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OLÉICULTURE À BOUIRA

Une activité ancestrale menacée de disparition

Le temps et ses lois ont poussé tout le monde à moderniser les installations pour une meilleure rentabilité.

Trois facteurs essentiels sont à l'origine de la faiblesse de la production oléicole: le caractère traditionnel de la production, les aléas naturels et l'inexistence de circuits de commercialisation.
La filière concentrée en grande partie dans la région Est de la wilaya, plus précisément dans la daïra de M'chedallah, continue et cela, depuis des lustres, à rester un legs familial et une entreprise qui s'hérite de père en fils. Parce que l'olivier ne nourrit pas, il est de plus en plus délaissé.
La cherté de la vie a poussé les jeunes à aller vers des professions plus rentables lucratives et seuls les anciens continuent à s'occuper des arbres.
L'ouverture de l'école et sa démocratisation a sensiblement réduit la main-d'oeuvre.
L'olivier n'est plus irrigué, élagué comme jadis. Sa survie n'est due qu'à son caractère rustique et robuste mais sa production perd de sa qualité. Réputée huile fine au taux d'acidité inférieur à 1%, la production de M'chedallah, Chorfa tend à se banaliser et n'est plus distinguée des huiles des autres régions du pays.
Par le passé les paysans recouraient à la construction de retenue d'eau sur les rivières et par des actions de volontariat, creusaient des canalisations pour amener l'eau jusqu'aux troncs des arbres. «Pour une bonne production mais aussi une bonne qualité de l'huile, l'olivier doit être irrigué juste après l'hiver quand il fleurit», nous dira un propriétaire d'une huilerie.
La récolte qui reste manuelle et traditionnelle influe sur l'avenir de l'arbre. Parce que les troncs sont immenses et les oliviers millénaires aucune mécanisation n'est possible. L'échelle, le filet et le bâton sont les seuls outils encore utilisés.
La création d'une filière professionnelle de l'oléiculture subventionnée sur fonds publics et avec une participation de 9 millions de DA consentie par l'Union européenne a vite tourné en dérision devant les intérêts partisans et individuels.
L'association composée de 14 membres issus des quatre coins de la wilaya, s'est confinée dans des réunions à qui prendra le maximum. «Les bénéficiaires des aides, aux terres et aux plants sont des gens externes à la profession», nous a déclaré un responsable syndical autonome. C'est dans ce cadre qu'une coopérative aurait été créée sur les hauteurs de Dirah où l'oliveraie est vite devenue un terrain vague.
Les huileries dans la région Est de la wilaya, sont identifiées par les noms de famille des propriétaires. Ainsi, il y a celles d'Ath Bouhou, d'Ath Oussalah dans la commune de Chorfa, d'Ath Rahal, d'Ath Saoudi, un peu plus à l'ouest... pour ne citer que ces quatre grandes familles versées dans la production de l'huile depuis plusieurs générations. Le temps et ses lois ont poussé tout le monde à moderniser les installations. Comme pour prendre le temps à témoin, certains ont laissé les anciens pressoirs en leur état et servent de décors et représentent un pan de l'histoire de toute la région. Pour tenter de comprendre pourquoi la filière reste une activité en proie à des intentions de riches et menacée de disparition, nous avons rencontré un propriétaire qui s'occupe avec ses frères de l'huilerie familiale. Il a exigé de nous l'anonymat. A la question de savoir pourquoi cette inertie dans un secteur aussi important, notre interlocuteur répondra: «La filière est concentrée dans trois régions du pays. Ces régions sont connues pour leur refus du fait accompli et sont qualifiées de régions frondeuses.
Les programmes de développement agricole ne sont pas répartis équitablement.
Les aides, quand elles existent, vont dans tous les sens sans arriver à ceux qui les méritent. Les magnats de l'huile aussi entravent l'amélioration de la production surtout qu'une huile de qualité et en quantité à un coût raisonnable, peut devenir un concurrent sérieux aux huiles industrielles et peut casser le monopole national de certains sur un produit de base...» Le second facteur est naturel. L'olivier produit une année sur deux. «Seul un entretien intensif et des conditions climatiques idéales peuvent inverser cette nature» nous confie Ami Omar qui ajoute: «Il faut un hiver doux, un printemps pluvieux sans vent et un été sans canicule pour permettre à l'olivier de produire deux années de suite». Ces conditions relèvent de l'utopie en ces temps de dérèglements climatiques causés en partie par le réchauffement de la planète. «L'année passée nous avons produit 2700 litres d'huile d'olive. Cette année, sur l'ensemble de notre propriété seule une dizaine d'oliviers ont donné le grain...». Cette affirmation d'un paysan de la région de Chorfa résume la situation de l'oléiculture cette année. Les rapports de la DSA, présentés à l'occasion de la dernière visite du ministre il y a une année, parlaient de 367.092 quintaux qui ont donné plus de 6 millions de litres avec une moyenne de 18 litres le quintal. Les chiffres de cette année sont à la baisse.
Le facteur frein au développement de la filière reste l'inexistence de circuits organisés pour la commercialisation. Ainsi, pour l'année 2005, les producteurs ont eu la possibilité de vendre leurs produits aux Tunisiens.
L'olive «Achemlal» a étonné nos voisins par la qualité de son huile et ils ont raflé toutes les productions. Il n'est pas rare d'acheter une huile de M'chedallah sur les étals de Tunis, de Gabès ou de Hammamet en la payant au prix fort quand chez nous on dit qu'elle est trop chère. Voyant des signes d'amertume et de découragement sur le visage de notre interlocuteur, nous avons essayé de comprendre son argumentaire. «L'argument qui confirme mes dires et mes appréhensions reste la décision des pouvoirs publics d'effacer les dettes à l'ensemble des filières mais a exclu l'oléiculture. Cette filière travaille une saison sur l'année et s'il y a une corporation qui nécessite des aides, c'est bien la nôtre. Les responsables, eux, voient les choses différemment. Cette manière n'est pas propre à notre filière. Voyez ce qui se passe avec les dattes Deglet Nour. Elles vont dans les pays voisins à dos de mulet. C'est la même chose pour l'huile d'olive, la vraie, la pure. Notre filière est victime des intentions de certains gros riches qui veulent l'accaparer. Notre combat est dur mais nous ne nous laisserons pas faire.»

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