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«Larbi Ben M’hidi» film de Bachir Derrais

Unis pour l’indépendance!

Avec un Khaled Benaïssa grandiose dans le rôle titre, le film donne à voir comment avec force et détermination des individus se sont battus pour leur pays...

Nouvelle situation, nouveaux espoirs. Les nuages d'été qui planaient sur « Larbi Ben M'hidi», le film réalisé par Bachir Derrais s'estomperont-ils enfin? Interdite en Algérie depuis 2018, cette ouvre cinématographique nous a été montrée cette semaine. Ironie du sort, c'est dans un contexte marqué par le retour du cinéma dans les salles, notamment avec le boom provoqué par la sortie de Heliopolis de Djaffar Gacem mais aussi par la récente volonté affiché du gouvernement à relancer le 7eme art en Algérie que Bachir Derrais décide de sortir de sa réserve. Il tend une main sincère à toutes les bonnes volontés pour faire aboutir ce projet. Quoi de plus normal pour un réalisateur qui a trimé pendant des années sur un film que de vouloir le montrer au public? Installé aujourd'hui en France, Bachir Derrais a choisi la presse algérienne avant les médias français pour en parler. Au-delà de tout ce qui a été dit et écrit, son biopic qui met en scène la vie de Larbi Ben M'hidi, un des six chefs historiques et un des fondateurs du Front de Libération nationale est un film rare, où l'on découvre un homme déterminé à ne rien lâcher jusqu'à l'indépendance. Une oeuvre qui, sur le plan cinématographique, tranche avec les portraits aseptisés et sacralisés des héros de la Guerre de Libération nationale, tels que l'on a vus à maintes reprises au cinéma. Larbi Ben M'hidi est un film réalisé dans les normes internationales dans des décors reconstitués à l'identique. Un film humain avant tout. Un long métrage qui met en scène l'histoire d'un individu qui, très tôt prend conscience de son pays et du drame de son peuple brimé, exploité et humilié par un l'ordre colonial barbare et inhumain.
La cohabitation avec les colons est un leurre dés lors qu'il se fait chasser de ses terres avec son père, alias Slimane Benaissa et Ludia Larini dans le rôle de sa mère dans le film. C'est un enfant éclairé. Bachir Derrais le fait vivre au sein d'une famille chaleureuse, aux côtés de son frère et soeur. Petit, Larbi ben M'hidi est un bon cavalier, un enfant pas comme les autres. Il tient un discours nationaliste étonnant. Un enfant mature qui veut se battre pour l'indépendance de son pays. De Biskra, où il atterrit avec sa famille, turbulent, on l'envoie chez son oncle, à Batna, croit -on pour le calmer. Sa détermination et sa foi pour l'indépendance n'en seront jamais ébranlées, bien au contraire.
15 ans plus tard, il est comédien de théâtre au franc-parler avéré. Il tombe amoureux d'une jeune fille à qui il promet le mariage le jour de l'indépendance...Son frère alias Nasredine Djoudi obtient son diplôme. Larbi Ben M'hidi veut envoyer son frère compléter ses études à Tunis, lui qui n'a que le certificat d'études.
Opération libérer l'Algérie!
Son objectif à lui: défendre l'Algérie, se battre pour son pays jusqu'à ce que mort s'ensuive. Son ami alias Nadjib Oulebsir n'est autre que Mohamed Belouizdad. Arrivent les évènements du 8 mai 1945 où il sort manifester avec ses amis, notamment Brahim Chergui, campé par Youssef Sehairi. Ils sont arrêtés. 15 jours plus tard ils sortent de prison. Lors d'une rencontre de l'UDMA, qui prône l'assimilation, Larbi Ben M'hidi outré et surtout énervé, monte au créneau. Il crie sa rage pour une Algérie algérienne et plurielle par sa culture.
