mémoires blessées des uns et des autres.». Côté littérature, Xavier Le Clerc a présenté, le 04 mars dernier, son roman «Un homme sans titre» (Gallimard 2022). L'auteur nous livre un récit personnel, un hommage à son père, qui va nous entraîner de l'Algérie d'Albert Camus aux chantiers de Normandie où Mohand Saïd Aït Taleb, le père de Xavier Le Clerc sera embauché en 1962.

Littérature, cinéma, rencontre, expo
En lisant Misère de la Kabylie, reportage publié par Camus en 1939, Xavier Le Clerc découvre dans quelles conditions de dénuement son père a grandi.
L'auteur retrace le parcours de cet homme courageux, si longtemps absent et mutique, arrivé d'Algérie en 1962 et embauché comme manoeuvre à la Société métallurgique de Normandie. «Ce témoignage captivant est un cri de révolte contre l'injustice et la misère organisée, mais il laisse aussi entendre une voix apaisée qui invite à réfléchir sur les notions d'identité et d'intégration.» Côté cinéma, le public a pu apprécier le 09 mars «Bienvenue, Harkis d'aujourd'hui» (50 min) de la réalisatrice Anita Mizrahi.
D'anciens harkis racontent leur difficile périple sur les deux rives de la Méditerranée. Leurs enfants et petits-enfants exprimeront leur difficulté à vivre ce passé, imprégné d'une souffrance collective. «Les témoignages singuliers font émerger le vécu, les liens, les dissensions, les souffrances, mais aussi les réussites et les espoirs de ces citoyens français qui partagent notre collectivité nationale.» Anita Mizrahi est une artiste plasticienne et vidéaste néerlandaise qui partage sa vie entre Amsterdam et le sud de la France. À partir des témoignages exposés dans le film, les associations «Asali» et «Algérie au coeur» apporteront leur connaissance sensible et documentée de l'histoire de la guerre d'Algérie afin de partager avec le public ce travail de mémoire et d'éclairer une réalité complexe. Aussi, une très belle exposition permettra au public de découvrir la richesse de la chanson maghrébine de l'exil en France, autour du parcours du chanteur Rachid Taha. Il s'agit d'une déambulation entre les dispositifs multimédias et ludiques, pour découvrir à travers les mobilisations sociales et citoyennes, les grandes figures de la chanson de l'immigration et l'émergence d'une scène musicale. «Vivre ensemble et activités scientifiques en Andalous (VIIIe -Xve)» est le thème de la conférence qui sera animée par Ahmed Djebbar qui est à la fois mathématicien et chercheur en histoire des sciences au Cnrs, spécialiste des mathématiques de l'Occident musulman. «Traditionnellement, l'histoire (occidentale) des sciences considère que le rôle des grandes civilisations arabes, du VIIIe siècle à la Renaissance, a été celui d'une courroie de transmission entre les savoirs de la Grèce antique et la science moderne. Depuis, de nombreux travaux ont infirmé cette vision simpliste». Ahmed Djebbar fera le point le 16 mars sur cette indispensable réévaluation. Le lendemain, soit le 17 mars, Wassyla Tamzali viendra débattre autour de «La place des femmes dans les mouvements révolutionnaires: l'Algérie, la Tunisie, l'Iran». Notons que Wassyla Tamzali est essayiste, ancienne avocate à Alger et ancienne directrice des droits des femmes à l'Unesco, membre fondateur du Collectif Maghreb Egalité et directrice du Centre d'art contemporain «Les Ateliers sauvages» à Alger. Après un rappel des luttes de femmes en Algérie, la conférence abordera la place centrale occupée par la question des femmes dans le mouvement de contestation appelé le Hirak débuté en Algérie en 2019. «Il n'y a pas de peuple libre sans la liberté des femmes.» L'intervenante proposera une mise en perspective avec les luttes des femmes en Tunisie et le mouvement en cours en Iran.

Femmes en lutte entre hier et aujourd'hui
«De l'invisible au visible: les moudjahidate, femmes combattantes» est pour sa part le titre d'une très belle exposition photographique, signée par la photographe et réalisatrice franco-algérienne Nadja Makhlouf qui propose une série de portraits qui interrogent la place des moudjahidate, ces femmes combattantes, leurs combats passés et la diversité de leurs parcours de vie. L'écrivaine et militante féministe algérienne, Wassila Tamzali interviendra le samedi 18 mars dans le cadre de la Lutte contre les discriminations et pour l'Égalité, «Cité plurielle» portée par la Ville d'Échirolles et le Centre communal d'action sociale (Ccas). La photographe et réalisatrice Nadja Makhlouf sera également accueillie lors de cette manifestation.
Le programme se poursuivra le 21 mars avec la projection du film documentaire «Autour de Kaldun».
Entre 1864 et 1897, plus de 2000 personnes originaires du Maghreb, principalement des Algériens, sont déportées, transportées ou reléguées en Nouvelle-Calédonie, où elles vécurent l'exil avec des révoltés communards et kanaks. Aujourd'hui, cette mémoire est toujours vivante en «Caledoun», le nom que ces «Arabes» donnaient à la colonie française.
À noter que dans le cadre des «Luttes et engagements de femmes pour l'indépendance de l'Algérie», les cinéphiles pourront apprécier, le 24 mars, le documentaire «Moudjahidate», réalisé par Alexandra Dols. «Moudjahidate raconte, à travers les témoignages de six anciennes combattantes, les différentes formes d'engagements de femmes dans les luttes pour l'indépendance de l'Algérie. Quels ont été leurs rôles et stratégies dans leurs lieux de lutte? Quels regards portent-elles aujourd'hui sur cette période et qu'ont-elles à nous transmettre? Parmi ces femmes, le témoignage de l'historienne franco-algérienne, ancienne combattante, Danièle Djamila Amrane Minne, donne un éclairage de spécialiste et interroge sur l'échec de la révolution algérienne quant à l'émancipation des femmes. Des extraits du court métrage de Rabah Laradji «La Bombe» et du film «La bataille d'Alger» de Yacef Saâdi, ponctuent ces récits. «Kaldun, requiem ou le pays invisible» d'Abdelwaheb Sefsaf est un spectacle qui clôture ce mois consacré à l'Algérie et marque ainsi la seconde partie du parcours «Autour de Kaldun». En compagnie d'Aligator et de l'ensemble Canticum Novum, Abdelwaheb Sefsaf explore trois révoltes, trois peuples et trois continents. Ensemble, ils nous embarquent pour la Nouvelle-Calédonie, terre d'exil des insurgés et imaginent une créolisation des langues et des musiques qui n'a jamais eu lieu. Une création riche et colorée comme une ode à la réconciliation. Un tres bon programme en somme!

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré