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Feu sur la caricature de l'islamo-gauchisme

Dans une France traumatisée par les attentats terroristes, la rengaine de l'islamo-gauchisme est de nouveau sur la scène politico-médiatique. L'Assemblée nationale votait, récemment, une loi contre le «séparatisme islamiste», voulue par le président Macron, mais jugée liberticide par des ONG et les communautés musulmanes. Le slogan, vingt ans après avoir été lancé par le sociologue Pierre-André Taguieff, qui voulait «signaler des formes de dérives d'une gauche très pro-palestinienne vers l'antisémitisme», porte les calculs de l'extrême droite qui, depuis des décennies, vise les communautés musulmanes. Dans cette atmosphère enfiévrée à laquelle le Covid-19 ajoute ses variants, naît la polémique, suite à une déclaration de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Frédérique Vidal, sur une chaîne télévisée. Alors que le monde estudiantin se débat dans la crise du Covid, lui reprochant d'ignorer sa détresse et de réagir trop tard, elle ajoute de l'huile sur le feu, affirmant que «l'islamo-gauchisme gangrène la société, dans son ensemble, et l'université n'est pas imperméable». Il n'en fallait pas plus pour déclencher la colère. Elle a, en outre, dévoilé sa demande au CNRS de lui fournir «un bilan de l'ensemble des recherches», depuis 2000, séparant les thèmes académiques de ceux du «militantisme». Tollé chez les chercheurs et les universitaires, dont plus de 600 ont exigé sa démission, dans une tribune publiée par Le Monde. Selon eux, il s'agit d'une volonté de «faire planer la menace d'une répression intellectuelle». Face à la «stupeur» des présidents d'université et à cette tribune, lourde de conséquences, le président Macron a réagi prudemment, affirmant que sa «priorité» est d' «apporter un soutien financier aux étudiants en difficultés», en temps de Covid, et qu'il affiche «un attachement absolu à l'indépendance des enseignants-chercheurs». Le CNRS a indiqué, pour sa part, que l'islamo-gauchisme ne correspond à «aucune réalité scientifique» et la Conférence des présidents d'université (CPU) a, même, ironisé: «si le gouvernement a besoin d'analyses, de contradictions, de discours scientifiques étayés, pour l'aider à sortir des représentations caricaturales et des arguments de café du commerce, les universités se tiennent à sa disposition». Cette ambiance rappelle l'épisode Alain Devaquet, en 1986. Elle montre, surtout, que la France vit dans l'angoisse d'une extrême droite aux portes du pouvoir. En se prenant les pieds dans le tapis d'un discours «propre» au Rassemblement national, des ministres risquent de se découvrir en marche...à reculons.

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