«N'allez pas voter. Vive l'Algérie libre et indépendante!»
cnande t-il. Lui et ses amis se font tabassés à la sortie. Arrivent les réunions clandestines où l'on fera connaissance notamment avec Mohamed Boudiaf (Samir El Hakim) Mustapha Benboulaid
(Mourad Oudjit), Zirout Youcef (Feroudji Mabrouk), Didouche Mourad (Fethi Nouri), Rabah Bitat (Tarek Hafid), et puis la formation du Groupe des 22 et la création du Front de Libération nationale «FLN».... On fera conaissance également avec Krim Belkacem (Idir Benaibouche), mais aussi avec Aouamane (Mbarek menad), le stratège intellectuel Abane Ramdane alias Nidhal Mellouhi, Benyoucef Benkhedda alias Mohamed Frimehdi. Arrivent les conflits internes et le congrès de la Soummam... les poses de bombes au Milk-bar notamment, l'arrivée de Zohra Drif campée par Meriem Medjkane. Les femmes ont aussi un rôle à jouer dans cette guerre, note le film...Hélas Larbi Ben M'hidi est arrêté chez lui en 1957 et traîné en prison Il sera pendu sur ordre du commandant Aussaresses... Il ne lira jamais la lettre qui lui a été destinée et envoyée par ses compagnons d'armes...Des faits connus par tous. Bref, Un film sincère qui retrace les faits avec exactitude....Un film véritablement choral ou «Un seul héros est le peuple»!
Un seul héros, le peuple Petit rappel des faits: En 2018 le film est censé sortir en Algérie. Les signatures avec les distributeurs sont en cours. Mais, coup de théâtre le réalisateur reçoit un courrier l'invitant à revoir sa copie. Beaucoup de réserves sont émises quant au contenu du film et ce par la comission de visionnage affiliée au ministère des Moudjahidine. Bachir Derrais contrairement à d'autres cinéastes n'obtiendra jusqu'à présent jamais son visa d'exploitation pour faire sortir son film en Algérie.. Rappelant que Ben M'hidi n'est pas un film de guerre, mais est beaucoup plus basé sur les rapports humains qu'entretenaient les moujahidine entre eux. Des rapports parfois houleux conflictuels les opposaient, mais ils étaient tous mùs par cette belle et constante conviction à savoir la défense d'un idéal celui de l'indépendance de l'Algérie.
C'est ce que reclamera et criera haut et fort Larbi Ben M'hidi tout au long du film. D'ailleurs, les propos dits par Larbi Ben M'hidi, grandiose Khaled Benaissa dans ce rôle, sont la majorité connus et ont été rapportés fidèlement dans le film. Les scènes de son arrestation ainsi que sa rencontre avec le général Bigeard et puis le commandant Aussaresses ses qui ordonnera son exécution sont là. Une scène qui ne laissera personne insensible est sa fin tragique... D'ailleurs, l'on verra bien Larbi Ben M' hidi horriblement torturé pour qu'il parle. En vain!
Un film humain et politique
«Faire un film politique est un choix de mise en scène pour lequel j'ai dès le départ» avait déclaré à maintes reprises le réalisateur. Un choix très intéressant qui nous invite pour la première fois dans l'histoire du cinéma algérien à découvrir des chefs révolutionnaires comme des êtres humains qui doutent, fragiles par leur incertitude mais forts par leur foi inébranlable quant à l'histoire en marche... Le réalisateur nous invite un peu dans les coulisses de cette guerre où comment les décisions politiques se prennent. Des opérations qui surtout ne se prennent pas à la légère. Où et comment? Dans l'urgence et l'obligation surtout de ne jamais se tromper car l'on ne peut revenir en arrière. Des hommes au caractère trempé, parfois à la tête dure mais qui ont su mener la bataille jusqu'à l'indépendance sans jamais fléchir. Ainsi nous sommes accaparés par l'image de ces comédiens qui crèvent l'écran, dans une joute oratoire soigneusement étudiée. L'histoire est à notre portée. Qui a dit que les guerres se faisaient dans le calme et la sérennité? Si Larbi Ben M'hidi haussera le ton contre ceux restés à l'étranger, notamment Ahmed Ben Bella, representant du FLN au Caire, c'est parce qu'il voulait à tout prix rapporter des armes pour que les moudjahidine puissent mener la guerre au maquis. Labi Ben M'hidi est ainsi présenté comme un homme de droiture, d'un courage exemplaire et dont les cours de théâtre vont lui servir plus tard pour dessiner un profil d'homme au charisme certain. Plus qu'un chef de Révolution, ce sera un artiste qui menera son combat avec art et une discipline de fer! Ben M'hidi est montré comme un responsable important de l'OS
(l'Organsation spéciale), il fait partie des six chefs historiques ayant créé le FLN, en 1954, chef de la Wilaya V,historique il a présidé le congrés de la Soummam mais aussi le patron de la Zone autonomne d'Alger. Cependant, ce sont ces tensions entre les membres du FLN qui sont remises en cause par le ministère des moudjahidine.
A cela Bachir Derrais qui se dit défenseur de la liberté d'expression, estime avoir fait assez de recherche pour ne pas modifier le film, arguant que tout ce qu'on voit dans l'oeuvre est basé sur des récits et témoignages de chefs de la révolution eux-mêmes. Aussi, nous fait-il savoir, le film a été validé par feu la Moudjahida Annie Steiner, ainsi que le défunt historien Abdelmadjid Merdaci estimant: «Il a affirmé sur une chaîne télé même que ce que dit le film est conforme à la vérité historique». Las, le réalisateur qui, ces dernières années n'a de cesse de déposer des recours pour que son film voie le jour Dans un courrier adressé récemment par Bachir Derrais au ministre des Moudjahidine, il admet avoir accepté d'apporter quelques corrections à des séquences liées à l'Histoire mais informe que la commission de visionnage a dépassé ses limites en s'immiscant dans l'aspect technique et artistique du film. «Le scénario et l'aspect technique sont réservés exclusivement au réalisateur» écrit il. Et d'ajouter: «Je réitère pour la troisième fois ma proposition qui est la suivante et la même: «De nouveaux coproducteurs européens sont prêts à racheter la totalité de vos parts et à rembourser toutes les sommes que la production de ce film a perçues entre 2014 et 2016...» Rappelons que le film est une coproduction par le ministère de la Culture, celui des Moudjahidine et la Source, la boite de production de Bachir Derrais.
Vérité historique pour quelle issue?
Un imbroglio des plus kafkaïens qui n'arrive pourtant pas à trouver une issue au moins à l'amiable, pour un film qui pourtant glorifie de nombreux héros de la révolution, même si certains sont bousculés. Un rapport de force qui bien au contraire sert le puissant dynamisme de ces héros qui se sont vraiment disputés au propre et au figuré pour voir un jour leur pays libre et indépendant et ainsi pouvoir le diriger comme bon leur semble et non pas au bon vouloir d'une administration coloniale qui continuait à traiter les Algériens comme des sous-hommes. S'il ne donne pas à voir des scènes de guerre, le film pousse en tout cas à réfléchir en abordant notamment moult questions telles que la primauté du politique sur le militaire, le sens de la loyauté et le sacrifice pour ses idéaux et l'amour de sa patrie...
Un film vrai qui dévoile le caractère bien trempé de l'algérien, de ces Algériens qui ont risqué leur vie pour sauver celle de millions d'autres et ainsi arriver à cette fin inéluctable, l'indépendance de l'Algérie. Aussi, cette phrase de Larbi Ben M'hidi balancée à la face du général Bigeard (Patrick Delizola): « Vous êtes le passé, nous somme l'avenir» continuera à résonner dans l'esprit du spectateur qui verra le film. Glaçante sentence.
La messe est dite. Une scène qui donne des frissons. Aussi, rien que par cette séquence, le film de Bachir Derrais, fort émouvant, mérite d'être salué et surtout d'être vu!

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